« Le MCA est privé de l'apport de ses fidèles enfants »

Il est le seul joueur à avoir remporté cinq titres de champion et quatre coupes d'Algérie sous le maillot de son club de toujours, le MCA. L'ancien défenseur central, Abdelwahab Zenir, bien qu'il ait décidé de ne plus s'adresser à la presse, a fini par céder aimablement à notre insistance en acceptant de débattre sur la situation actuelle de son club de c?ur (entretien réalisé vendredi dernier).A chaque crise du MCA, votre nom est souvent cité pour venir à la rescousse. Zenir est-il ce véritable pompier du doyen des clubs algériens 'Le MCA que j'ai rejoint en 1963 est une partie de ma vie. Modestement et à l'instar de tous ceux qui tant donné à ce grand club, je dirai qu'après avoir pris ma retraite de joueur en 1983, j'étais intervenu durant la saison 1984-85 pour dire que des choses n'allaient pas bien au sein du club, on n'avait pas voulu m'écouter. Résultat, le Mouloudia avait rétrogradé lors de la même saison. Je me rappelle avoir fait trois passages au MCA après ma carrière de footballeur et, à chaque fois, c'était une mission casse-cou, à savoir sauver le club du purgatoire.En dépit des moyens mis à la disposition du club par la Sonatrach, le MCA est lanterne rouge du championnat de Ligue 1 et est aussi éliminé de la coupe d'Algérie. Des résultats qui interpellent tout amoureux du Mouloudia. Selon vous, qu'est-ce qui a provoqué cette situation de marasme 'Quand les choses vont mal au Mouloudia, il est de notre devoir nous, anciens joueurs, dirigeants et supporters, de nous manifester sans pour autant s'attaquer à X ou Y. Sans parler des sollicitations des représentants de la presse, des personnes m'interpellent dans la rue pour m'évoquer la situation du Mouloudia. Cela m'honore pour la simple raison qu'ils savent que Zenir ne veut que du bien à ce club mais me désole en même temps car j'aurais aimé qu'on discute du MCA quand il est au sommet. Mais les années se suivent et se ressemblent au Mouloudia. A l'intersaison, quand la direction avait ramené Boualem Charef, qui est un bon entraîneur, j'étais d'accord. Alors que je me trouvais à l'étranger, on m'informe que 15 joueurs de l'effectif de la saison écoulée ont été libérés. Sincèrement, sans vouloir dénigrer Charef, j'avais émis des réserves quant à la réussite de l'équipe. J'ai prédit ce parcours avant même le début de la saison et les entretiens accordés dans ce sens à la presse, dont une chaîne de télévision spécialisée, attestent mes prédictions. Les changements opérés à la tête de la direction du club, au sein du staff technique et dans l'effectif nous renseignent sur l'instabilité qui caractérise le club. Cette fausse stratégie a conduit l'équipe aux mauvais résultats d'où la situation catastrophique de l'équipe aujourd'hui. Le fait de marginaliser les enfants du club en refusant de les écouter, d'avoir leur avis et mettre à profit leur vécu footballistique, j'estime que des responsables du club ont failli dans leur démarche. Aujourd'hui, le MCA est privé de l'apport de ses fidèles enfants.D'après vous, où se situe le problème 'Les problèmes sont multiples. Lorsque la Sonatrach a décidé de reprendre le MCA, je me suis dit : « Enfin, je peux mourir tranquille. Le MCA est désormais entre de bonnes mains. » Mais, malheureusement, ce n'est toujours pas le cas aujourd'hui. On parle de moyens colossaux mais le Mouloudia est toujours SDF ! C'est vrai que le club a recruté pratiquement les meilleurs joueurs qui se sont affirmés dans leurs précédentes équipes mais lorsqu'on voit leur rendement, j'estime qu'il y a beaucoup de choses à revoir dans ce sens.Le mauvais parcours du MCA a provoqué, à maintes reprises, la montée au créneau des supporters. Cautionnez-vous cette façon de faire 'Les supporters ont le droit de contester les mauvais résultats de leur équipe Néanmoins, il ne faut pas que cela sorte du cadre purement sportif. J'insinue par là l'esprit sportif et le fair-play comme nous l'ont inculqué nos anciens dirigeants. Il est vrai que l'absence d'un cercle, voire d'un lieu où la famille mouloudéenne (dirigeants, joueurs, enfants du club et supporters) puisse se réunir pour communiquer et créer cette communion qui fait la force du club, a créé une brèche pour certains perturbateurs de semer la zizanie. Je suis contre le fait d'exprimer sa colère par la force. Je suis contre la violence dans toutes ses formes. Mais quand un club dispose de deux comités de supporters, la situation devient moins maîtrisable d'où certaines dérives.Dans pratiquement tous les grands clubs du monde, on trouve certains de leurs enfants impliqués dans la vie du club, ce qui n'est malheureusement pas le cas chez nous, notamment au MCA. Selon vous, quelles sont les raisons 'Vous savez, quand vous usez d'un franc-parler, vous finissez toujours par déranger certaines personnes. On a beau avoir un support financier et des gestionnaires mais sans l'apport de certains anciens joueurs, qui constituent eux aussi une richesse et un patrimoine inestimables, le Mouloudia risque de connaître d'autres mésaventures que je ne lui souhaite pas d'ailleurs.Malgré toute cette frustration que vous affichez et cette ingratitude dont vous êtes victime de la part de certains, êtes-vous toujours disposé à aider le Mouloudia en cas de sollicitation 'Je n'ai jamais tourné le dos au Mouloudia. Dieu seul sait combien je me suis sacrifié pour ce club sans reconnaissance aucune. Durant toute ma présence au MCA, j'ai toujours privilégié l'intérêt du club avant le mien. J'ai toujours assumé mes responsabilités sans aucune contrepartie. Voilà comment on récompense les enfants du club ! Toutefois, comme je l'ai promis à un des grands hommes qui ont fait l'histoire du MCA, le regretté Braham Derriche, je reste disposé à aider mon club de c?ur jusqu'à la fin de mes jours.