Algérie

LE MAUVAIS MATCH



L'article 27 du code disciplinaire de la FAF prévoit que "si des joueurs, des dirigeants de clubs et des supporters font preuve de quelque façon que ce soit d'un comportement discriminatoire ou raciste, le club et les personnes incriminées encourent des sanctions sévères".La 24e journée du championnat national de Ligue 1, qui s'est déroulée dimanche, a été émaillée de graves incidents à Béchar et à Aïn M'lila, où des insultes à caractère raciste ont été proférées contre les joueurs. En effet, le club du NC Magra a révélé sur sa page facebook hier que son attaquant Boubacar Haïnikoye Soumaïna a été victime d'insultes racistes durant la rencontre JS Saoura-NC Magra (1-0).
"Nous dénonçons avec véhémence ces actes ignobles et apportons notre soutien au joueur Soumaïna", souligne le NC Magra. Prêté par le CRB au NC Magra durant cette saison, le joueur nigérien s'est plaint de traitements racistes. "Nous condamnons ces actes abjects qui n'ont rien à voir avec la culture des Algériens et affirmons notre soutien total et indéfectible à Soumaïna", a dénoncé également son club d'origine, le CRB, sur son site officiel.
De son côté, l'intéresse a souligné sur sa page Facebook : "À tous ces supporteurs qui s'en sont pris à moi pour ma couleur de peau lors du match de ce soir contre la JS Saoura, je leur dis merci d'être une motivation supplémentaire pour moi. Eh oui ! Je suis Noir et j'en suis fier.
Depuis que je suis dans ce beau pays, c'est la première fois que je vis des propos racistes, pourtant du CRB à NCM j'ai fait tous les stades, j'ai rencontré des belles personnes, merci pour l'amour et le soutien à chaque fois.
Le racisme n'a pas sa place dans nos stades. Je remercie mes coéquipiers et toutes les personnes présentes au stade qui m'ont apporté leur soutien. Vive NC Magra."
Ces comportements déplorables émanent cependant d'une minorité, sachant que la rencontre a eu lieu à huis clos. Les mêmes scènes désolantes ont été signalées à Aïn M'lila lors du match ASAM-JSK (1-1). Les joueurs kabyles ont été traités de tous les noms d'oiseau à caractère raciste qu'il serait impossible de les retranscrire dans ces colonnes. Ce n'est pas la première fois que le stade d'Aïn M'lila connaît des incidents pareils.
La saison dernière, le président de la JSK, Cherif Mellal, à l'issue de la rencontre de Coupe d'Algérie qui a opposé les deux équipes, avait martelé : "À Aïn M'lila, nos supporters n'ont pas été bien traités par les locaux. Je condamne fermement les actes de racisme proférés par les supporters de l'ASAM. C'est malheureux d'en arriver là dans un même pays."
L'article 27 du code disciplinaire de la FAF prévoit : "Si des joueurs, des dirigeants de clubs et des supporters font preuve de quelque façon que ce soit d'un comportement discriminatoire ou raciste, le club et les personnes incriminées encourent les sanctions suivantes : 1re infraction : défalcation de trois (03) points ; 2e infraction : défalcation de six (06) points ;
3e infraction : relégation en division inférieure.
Pour les matchs où aucun point n'est attribué (matchs de coupe, de barrage et d'appui), l'équipe du club concerné sera disqualifiée." Reste à savoir si les arbitres et les délégués de match des deux rencontres JSS-NCM et ASAM-JSK ont mentionné ces faits gravissimes dans leurs rapports respectifs. Sans ces rapports, la commission de discipline ne peut pas agir pour sanctionner les clubs et les galeries fautives.
En attendant, la FAF a pris les devants à travers un communiqué publié sur son site officiel. "En ouverture des travaux de la réunion mensuelle statutaire du bureau fédéral, ce lundi 31 mai 2021, le président de la Fédération algérienne de football, M. Amara Charaf-Eddine, a tenu à dénoncer les actes racistes abjects dont a fait l'objet le joueur du NC Magra, le Nigérien Boubacar Haïnikoye Soumaïna, en raison de son origine subsaharienne et de la couleur de sa peau.
En réponse à ces graves dépassements, condamnés vigoureusement, le président de la FAF a tenu à rendre public ce communiqué : On ne le soulignera jamais assez, l'infamie et la bêtise humaine n'ont pas de limites ! Tous les prétextes sont donc bons pour que des racistes algériens donnent libre cours à l'ignominie.
Le football leur sert d'alibi commode et de terrain de prédilection. Le ballon est alors le révélateur de la bête immonde qui sommeille chez nombre d'entre eux. Il est même chez certains le marqueur de la stigmatisation, de la discrimination, de la xénophobie, de la ségrégation ethnique et de l'ethnocentrisme.
On en a eu malheureusement une nouvelle illustration à l'occasion du match de football de Ligue 1 JS Saoura-NC Magra. Des racistes abjects s'en sont alors pris au joueur nigérien Boubacar Haïnikoye Soumaïna en raison de son origine subsaharienne et de la couleur de sa peau. Certes, la victime de cet acte de racisme nauséabond souligne elle-même que c'est la première fois qu'elle vit des propos racistes et que durant sa carrière sportive en Algérie, du CRB à NC Magra, le footballeur a fait tous les stades et rencontré de belles personnes qui lui ont témoigné amour et soutien à chaque fois.
Mais cette nouvelle expression de l'abomination raciste autour d'une aire de jeu est une manifestation ségrégationniste de trop, car, comme le dit Boubacar Haïnikoye Soumaïna, exemple d'éducation et de sérieux par excellence, le racisme n'a pas sa place dans notre football. Ancien premier dirigeant du CRB et président de la Fédération algérienne de football, je suis profondément indigné par ce nouveau fait raciste dans un stade et le condamne de manière claire et avec une extrême vigueur.
Si le phénomène du racisme et de la xénophobie est une réalité chez nous et s'exprime notamment sur le terrain du football, il est cependant contraire aux traditions de l'Algérie, terre d'accueil ancestrale, de fraternité, d'altruisme et de solidarité. L'expression du rejet de l'Autre est absolument insupportable. Il faut que des voix vigoureuses et nombreuses s'élèvent avec force dans le pays pour dénoncer toutes les manifestations de l'abjection raciste.
Une loi criminalisant toute forme de racisme et tout discours de la haine a été fort heureusement promulguée au mois d'avril dernier. On la doit à la volonté du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a notamment insisté sur la mise en place d'un 'Observatoire national de la prévention de la discrimination et du discours de la haine', une institution nationale sous son haut patronage.
Président de la FAF, j'appelle solennellement les pouvoirs publics à appliquer, avec la célérité et la rigueur nécessaires, les dispositions de cette loi relatives à toutes les manifestations de racisme et de haine dans les stades.
Parallèlement à cette action de la force publique en faveur de l'application de la loi ad hoc, la FAF mènera des actions de sensibilisation et de prévention contre le racisme, la xénophobie et la haine à travers les stades de football dans tout le pays. Non au racisme, faisons tous barrage à la haine et à la discrimination", souligne la FAF.

SAMIR LAMARI


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