«Quelle est la
faute ? Je n'ai pas compris…», a demandé l'ambassadeur américain à Alger
lorsque le premier but de l'équipe de son pays a été annulé par l'arbitre.
Ecrivez que le
personnel algérien chargé de la sécurité à l'ambassade des Etats-Unis soutient
l'équipe nationale», nous a demandé une jeune femme relevant de ces services,
quelque peu nerveuse à quelque minutes du début du match Algérie-USA comptant
pour la troisième journée du groupe C du Mondial 2010 qui se déroule en Afrique
du Sud. Les Américains ont tenu à regarder la rencontre avec quelques
Algériens, notamment des journalistes avec en plus les agents de sécurité de
l'ambassade qui sont pratiquement tous algériens. C'est dans une atmosphère
détendue et très conviviale qu'ils se sont tous retrouvés dans une salle où des
chaises ont été placées de sorte à ce que tous peuvent bien suivre le match à
travers un plasma branché sur la chaîne terrestre algérienne. Mais avant que
tout le monde ne prenne place, des journalistes algériens jouaient au billard,
histoire de se libérer quelque peu du stress qui a envahi les esprits. Il faut
reconnaître que, d'un côté comme d'un autre, les nerfs étaient à fleur de peau.
Certains des invités se bourraient aux petits gâteaux secs, au café, prenaient
des rafraîchissants pour ne pas laisser la température prendre de la hauteur en
ces temps où la nervosité était devenue une seconde nature pour les plus
sereins d'entre eux. «Vous allez regarder le match sur l'ENTV ? demandons-nous
à la chargée de la communication de l'ambassade des Etats-Unis. «Oui, tous les
Américains ici comprennent la langue arabe», nous rassure-t-elle. «J'aimerai
bien sûr que l'équipe américaine gagne, mais nous avons beaucoup d'amis
algériens, ça ne me dérangerait pas si l'équipe algérienne gagne», nous a
déclaré David Pearce, l'ambassadeur américain accrédité à Alger avant que
l'arbitre ne siffle le coup d'envoi de la rencontre Algérie-USA.
Hymne national américain. Silence dans la
salle sur fond de vuvuzelas sud-africains surgissant de l'écran comme un
bourdonnement de hannetons. Applaudissements des Américains à la fin de l'hymne
national. Hymne national algérien. Même topo. Les Algériens applaudissent. Un
«One, two, three, viva l'Algérie» se fait entendre dans la salle. Peut-être
pour se donner de l'assurance au début d'un match des plus décisifs pour
l'équipe algérienne.
Premier tir de Matmour. «Ho !», lance la
salle du côté algérien, bien sûr. «Houra !», renchérit-on. Carton jaune pour
Yebda. «Maâlich», se persuade un journaliste. La caméra prend de face
l'ex-président américain Bill Clinton. Applaudissements des Américains. Il est
15h 30. Les deux équipes jouent toujours la première mi-temps. «Il y a beaucoup
de tirs», nous dit l'ambassadeur qui semble s'impatienter parce que les
Américains n'ont toujours pas marqué. Shoot ! Premier but américain. «Les
diplomates crient, applaudissent, sautent de leur chaise. Fausse alerte.
L'arbitre décide de l'annuler. «Quelle est la faute ? Je n'ai pas compris…», nous
demande l'ambassadeur. «C'est un hors-jeu», lui avions-nous répondu. Le
diplomate ne semblait pas convaincu. Pour les connaisseurs, le but en a été
bien un mais la décision de l'arbitre est irrévocable. Les Algériens peuvent
encore souffler quelque peu et reprendre leur courage pour essayer de marquer.
«One, two, three, viva l'Algérie» retentit encore une fois dans la salle. Les
Algériens étaient bien sûr plus bruyants que les Américains.
Fin de la première mi-temps. Certains
accourent vers la table où étaient déposés les gâteaux et les boissons.
D'autres préfèrent sortir de la salle pour sentir l'air ou griller une
cigarette. Plus qu'une mi-temps. Plus que quarante-cinq minutes. L'on devient
tous des paquets de nerfs. La chaîne terrestre algérienne envoie le Adhane
(muezzin) à un moment où les yeux étaient rivés sur l'écran et surtout sur les
pieds de ces joueurs algériens qui n'ont pas marqué ou qui ne savent pas
marquer. Une diplomate américaine se lève et change de chaîne. Elle remet «ça»
sur une des chaînes américaines. Tous avaient peur que le temps d'un Adhane,
l'une ou l'autre équipe marque. But américain. Les diplomates crient, jubilent
de joie. «Hourra !» scandent-ils en chÅ“ur. «One, two, three, viva l'Algérie !»,
a crié un invité algérien qui pensait ainsi «ne pas être de mauvais perdants».
Trop tard. Le moral des Algériens est bien bas même s'ils ont continué de
sourire. «Bien sûr que je suis content», a affirmé l'ambassadeur américain à la
fin du match. Il pense que «ça pouvait être possible pour l'une ou l'autre
équipe de gagner», parce que, a-t-il dit, «les Algériens ont très bien joué».
«J'espère qu'on se rencontrera en 2014», souhaite Pearce. «Pensez-vous que les
Américains puissent gagner la Coupe du monde ?», demandons-nous à l'ambassadeur.
«Ya Rit !», nous répond-il en arabe. En montant vers l'ambassade des
Etats-Unis, un ancien responsable algérien nous a lancé, inquiet: «Dieu !
Faites que nous gagnons ce match contre les Américains. Eux ils ont tout, au
moins qu'on ait contre eux cette victoire, ça nous consolera…»
«L'équipe algérienne a joué avec honneur
durant tout le championnat, elle méritait de gagner», dit l'ambassadeur
américain avec un large sourire qui illuminait son visage. La prière de
l'ancien responsable algérien ne sera pas entendue. Peine perdue. Trop tard.
Plus rien à faire.
Ainsi s'achève le
rêve pour le 11 algérien. Celui de toute une Nation. A 2014. Pour ceux qui
auront la vie longue.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 24/06/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com