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'Le martyre des sept moines de Tibhirine" a été diffusé jeudi soir sur France 3 Le GIA seul coupable



'Le martyre des sept moines de Tibhirine
Un documentaire, diffusé jeudi soir par la chaîne française France 3, a apporté les preuves irréfutables que ce sont bien les terroristes du Groupe islamique armé (GIA) qui ont assassiné, le 21 mai 1996, les sept moines de Tibhirine (Médéa), enlevés au milieu de la nuit, deux mois auparavant au monastère de Notre-Dame de l'Atlas, au c'ur d'une Algérie déchirée par le terrorisme. D'une durée de 62 mn, le documentaire, intitulé 'Le martyre des sept moines de Tibhirine", réalisé par les journalistes Malik Aït Aoudia et Séverine Labat, est venu rétablir enfin une vérité longtemps tronquée par des conclusions tendancieuses, dédouanant les terroristes et imputant l'assassinat à 'une bavure" des forces de sécurité algériennes.
Construit sur des témoignages exclusifs et des aveux saisissant de cruauté des auteurs directs de cette tragédie, ce documentaire met face à la caméra des terroristes du GIA et des Algériens qui ont survécu au drame. Mohamed Benali, gardien du monastère Notre-Dame de l'Atlas, qui réussit à s'échapper, s'étonne encore d'être vivant. Il est témoin direct de l'enlèvement et le premier à apporter son témoignage devant la caméra et faire, avec émotion, le récit de cette nuit du 26 au 27 mars 1996, où les sept moines ont été enlevés par des membres du GIA. Les terroristes demandent s'il y a sept ou huit moines dans le monastère.
Alors qu'il sait qu'il y a neuf moines et les quinze religieux invités, le gardien prend le risque de répondre qu'ils ne sont que sept. 'Cette nuit-là, ils sont entrés avec leur chef qui voulait parler à Frère Christian, le prieur des moines. Il portait une barbe rousse et des lunettes." Ce chef, c'est le sanguinaire Abou Hareth, un des petits chefs du GIA. 'Ils ont surpris les moines qui dormaient. Ils n'ont même pas eu le temps de s'habiller correctement. Ils les ont sortis très vite et les ont emmenés", a-t-il témoigné. 'Quand j'ai senti que les terroristes ne prêtaient plus attention à moi, je me suis retourné et me suis sauvé dans le parc. J'ai couru et me suis caché dans un buisson d'où je n'ai pas bougé jusqu'au lever du jour", a-t-il ajouté. Dès qu'il fit jour, les moines survivants sont partis donner l'alerte aux autorités locales. 'Toutes les zones soupçonnées d'être des zones refuge ont été fouillées et Dieu sait qu'elles étaient immenses et il existait des endroits où on pouvait se cacher avec une facilité déconcertante", s'est souvenu le général Abderrezak Maïza du commandement des Forces terrestres.
Le documentaire précise que les premiers quadrillages ne donnent rien et que sans informations précises sur la zone de détention des moines, les ratissages de l'Armée algérienne se résumaient à chercher une aiguille dans une botte de foin. Omar Chikhi, un des membres fondateurs du GIA, l'air satisfait de lui-même et de la terreur que son groupe semait au sein de la population, raconte que le terroriste Djamel Zitouni lui disait que 'les geôliers n'avaient été influencés par les moines que lorsqu'ils les voyaient prier, ils déposaient leurs armes. Alors il changeait en permanence les geôliers". Hassan Hattab, qui a quitté le GIA pour fonder le non moins sanguinaire Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), trônant sur un fauteuil, et jouant aux objecteurs de conscience, laisse entendre que Djamel Zitouni, alors son rival dans la chefferie terroriste, l'avait appelé pour lui dire : 'Je t'informe que j'ai tué les moines ce matin. Je lui ai répondu : alors dans ce cas, on ne va pas pouvoir continuer à travailler ensemble. Tu as peur de tes hommes plus que de Dieu '"
Ils ont enterré les corps après les avoir décapités. Le témoignage d'Abou Mohamed, 'émir" du GIA, à Tablat, est tout aussi cruel et avancé avec un total détachement. 'Ils ont enterré les corps dans la montagne de Bouguerra, après les avoir décapités, car il n'était pas facile de prendre les corps en entier. Ils étaient trop lourds. Et moi j'ai emmené les têtes dans une voiture pour les jeter sur la route". Sous un arbre à l'entrée de Médéa, et c'est là que des automobilistes les ont découvertes. 'Celui qui tue les moines, il se rapproche de Dieu et tous avaient soif de meurtre. Il n'y en avait pas un qui ne voulait pas les égorger tous les sept." Tel est, par ailleurs, l'aveu de Laïd Chabou, fidèle lieutenant de Djamel Zitouni, démentant ainsi les propos de Hassan Hattab qui a prétendu avoir été contre l'assassinat des moines. Le documentaire révèle ainsi que Jean-Charles Marchiani, alors préfet du Var, s'était alors proposé au président Jacques Chirac, par le biais de Charles Pasqua, ministre de l'Intérieur, pour mener des tractations secrètes afin de libérer les moines.
La presse française dévoile, cependant, toute l'affaire et Alain Juppé, alors chef de la diplomatie française, qui n'a pas supporté 'l'intrusion de services parallèles dans les affaires de l'Etat", a ordonné qu'on mette fin à la mission Marchiani. Dans le témoignage qu'il apporte, celui-ci affirme avoir prévenu Paris qu''en interrompant tout, les moines seraient bientôt morts". Peu après, le terroriste Djamel Zitouni diffuse son communiqué n°44 où il déclare que 'le président français et le ministre des Affaires étrangères ont déclaré qu'ils ne dialogueraient pas et ne négocieraient pas avec le GIA. Ils ont tranché en stoppant tout ce qui a été entrepris. Nous avons alors tranché la tête de tous les moines".
R. N./APS
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