Algérie

Le martyre des 24 jeunes de Hassine


En ce 1er Novembre 2022, avec cette ambiance particulière imprégnée par la tenue du 31e Sommet arabe à Alger, l'histoire de ces jeunes Algériens tombés au champ d'honneur à la fleur de l'âge, revient encore dans les esprits de leurs familles et proches, ainsi que tous ceux qui les avaient connus et appréciés. C'est le cas des habitants de la petite commune de Hassine, ex- Dublineau dans la wilaya de Mascara, où se sont déroulés les faits héroïques que nous allons relater dans ces colonnes. Incrustée dans les monts Fergoug, dans une zone très escarpée, située à quelques encablures de Sig et du chef-lieu de wilaya de Mascara, et à mi-chemin de la commune de Mohammadia, ex- Perrégaux, Hassine, ex-Dublineaux du nom du sinistre maréchal français, couve des récits de hauts faits d'armes insoupçonnés et méconnus. Hassine, havre de paix et de tranquillité, a été le théâtre d'actes de bravoure et d'héroïsme de haute facture, qui ont été le fait d'enfants de cette localité enclavée au creux d'une région montagneuse difficile d'accès.Les habitants de cette localité se souviendront toujours de la bravoure et l'héroïsme de ces jeunes qui se sont rebellés contre l'occupant français. Parmi ces vingt-cinq jeunes martyrs, on citera l'histoire de ce jeune Algérien qui a été derrière l'enrôlement de ces 25 jeunes. À travers l'histoire de Mohammed Boumaâza, dit Si Meftah, ce sont les faits d'armes de ces jeunes 25 chahid morts atrocement pour la patrie, qui est relatée. L'histoire du jeune Boumaâza ne ressemble pas à celle de tous les chouhada de l'Algérie. Issue d'une famille aisée, feu Si Meftah avait réussi à escalader les marges du succès en affaires. ￾À 22 ans, il avait monté deux affaires commerciales, l'une à Mohammadia, l'autre à Hassine.
Deux magasins de tissus et de transistors et autres appareils électriques. Selon le témoignage de son frère, Naguib Boumaâza résidant à Oran, « Mohamed réussissait tout ce qu'il touchait. Il avait une Traction 15 au moment où même des Européens, dont des Français roulaient à vélo ou en bus? Il avait même recruté un chauffeur pour accompagner ma mère dans ses différentes courses à Oran et à Béthioua, ex- Saint Leu », nous confiera-t-il avant de renchérir « mon défunt frère avait tout pour ne pas adhérer ou choisir le maquis? Il avait deux commerces, de l'argent et une famille qu'il adorait au plus haut point. Pourtant, quand il a été contacté par la révolution, il n'a pas hésité une seule seconde ». Naguib nous racontera comment son frère, le défunt chahid Si Meftah faisait une question d'honneur à bien habiller ses petites s?urs qui fréquentaient l'école européenne, alors. « Je veux qu'elles soient meilleures que les Européennes? Je ne veux pas qu'on se moque d'elles en classe », rétorquait Mohamed Boumaâza, face aux insistances de son frère. Mais qu'est-ce qui a provoqué ce déclic, qui a conduit ce jeune Algérien heureux et bien dans sa peau, à rejoindre la révolution nationale et à graver le danger ' Sur la base des témoignages recueillis auprès de ses voisins et quelques membres de sa famille, dont sa tante et son cousin de Mohammadia, « le chahid n'en pouvait pas de voir cette hogra et ces dépassements des militaires et des colons toucher ses semblables », nous explique Naguib. Il nous expliquera également que le chahid « avait été frappé par une scène où les militaires français, à la recherche de moudjahidine et de fida, avaient saccagé la maison familiale et maltraité les membres de sa famille? des faits qui l'ont réellement bouleversé pendant plusieurs jours ». Quelque temps après, il sera contacté par les moudjahidine afin de rejoindre la révolution à sa demande. Mais, il devait accomplir un attentat avant cela.
La cellule qui l'avait contacté lui avait désigné un harki à abattre. Chose qu'il refusera, estimant que « pour son premier acte pour la révolution, il ne pouvait pas concevoir abattre un concitoyen, quand bien même il aurait été harki ». Il choisira lui-même sa cible, un milicien qui terrorisait la population locale. après avoir judicieusement étudié ses habitudes et ses déplacements, il l'abattra et prendra son arme pur rejoindre les maquis. Ce fût le premier acte d'une longue série de faits de bravoure et d'héroïsme qui ont jalonné l'histoire locale de la révolution. Gardant les contacts avec ses amis de classe et du quartier, il réussira à enrôler 24 autres jeunes, tous issus eux aussi, de milieux très aisés dont des familles de boulangers, tanneurs, épiciers, laitiers, etc? Pendant une longue période, ils donneront du fil à retordre à l'armée française implantée dans cette région. À la suite d'une trahison, les jeunes moudjahidine qui avaient pour repères les cavernes du mont Fergoug dans la wilaya de Mascara, seront encerclés par une armada de militaires français.
Refusant de se rendre et opposant une farouche résistance aux militaires français, ils seront ensevelis par les tirs de canons et ceux des hélicoptères, appuyés par les avions. Des voisins de Si Meftah que nous avons abordés, se remémorent cette sinistre journée où les 24 jeunes tomberont sur le champ d'honneur. « C'était le matin, un peu tôt? nous avons été réveillés par le bruit des chars et camions militaires qui se dirigeaient vers Fergoug? En milieu de journée, ce que nous redoutions était arrivé. Nous avons été sonnés par les bruits atroces des tirs de canons nourris? plus tard dans la journée, nous apprendrons que Si Meftah et ses compagnons étaient ensevelis sous les décombres des bombardements», nous confient un groupe de vieux voisins témoins de ces faits. Un seul rescapé a survécu à ces faits, mais a perdu toute sa raison jusqu'à l'indépendance. Malgré des soins psychiatriques, son état n'a pas évolué. Allah yerham echouhada.
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