Algérie

Le maroc rame



Après avoir annoncé, mardi, la décision de rompre les relations diplomatiques avec le voisin de l'Ouest, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a repris son bâton de pèlerin. Il s'est rendu jeudi au Mali pour évoquer la situation dans ce pays et surtout repositionner l'Algérie dans cette zone, longtemps délaissée. Lui emboîtant le pas, son collègue de l'Energie, Mohamed Arkab a laissé entendre que l'Algérie pourrait mettre fin à l'exploitation du gazoduc Maghreb-Europe qui traverse le royaume chérifien pour alimenter l'Espagne et le Portugal en gaz naturel. Pour continuer à tenir ses engagements, l'Algérie a une solution de rechange : Medgaz qui relie directement Béni Saf à Almeria.Inutile donc de passer par le Maroc d'autant plus que l'accord qui lie les trois pays (Algérie, Maroc et Espagne) expire fin octobre prochain. Le responsable algérien ne dit pas qu'il s'agit de représailles. Mais cela semble faire partie des leviers utilisés par les autorités algériennes pour répondre aux "provocations marocaines". Côté marocain, le ton est à "l'apaisement" après avoir alimenté l'escalade pendant des semaines. Contrairement au discours royal du 20 août dernier, le Premier ministre Sadeddine El-Othmani s'est, pour la première fois, démarqué de l'ambassadeur du royaume à l'ONU. Il a estimé, lors d'un débat télévisé, que la lettre adressée par le diplomate de son pays à ses homologues des pays non alignés concernant le "droit du peuple kabyle à l'autodétermination" n'engageait pas son gouvernement. C'était "une réaction sous l'effet de la colère", a-t-il justifié.
Le Premier ministre d'obédiance islamiste, qui fait campagne en prévision des élections législatives de septembre prochain, a même fait état de la main "tendue" du roi Mohammed VI pour l'ouverture d'un dialogue avec l'Algérie. Au niveau international, les réactions se poursuivent. Du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à la Mauritanie, en passant par la France, l'Arabie saoudite et la Libye, tous les partenaires des pays appellent à la "retenue" et au dialogue pour "éviter l'escalade". S'il n'y a pas encore de confirmation officielle, des sources concordantes évoquent une tentative de médiation que mène la France pour permettre aux deux pays de retrouver des relations "normales".
Mais cela ne peut être concrétisé qu'après des négociations dont le processus n'a pas encore commencé. Du moins ouvertement. Dans le fond, les autorités algériennes souhaitent remettre à plat tous les sujets qui minent les relations entre les deux pays, de la question des frontières jusqu'à la question du Sahara occidental, en passant par le trafic de drogue.

Ali Boukhlef


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