Le Maroc porte un sérieux préjudice à l'Afrique

Le président de la CAF en réunion avec les responsables marocainsAu moment même où le pouvoir marocain devait en principe faire preuve de solidarité envers un continent frappé depuis quelques mois par le virus Ebola, notamment en Afrique de l'Ouest, Mohammed VI a choisi de tourner carrément le dos aux Africains.Le Maroc, qui devait initialement abriter au début de l'année prochaine la 30ème CAN, s'est finalement retiré de l'organisation du plus important rendez-vous d'Afrique. Et au moment où nous mettions sous presse, l'exécutif de la plus haute instance en charge du football africain, que préside depuis 26 ans le Camerounais Aïssa Hayatou, était en conclave au Caire, pour statuer définitivement sur le sort de la CAN 2015, et notamment autre que le Maroc, susceptible de venir au secours de cet important rendez-vous. Aujourd'hui, quelle que sera la décision que prendra la Confédération africaine de football, à partir de la capitale égyptienne, il est quasiment certain que le retrait du Maroc a porté un très sérieux préjudice au continent noir. Pour cause, au moment même où le pouvoir marocain devait en principe faire preuve de solidarité envers un continent frappé depuis quelques mois par le virus Ebola, notamment en Afrique de l'Ouest, Mohammed VI a choisi de tourner carrément le dos aux Africains, comme si ces derniers étaient tous devenus aujourd'hui un sérieux danger pour tous les sujets du Royaume chérifien. En refusant catégoriquement d'accueillir la CAN 2015 sur son territoire, le Royaume marocain a tout simplement insulté toute l'Afrique qui serait dès lors à ses yeux, devenue subitement «infréquentable», pour cause d'un virus susceptible de semer la mort au Maroc. Une véritable volte-face marocaine qui a sans aucun doute porté un terrible coup de crédit à la plus haute instance africaine de football, et notamment son président actuel, élu pour la première fois à la tête de la CAF, dans ce Maroc même qui organisait en 1988 la CAN, remportée à l'époque à Casablanca par le Nigéria, tandis que l'Algérie contribuait à l'élection de Hayatou, au détriment du défunt éthiopien Tessema, s'adjugeait la 3ème place devant les Lions de l'Atlas. Ces mêmes Lions de l'Atlas, qui risquent aujourd'hui de payer les frais d'une décision marocaine sans précédent, et qui est considérée comme une véritable gifle portée à l'égard de la CAF. Un véritable affront pour le Camerounais Hayatou et ses pairs, d'autant plus que la CAF a catégoriquement refusé toute idée de report de la CAN 2015 à une autre période comme l'avait suggéré le Maroc. Pour preuve, le communiqué officiel émanant de la CAF, en réponse à Michel Platini qui faisait partie des personnes favorables à un éventuel report de la 30ème CAN à une autre date que celle arrêtée auparavant par la plus haute instance africaine, était parfaitement clair, et surtout sans aucune ambiguïté. Le dernier voyage en date de Hayatou au Maroc, via Alger, était en réalité une ultime mise en demeure de la part de la CAF, envers les responsables marocains et qui aurait été finalement très mal acceptée par le pouvoir chérifien. Il est vrai que Mohammed VI a visiblement aujourd'hui, plutôt d'autres chats à fouetter que de se soucier de l'organisation d'une phase finale de la coupe des nations de football, et à laquelle l'Algérie prendra part dans un pays voisin, dont le pouvoir actuel mène en permanence une campagne de haine sans précédent contre les Algériens. Pourtant, l'Algérie du foot et celle d'un peuple voisin frère comme le Maroc, se sont toujours fait un point d'honneur de se respecter mutuellement en toutes circonstances. Et celles-ci auxquelles fait face aujourd'hui l'Afrique du football requiert une véritable mobilisation de tous et non une fuite en avant. Certes, l'Afrique et ses éternels aléas d'ordre extra-sportif font partie de son quotidien et ils sont légion actuellement un peu partout à travers le continent noir. Mais la CAN reste à ce jour la véritable et unique vitrine d'un football africain qui ne saurait disparaître de la scène internationale. Pour preuve, cette compétition finale des nations constitue aujourd'hui, au même titre que le Mondial et l'Euro, ou bien la prestigieuse phase finale sud-américaine des nations, un rendez-vous traditionnel incontournable en toutes circonstances. Le Maroc peut organiser le prochain Mondial des clubs, version FIFA, mais le fait de s'être «délaissé» de la sorte de la CAN 2015, relève de sa part d'un manque flagrant de courage, et surtout de soutien, au moment même où l'Afrique, via la CAF souhaitait relever un autre véritable défi, fierté oblige. Pourtant, le football marocain et celui de l'Algérie se ressemblent comme deux gouttes d'eau.