Créé en mars 2010,
le Maroc Numeric Fund (MNF)
est toujours sur la ligne de start-up. En 21 mois d'existence, seuls trois
projets ont obtenu le financement et le soutien prévu par ce fonds
institutionnel. Un encadrement trop restrictif des projets à soutenir est, en
partie, responsable de ce retard à l'allumage.
Le Maroc Numeric Fund est un fonds capital
risque institutionnel lancé dans le cadre du plan Maroc Numeric
2013. Doté d'une enveloppe de 100 millions DH, le fonds a été lancé par le
gouvernement marocain, une institution financière et trois établissements
bancaires. Il s'agit de la
Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), de Attijariwafa
Bank, de la Banque Centrale
Populaire (BCP), et de la
BMCE Bank.
Le MNF a été mis
sous la responsabilité du Moroccan Information Technopark Company (MITC) qui
gère le Technopark de Casablanca.
Le MNF est destiné
à financer des projets technologiques «les plus porteurs» dans lesquels «il
prendra une participation variant de 10 à 49%» pendant une durée qui s'étale de
«2 à 7 ans». Dès le départ, les gestionnaires du Fonds s'étaient fixés comme
règle de n'accorder que des financements de 500.000 DH au minimum et de 8
millions DH au maximum. Ces montants réduisent de fait la taille et les projets
des entreprises souscrivant aux financements du MNF.
A ce jour, le
Fonds n'a accordé de financement qu'à trois projets spécialisés dans les TIC
pour un total de 13 millions DH. Sur la «cinquantaine de dossiers» reçus à
septembre 2010, deux projets ont vu le jour avant la fin de cette année. Soit
en deçà de l'objectif fixé de financer «3 à 4 dossiers avant la fin de
l'année», comme le déclarait en septembre 2010 un responsable du Fonds.
Trois projets de
services en ligne
Le premier
investissement a été annoncé par le MNF le 15 décembre 2010. Il concerne la
société NETpeas de sécurité informatique pour un
montant d'investissement de 3,8 millions DH.
NETpeas est une firme qui
propose des offres «Software as à Service» (SaaS) et
«Managed Security Services»
(MSS) assurant des analyses de risques, des tests de pénétration (piratage de
réseau, des applications Web), et de gestion de vulnérabilité des systèmes
d'information des entreprises.
Le second projet,
annoncé quelques jours plus tard, concerne la société Greendizer,
une «plateforme pour la gestion de factures». Selon le site du MNF, «Greendizer permet aux entreprises d'envoyer leurs factures
à leurs clients, d'en recevoir le paiement, de les archiver sans limite
d'espace ni de temps et enfin de les mettre à la disposition de leurs clients
dans un espace dédié et sécurisé». Les services offerts par cette firme
permettent aux entreprises et aux clients «d'automatiser leurs comptabilité» ou
de «disposer de tableaux de bords permettant de piloter leur chiffre
d'affaires, la collecte des taxes ou encore le classement des produits les plus
vendus».
Greendizer, qui existe déjà
depuis 2009, a
exprimé un besoin de développement de sa plateforme et de renforcement de son
équipe commerciale. L'investissement obtenu auprès du Fonds porte sur un
montant de 5 millions DH, avec l'entrée dans le Conseil d'administration de
l'entreprise de deux responsables du MNF.
Après le second
investissement, et alors que la cadence devait
s'accélérer, il a fallu dix autres mois pour qu'un troisième projet voit le
jour. Le MNF et son réseau de business-angel MNF Club
accordent, le 18 octobre 2011, un visa d'investissement et un chèque de 4,2
millions DH au portail «Soukaffaires.ma» d'annonces
classées gratuites toutes catégories (immobilier, voitures, services, emploi,
et mariage).
«Avec les fonds
levés, l'équipe dirigeante (de «Soukaffaire.ma»)
s'attaquera au contenu éditorial du site pour améliorer l'expérience client,
développer de nouvelles catégories de petites annonces et de services, et
renforcera son l'équipe commerciale», annonce un communiqué de MNF qui précise
que deux de ses membres deviennent membre du Conseil d'Administration de «Soukaffaire.ma».
13 millions de dirhams
engagés sur 150 mobilisés
Le choix de
financer le développement ce site n'a pas laissé insensible les professionnels
du secteur. Des interrogations ont été émises concernant les critères de
sélection des start-up par le MNF. Ali Bassit, le directeur général de MITC Capital (société de
gestion du MNF) a affirmé au quotidien marocain Le Soir Echos du 27 octobre
2011 que la décision du board du Fonds est
généralement «conditionnée par la qualité de la start-up, de l'équipe qui doit
être dynamique et du business model du projet». Pour le cas de «soukaffaires.ma», il explique que les responsables de MNF
ont été «convaincus par son fondateur qui a une expérience de 13 ans en France,
dans le même domaine» et que «son site enregistre actuellement 20.000 visites
par jour». «Ce qui est énorme, et ça peut rapporter de l'argent grâce aux
annonceurs», conclue-t-il.
A cette date il
était question de financer trois autres sites marchands marocains avant fin 2011. A deux semaines de
l'exercice 2011, Maroc Numeric Fund
ne compte pas plus de trois projets financés depuis son lancement en mars 2010.
Sur un financement total de 100 millions DH, qui devait être porté à 150
millions DH, le Fonds n'en a consommé que 13 millions en 21 mois d'activité. A
ce rythme il faudra encore plusieurs années avant de consommer la totalité du
montant initialement accordé.
Certes, dès sa
création, Maroc Numeric Fund
a placé la barre très haut en stipulant qu'il n'investira que dans des projets
«innovants», par rapport «à ce qui existe au Maroc», et disposant d'un «fort
potentiel de croissance». Mais la cadence est évidemment très lente, surtout
qu'il ne s'agit pas de financer des projets industriels lourds en gestion et en
exploitation, mais des start-up et des PME en TIC.
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Posté Le : 14/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com