Algérie

Le Maroc joue l'atout migratoire



Le nombre inédit de migrants marocains dont beaucoup de mineurs qui sont arrivés dans l'enclave espagnole de Ceuta est le fait volontaire des autorités marocaines, qui entendent exercer des pressions sur l'Espagne.Le Maroc utilisait la question migratoire pour faire pression sur l'Espagne pour qu'elle prenne son parti dans le conflit au Sahara occidental et recherchait, par ce procédé, plus de transferts d'argent en guise d'aide financière visant à contenir les migrants illégaux, selon le New York Times (NYT).
Dans un long reportage sur la crise de Ceuta, paru dans son édition du 2 juin, le quotidien new-yorkais a souligné que "la crise a mis à nu le point de pression que le Maroc a sur l'Espagne en matière de migration". Les reporters, cosignataires du reportage, ont rappelé que des responsables du gouvernement espagnol et d'autres experts affirment que "le Maroc considère de plus en plus les migrants comme une sorte de monnaie et tire parti de son contrôle sur eux pour extraire des prix financiers et politiques de l'Espagne".
Les reporters ont révélé que quelques heures après que les migrants ont commencé à affluer à Ceuta, l'Espagne a approuvé 30 millions d'euros, soit environ 37 millions de dollars, d'aide pour la police des frontières au Maroc. Il a été constaté, par ailleurs, que les tensions entre les deux pays à propos des migrants se sont aggravées pendant la pandémie de Covid-19, qui "a paralysé les économies des deux côtés de la frontière".
En s'appuyant sur les déclarations de hauts responsables espagnols, les auteurs ont conclu que "les intérêts du Maroc et ses tensions avec l'Espagne vont cependant au-delà du financement". José Ignacio Torreblanca, professeur de politique à l'Université nationale d'enseignement à distance de Madrid, cité également par le journal, a déclaré que "le Maroc utilisait désormais son contrôle sur les migrants à la frontière pour faire pression sur l'Espagne pour qu'elle prenne son parti dans le conflit du Sahara occidental, à l'instar de l'ex-président américain Donald Trump", qui, l'année dernière, a reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Pour sa part, le professeur honoraire à l'Université de Madrid, Bernabé Lopez Garcia, a soutenu vendredi que "le Maroc a montré le pire de lui-même", en utilisant près de dix mille personnes dont des mineurs pour les faire entrer délibérément dans l'enclave espagnole de Ceuta, affirmant qu'il s'agit de la plus grande crise hispano-marocaine, depuis celle de Perejil en 2002.
"Lâcher ainsi dix mille personnes pour entrer à Ceuta a attiré l'attention du monde entier. Sans aucun doute, il a eu l'effet inverse de celui souhaité. (...) Ils ont donné l'image d'un pays auquel on ne peut pas faire confiance. Il (Maroc) a montré le pire de lui-même", a déclaré le spécialiste des relations hispano-marocaines, dans un entretien accordé au journal espagnol La Vanguardia, Bernabè Lopez, considérant que la crise politique actuelle entre Madrid et Rabat, déclenchée par l'afflux de ces migrants marocains, est un moyen de pression et de chantage utilisée par le royaume du Maroc afin de pousser l'Espagne à reconnaître sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental.
Evoquant la décision de l'ex-président américain Donald Trump, qui a reconnu, via un tweet, la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, M. Bernabè Lopez a souligné que cette annonce de Trump "a créé sans aucun doute un sentiment d'impunité" qui a permis au Maroc d'oser entreprendre une telle action envers l'Espagne.
Enfin, pour l'organisation Transparency Maroc, les événements de Ceuta "révèlent une réalité économique et sociale, où une grande partie de la population marocaine vit dans une précarité chronique, les conduisant à exercer souvent des microactivités informelles".
Le Maroc est accusé, en effet, par de nombreuses ONG, personnalités internationales, mais aussi par les Espagnols d'utiliser la question migratoire pour faire pression sur l'Espagne pour qu'elle prenne son parti dans le conflit au Sahara occidental.

R. I.


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