Algérie

Le Maroc exige la destitution de Christopher Ross qu´il accuse de «partialité»



Le Maroc mène activement une campagne contre le représentant personnel du Secrétaire général de l´ONU, Ban Ki-moon, dont il dénonce le soutien au droit à l´autodétermination du peuple sahraoui.
Depuis qu´il est à ce poste, en janvier 2009, l´ancien diplomate américain a toujours considéré incontournable la question d´un référendum dans l´ancienne colonie espagnole et, à la différence de son prédécesseur, le Hollandais Peter van Waltsun, il avait ouvertement affiché ses distances par rapport au plan d´autonomie marocain pour le Sahara.
Saad Eddine Al Othmani, le ministre marocain des Affaires étrangères, vient d´effectuer une visite en France, principal soutien du Maroc dans le conflit sahraoui, et aux Etats-Unis pour demander la démission ou la destitution de Christopher Ross. Le Royaume du Maroc, qui siège depuis janvier dernier pour deux ans en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité, a été contrarié par les derniers rapports du représentant personnel de M. Ban Ki-moon sur la situation au Sahara occidental. Le chef de la diplomatie du gouvernement islamiste de Abdallah Benkirane a estimé, dans une déclaration au journal marocain Akhbar
Al Youm que «nous ne sommes pas satisfaits du travail effectué par l´envoyé spécial de l´ONU», l´accusant de «partialité».
C´est pourquoi, avait ajouté Al Othmani, «nous demandons au Conseil de sécurité de remettre les choses à leur place et qu´en plus Christopher Ross tente d´introduire des thèmes dans le débat qui ne relèvent pas de sa compétence». Ces thèmes sont le référendum et la surveillance des droits de l´homme par la Minurso
Le gouvernement marocain a très mal réagi au dernier rapport du SG de l´ONU révélant que les autorités marocaines avaient espionné la Minurso et tenté de paralyser les activités dans les villes sahraouies occupées de cet organisme de l´ONU chargé de la surveillance du cessez-le-feu au Sahara.
Les autorités marocaines ont, en outre, mal accepté la référence plus explicite cette fois au droit à l´autodétermination dans ce rapport qui a été accueilli avec satisfaction par le Front Polisario. Le diplomate américain est suspect, aux yeux des Marocains, d´avoir inspiré l´idée de l´élargissement des attributions de la Minurso à la surveillance des droits de l´homme au Sahara occidental. Cette idée avait commencé à faire son chemin depuis la prise d´assaut brutal du camp de Gdeim Izik, situé aux abords d'Al Ayoune, en novembre dernier, par les forces d´occupation marocaines.
Le cas James Baker
Visiblement, le Maroc ne s´accommode pas de l´impartialité des diplomates américains qui ont eu à assurer la médiation dans le conflit du Sahara occidental. En 2004, les autorités marocaines avaient exigé, pour les mêmes raisons qu´aujourd´hui, le départ de l´ancien représentant du SG de l´ONU, James Baker. Ce diplomate chevronné, ancien Secrétaire d´Etat américain de Bush père, a dû jeter le tablier devant le refus de Rabat, encouragé par la France sous Jacques Chirac et l´Espagne sous le socialiste José Luis Zapatero, de rejeter le plan qui porte son nom.
Le «Plan Baker» faisait de la question du référendum d´autodétermination une option incontournable après une période transitoire d´autonomie de cinq ans maximum. L´ancien chef de la diplomatie espagnole, le pro-marocain Miguel Angel Moratinos, inspirera le plan d´autonomie pour le Sahara que Rabat s´emploie à imposer comme unique base de travail dans les négociations avec le Front Polisario, sous les auspices de Christopher Ross.
Il est évident que le Roi Mohamed VI veut que M. Ross soit remplacé par un Européen. La question est de savoir, maintenant, ce que va faire le SG de l´ONU qui ne pourra pas garder M. Ross à ce poste pour bien longtemps, dans la mesure où l´une des deux parties impliquées dans le conflit le récuse. Reste à savoir aussi ce que sera la réponse de François Hollande à l´initiative marocaine, le nouveau président français n´étant pas, comme Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, un habitué de la résidence royale Mamounia (Marrakech).




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