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Le Maroc des sensations 23E EDITION DU FESPACO: ANDROMAN, DE SANG ET DE CHARBON DE AZLARABE ALAOUI



Le Maroc des sensations 23E EDITION DU FESPACO: ANDROMAN, DE SANG ET DE CHARBON DE AZLARABE ALAOUI
«Le père représente un peu une forme de dictature dans les sociétés arabes», révélera le cinéaste, en marge de la projection de son film, mardi dernier dans le cadre du 23e Fespaco.
Des paysages à vous couper le souffle. Des images bien léchées, une aura fantastique et un personnage qui crève l'écran. Non, ce n'est pas un interprète masculin mais plutôt féminin.
Une fille que le père sera amené à élever comme un garçon afin d'honorer la mémoire de son père qui rêvait d'avoir un garçon. Une éducation sévère et brisante.
Cela se passe dans un village reculé, dans une bourgade montagnarde dans le Maroc d'aujourd'hui.
Un village qui vit de ses ressources naturelles et humaines quasiment comme au Moyen Âge, annihilant presque l'existence de la femme et en la réduisant juste au rôle d'une simple procréatrice. Mais un jour débarque une voiture. Nous sommes bel et bien dans une époque moderne.
Le paysage à l'atmosphère onirique et cette histoire racontée presque à la manière d'une fable confèrent à ce film un genre cinématographique qui rompt avec la tendance actuelle du cinéma marocain qui se veut urbain et profondément contemporain dans son approche filmique et thématique. Reste la violence inéluctable, présente partout aujourd'hui dans le 7e art marocain, qui les rassemble pourtant.
Diffère juste le traitement. Ce qui n'est pas rien et insuffle au cinéma marocain un plus incontestable. Dans Androman, de sang et de charbon, du réalisateur Azlarabe Alaoui, (auteur du film Izoran, Olivier d'or au Festival du film amazigh, il y a quelques années de cela, Ndlr), une amitié finit par s'installer un jour entre un jeune homme et ce mystérieux garçon aux allures androgynes. Le beau jeune homme déserte même l'armée et revient pour rester auprès de lui. Mais le père ne l'entend pas de cette oreille et quand les deux décident de s'échapper ensemble, il le tue. Alors, le démon féminin se réveille et le masque tombe.
Les femmes du village ont enfin un modèle de courage à suivre. Vint le moment de la course de chevaux dans le village. Alors que le garçon assassiné est porté disparu, seule la personne qui connaît le mieux son cheval, le montera pour l'ultime chevauchée vers la liberté... L'on devine bien la fin.
Un film teinté d'une aura fantastique qui défend bel et bien le rôle de la femme dans la société arabe castratrice car trop tournée vers les traditions et rites archaïques.
Un film qui plaira sans doute au jury féminin de cette année. Seul hic, Androman, de sang et de charbon n'est pas sans rappeler quelque peu un autre film marocain qui a remporté, lors de la dernière édition du Fespaco, l'Etalon d'or de Yanenga. Il s'agit de Pégasse de Mohamed Mouftakir. Pégasse qui évoque dans la mythologie grecque ce cheval volant, est porté dans ce long métrage fortement psychologique par le désir de son personnage féminin de se libérer, lui aussi, du joug du père et se réveiller de son cauchemar... Quoi qu'il en soit, gageons que Androman, de sang et de charbon saura être récompensé pour sa juste valeur cinématographique nonobstant son sujet bien pertinent.
«Le père représente un peu une forme de dictature dans les sociétés arabes.
Quand on regarde le film, on découvre deux catégories de population, une marginalisée et une autre extérieure comme je l'ai suggéré par l'arrivée de cette voiture dans ce village perdu. C'est pour montrer que c'est le Maroc de 2010, pas du Moyen Âge. Il y a le monde de la montagne, des villageois et celui de la vitrine; il y a une très grande nuance sociale entre les deux.
Dans mon film, je ne parle pas de la femme en particulier, mais de l'identité marocaine en général qui est en danger. L'identité de l'homme, de la femme, de l'être humain.
Je ne condamne personne, le père est un malade mental. Je condamne plutôt la société», nous confiera, en aparté, le réalisateur, mardi dernier, à la salle Burkina, en marge de sa projection dans le cadre de la compétition officielle à la 23e édition du Fespaco.
Le Maroc des sensations revient en force. Son industrie, cent fois plus performante que la nôtre, plutôt inexistante, démontre si besoin est, la vitalité du cinéma du Royaume chérifien qui bénéficie d'une aide conséquente de la part de son Etat, qui connaît, lui, une réelle politique de soutien au 7e art.


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