Le marché s’enflamme à nouveau

La pomme de terre à 60 dinars le kilo Il fut un temps où, au lendemain des échéances cruciales, les pouvoirs publics ainsi que les commerçants lâchaient du lest et consentaient des sacrifices pour ne pas provoquer le diable et risquer de perdre pied. Cette fois, les commerçants, notamment les marchands de légumes, ont dérogé à la règle et, au lieu de baisser les prix, ils les ont gonflés démesurément. De la sorte, la pomme de terre, -toujours elle-, est allégrement passée de 40-50 dinars le kilogramme à 60. Hier donc au marché de la cité Amandiers, des pommes de terre à moitié rongées par le mildiou, se vendaient 20 dinars plus cher que l’avant veille et la veille. Ceci a fait dire à un jeune marié qui s’était abstenu de donner sa voix aux partis en lice pour les législatives du désormais historique jeudi 17 mai, que les ennuis avec le ventre et ses insatiables besoins reprennent. Toujours au marché des Amandiers et alors que les commerçants installés à l’intérieur de la structure commerciale continuaient à somnoler ou à chasser les mouches, ceux du secteur informel poursuivaient le massacre des bourses moyennes. En effet, la pomme de terre ayant gagné plusieurs galons en deux jours seulement, elle est devenue presque inaccessible. Approchés, certains de ces marchands qui vantaient la qualité de leurs produits pour attirer la foule, se frottaient les mains en prévision des importants bénéfices qu’ils allaient tirer de cette flambée. Pour écouler plus vite leurs stocks, ils refusaient de servir la clientèle qui ne commandait pas plus de 2 kilos et priaient Dieu de la faire grimper davantage la patate. Le marchand ayant refusé de lui servir le kg qu’elle a commandé, une vieille dame eut cette réflexion «le vote passé et nos voix servant de matelas aux nouveaux nababs, voilà qu’on nous condamne à serrer encore plus la ceinture. Mes enfants qui m’avaient demandé de ne pas voter avaient raison. Où est l’Etat et, à part se remplir le ventre et les poches, de quelle utilité peuvent être les gens que nous avons tirés de l’anonymat pour en faire des députés, c’est à dire les défenseurs du petit peuple ?». Au fait, à quoi d’autre peut servir un député grassement rétribué s’il ne défend pas le pouvoir d’achat du peuple?