La réouverture partielle des frontières, décidée à partir du 1er juin dernier, n'a pas eu l'effet escompté par les cambistes de la place de change au noir des billets de banque étrangers de Port-Saïd à Alger. Et ce, contrairement aux informations recueillies sur place, il y a quelques jours, au lendemain de la décision gouvernementale.Abdelhalim Benyellès ? Alger (Le Soir) ? Certes, la plaque tournante de change des devises avait connu une animation inhabituelle depuis la fin mai. Suite aux informations faisant état de la reprise des vols en direction de certaines destinations, tout portait à croire que l'activité allait reprendre son cours, dans une période où la monnaie européenne, la plus prisée, s'échangeait à 21 100 DA pour 100 euros à la vente. Ceci pour dire que l'euro a quand même connu une légère hausse en l'espace de quelques semaines, après une paralysie qui a duré plusieurs mois en raison du déclenchement de la pandémie de Covid-19 et la fermeture de l'espace aérien et des frontières terrestres avec la Tunisie. Hier, l'euro s'échangeait à 21 200 DA contre 100 euros. Autant dire que le rebondissement attendu n'a pas eu lieu, et les cambistes le confirment bien. «Dès l'annonce de la réouverture des frontières, nous nous attendions à un rebondissement de la monnaie étrangère sur la place des Martyrs», avoue un jeune cambiste. Et d'ajouter que l'information faisant état de la reprise des vols internationaux est synonyme de la montée subite de l'euro en premier lieu. Hamid, son compère, adossé à un mur, l'explique clairement : «C'est le retour des émigrés qui redonne vie au square Port-Saïd.» «Et le square ne vit que par les émigrés, ça a toujours été comme ça», martèle-t-il. Et à Ahmed, un ancien de la place, d'enchaîner : «Tant que les frontières restent partiellement ouvertes au vu de la reprise timide des vols, la masse des devises en circulation sur le square, notamment l'euro, reste en diminution en l'absence du retour des émigrés.»
Les raisons de la stagnation de la valeur de la monnaie étrangère sur le marché de change paraissent donc évidentes. Et cela s'est répercuté négativement sur toute l'activité des cambistes, car, en fait, l'animation d'antan n'est plus de mise. Toutes les personnes questionnées disent redouter le «ratage» de la saison estivale 2021, à l'instar d'ailleurs de celle de 2020.
«Nous pensions que la saison allait se présenter sous de bon augure, avec l'annonce de l'ouverture des frontières et l'arrivée habituelle, en pareille saison, des émigrés», avoue un cambiste. Il s'agit de la même personne rencontrée à la veille de l'ouverture partielle des frontières pour qui le moment des bonnes affaires était enfin arrivé, allant jusqu'à miser sur une valeur jamais égalée de la monnaie européenne cet été.
En réalité, il n'en est rien. Nous avions constaté hier une place de Port-Saïd qui chômait presque, tant que le marché noir de la devise n'est pas alimenté et que la masse des billets de banque étrangers manque. Et si 100 euros s'échangent contre 21 200 DA, à la vente, 1 dollar s'échange 180 DA.
Samir, un cambiste habitué des bonnes affaires et des transactions au dollar avec les importateurs, avoue qu'il chôme actuellement. «180 DA n'est pas la valeur réelle de la monnaie américaine», avoue-t-il, sûr de lui. Et tout autant que les autres cambistes, il est affirmatif à son tour: «La masse des devises manque au square Port-Saïd !»
A. B.
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Posté Le : 21/06/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelhalim Benyellès
Source : www.lesoirdalgerie.com