Algérie

Le marché gravement secoué



Affirmant que le marché pétrolier est «gravement secoué», l'expert international en énergie Mourad Preure insiste sur le basculement de la Sonatrach vers les énergies renouvelables. Pour lui, cette transition énergétique dans notre pays doit être une ambition industrielle, scientifique et technologique.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - L'expert international en énergie Mourad Preure assure que l'Algérie «marche à contresens de l'histoire». «Au moment où les compagnies pétrolières mondiales sont en train de basculer vers les énergies vertes, notre pays pense toujours au pétrole et aux hydrocarbures», déplore-t-il. Pourtant poursuit-il, l'Algérie est une pile électrique à ciel ouvert. «Nous avons 3 500 heures d'ensoleillement sur 86% du territoire national», précise-t-il.
Intervenant, hier, sur les ondes de la Chaîne 3, Mourad Preure estime que Sonatrach doit impérativement basculer vers les énergies renouvelables. Pour ce faire, il insiste sur le renforcement de l'entreprise nationale pétrolière et gazière. «Les compagnies mondiales tendent à devenir des compagnies énergétiques et sont forcées de basculer leur portefeuille vers l'électricité. Sonatrach, elle aussi, doit épouser les tendances de l'industrie pétrolière mondiale et devenir un leader mondial des énergies vertes, d'autant qu'elle dispose des moyens», dit-il encore. Il plaide également pour l'«enracinement» de Sonatrach dans les universités algériennes. «Elle ne peut pas s'appuyer sur la technologie étrangère exclusivement. Elle doit s'appuyer sur une ingénierie nationale», note-t-il avant de conclure : «Il faut que la transition énergétique dans notre pays soit une ambition industrielle, scientifique et technologique».
Ne mâchant pas ses mots, l'invité de l'émission affirme que le marché pétrolier est aujourd'hui gravement secoué. Lorsque l'économie mondiale est en crise, explique-t-il, la demande pétrolière ne peut reprendre. Il cite ainsi les dernières prévisions du FMI qui révèlent que l'économie mondiale va connaître une récession de 4,3% en 2020. «Avec une très forte récession de 8,3% dans la zone Euro dont 9,8% au Royaume-Uni, 9,8% en France, alors que l'Inde va carrément s'effondrer à moins 10,3%, le FMI prévoit une ascension lente, difficile et incertaine», précise-t-il.
Alors que l'Agence internationale de l'énergie prévoit justement une baisse de la demande pétrolière de 8,4 millions de barils/j en 2020, l'Opec prédit de son côté une baisse de la demande de 9,5 millions de barils/j en 2020. «L'Opec pense que la demande reprendrait de 6,6 millions de barils par jour en 2021, et j'en doute. Nous sommes dans une situation de forte incertitude puisque l'industrie pétrolière était déjà confrontée à trois chocs : le choc d'offre, le choc de demande et le choc sanitaire causé par la pandémie de Covid-19», souligne-t-il. Et de préciser que la crise sanitaire qui a provoqué un fort ralentissement de la demande des transports est survenue alors qu'il y avait une transition poussée vers la mobilité électrique. Il cite ainsi l'exemple de l'OCDE dont la consommation est passée de 50 millions de barils/j en 2010 à 46 millions barils/j actuellement.
S'agissant de l'impact du vaccin contre le nouveau coronavirus sur les prix du pétrole, Mourad Preure rappelle que l'Agence internationale de l'énergie prévoit que les prix du pétrole gagneront entre 6 à 8 dollars le baril pour atteindre 48 dollars le baril. «Personnellement, j'avais dit que les prix gagneraient dix dollars le baril en 2021. Aujourd'hui, je reviens sur mes prévisions en disant qu'il gagnerait maximum 5 dollars le baril», dit-il.
Et d'expliquer que l'évolution de la pandémie est très complexe et imprévisible. «Aujourd'hui, il y a une inertie d'une année pour que le vaccin agisse sur l'économie mondiale. Les signes qui laissent présager que l'année 2021 sera différente de celle de 2020 sont actuellement très faibles. La mobilité est forcément réduite. La preuve, l'Europe est en train de se reconfiner et les compagnies aériennes ne pourront pas fonctionner avec un taux de remplissage de 50%», détaille-t-il.
Ry. N.


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