Algérie

Le marché de la Bastille, à quelques «encablures» de Ramadhan


Il est rare de voir le marché des fruits et légumes de la rue des Aurès (ex-La Bastille) au centre-ville aussi vide de monde. Il faut dire qu'il n'est que 8 heures en cette matinée bien ensoleillée de vendredi, qui annone le début du dernier week-end de ce mois de juillet. Oran a tendance à se réveiller plutôt tard car ses soirées peuvent êtres longues, très longues en cette saison de vacances et de farniente. Les commerçants s'activent pour installer leurs étals. Le marché prend petit à petit des formes, des couleurs et…de la voix. Des fruits et légumes de saison, mais aussi du poisson frais de tous genres, de la viande, des produits laitiers et même des confiseries sont proposés à la criée aux premiers clients. Les prix sont plutôt cléments. Il faut dire que la nature a été généreuse cette saison. Une tendance qui risque de se renverser rapidement avec l'approche du mois de Ramadhan qui n'est qu'à quelques «encablures». Le mois sacré, mois de piété, de partage et de générosité est aussi, pour quelques spéculateurs sans vergogne, le mois de tous les excès. Une flambée de prix que le consommateur averti a appris à appréhender à l'avance. «Les choses peuvent évoluer rapidement. Il est vrai qu'actuellement les prix sont plus qu'attractifs, mais cela peut changer très vite. C'est pour cela que j'essaie de prendre mes dispositions autant que faire se peut», témoigne une mère de famille qui a jeté son dévolu sur un marchand de tomate qui cède le kilo à seulement 20 dinars. Une tomate à la fois mûre ferme, idéale pour donner de la consistance à l'incontournable «hrira» aux fines herbes du mois de Ramadhan. «J'ai pris ma ration pour tout le mois. La tomate est un aliment facile à conserver pourvu qu'on sache s'y prendre. Il suffit de la peler et la faire passer à la moulinette avant de la mettre dans des pots en verre qu'on met au frais dans le réfrigérateur, voire dans le congélateur», explique-t-elle. Une démarche que le commerçant lui-même approuve, conscient, par son expérience, que la tomate, au même titre que d'autres produits, peut facilement quadrupler de prix dès les premiers jours du mois de Ramadan, à l'exemple du poulet qui a été cédé, hier, à 330 dinars le kilo ou les carottes qui sont passées en quelques jours de 20 à 50 dinars, ceci, sans parler de l'ail, intraitable avec ses 600 dinars le kilo et les citrons dont le prix devient de plus en plus acide .

Mais cet astuce de conserver des aliments avant l'arrivée du mois sacré a ses limites. Certains produits tout aussi indispensables doivent être consommés frais, et le consommateur n'aura pas d'autres choix que de les acheter au prix fort. Néanmoins, les mères de famille chevronnées ont appris avec le temps à s'adapter aux situations les plus complexes en composant assez brillamment d'ailleurs avec les fluctuations de prix. En final, l'intérêt du mois de Ramadhan est loin d'être dans les extravagances de consommations des uns ou les excès de gain facile des autres.


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