Algérie

Le marché de l'occasion, le grand tournant


Après avoir limité les importations de véhicules neufs, le gouvernement s'est employé à la mise en place d'un cadre juridique pour le marché de l'occasion en Algérie.Sujet de débats depuis plusieurs années déjà, ce dispositif qui devait assainir cette activité et protéger ses clients ne voit toujours pas le jour. Quantifié par les professionnels, le marché de l'occasion représente aujourd'hui près d'un million de transactions annuelles. Son poids est évalué à près de 10 milliards de dollars par an.
Mais, sans cadre juridique, les transactions des véhicules d'occasion demeurent une activité informelle qui échappe au fisc et au contrôle des pouvoirs publics. Pour passer à une vitesse supérieure, une cotation de véhicules d'occasion a vu le jour et q va permettre aux professionnels de mieux appréhender le marché et aux institutions de l'Etat d'avoir une base de données afin de le réguler.
C'est parti ! La cote d'occasion Argus Algérie, déclinée sous le site www.Largus.dz, a été officiellement lancée mercredi dernier par le groupe Argus et son partenaire algérien Mourad Saadi, le gérant du magazine Le Mensuel de l'automobile.
La cérémonie de ce lancement s'est déroulée au Kiffan Club (Bordj El Kiffan, Alger) en présence de plusieurs acteurs intervenant dans le marché de l'automobile en Algérie (concessionnaires, assureurs, presse spécialisée), de la présidente du groupe Argus, Alexandrine Breton Loÿs, du directeur de développement à l'international, Fabien Lecoeuche, du premier responsable de la cote Argus au Maroc, Alexandre Allanic, et du directeur de valorisation Alain Mazzocut.
L'arrivée de la cote d'occasion en Algérie n'aurait pas eu lieu sans un travail de longue haleine du patron du mensuel de l'automobile, lequel, après avoir lancé en février 2016 sa propre cotation VO, a réussi à mettre au point un Club Argus Algérie pour assainir ce marché aux côtés des professionnels et des institutions de l'Etat. Ce qui a attiré l'attention du groupe Argus, pour lequel, selon sa présidente, Alexandrine Breton Loÿs, «le lancement de Largus.dz est un long processus visant à l'internationalisation du groupe qui fête, cette année, ses 90 ans».
Après l'Europe (la Belgique, le Portugal, l'Espagne, la Roumanie) et les pays subsahariens (la Côte d'Ivoire, le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal), le groupe Argus a intégré l'écosystème automobile marocain depuis 2013, et vient de se déployer en Algérie. Argus ambitionne d'apporter au marché algérien toute son expertise et sa maîtrise dans la valorisation des véhicules d'occasion. «Si nous sommes là, c'est que nous avons l'ambition d'y rester longtemps.
C'est un marché en transition. Nous ne sommes pas là pour organiser le marché du VO, ce n'est pas notre rôle, mais nous posons un pied ici pour apporter notre expertise afin d'accompagner la professionnalisation des acteurs autour des métiers de la reprise et de la revente», a indiqué Alexandrine Breton Loÿs.
Un marché de 800 000 transactions annuelles
En effet, totalement déstructuré et livré à la spéculation, le marché algérien de l'occasion est une niche de 800 000 transactions annuelles. Toutefois, sans cadre juridique, «ce segment d'activité du marché de véhicules est fortement dominé par l'informel qui profite de l'arrêt des importations», relève Mourad Saadi.
«Une situation qui est favorisée par l'absence d'une cote ce qui donne moins de visibilité sur ce gros marché de l'Afrique», a-t-il estimé. Et comme cette activité n'est pas professionnalisée, les conditions de transaction présentent de nombreux risques. C'est une activité qui pénalise les consommateurs, mais aussi les professionnels qui, eux, cherchent sa mise à niveau et son organisation. D'autant qu'aux yeux de ces derniers, le VO devient un marché plus important, car il permet de booster les ventes du neuf, en nette baisse avec l'absence de licences des importations.
«Cette activité bien maîtrisée représente un levier de croissance formidable pour les professionnels cherchant à pérenniser leur activité dans la vente et le SAV», relève Alexandrine Breton Loÿs. Par ailleurs, c'est un marché annuel, évalué à 10 milliards de dollars, qui lui échappe totalement au fisc et à tout contrôle de l'Etat. Comme l'achat et la vente de véhicules d'occasion se font exclusivement en espèce sur un marché dominé entièrement par l'informel, l'Etat n'a aucune traçabilité des transactions et aucune connaissance des acteurs de ce marché.
Les pouvoirs publics gagneraient donc à mettre en place au plus vite un cadre juridique, qui permettra l'émergence d'un réseau structuré de vente où les clients qui achèteraient un véhicule d'occasion avec un contrat de garantie, un historique de révisions du véhicule aux standards du constructeur et un Trésor public qui pourra profiter de nouveaux revenus qui seront générés par le marché VO à travers un spectre de taxes judicieusement élaborées selon les caractéristiques techniques des véhicules.
Mais, pour Mourad Saadi, l'essentiel le concernant, est donc de mettre en place cet outil nécessaire pour valoriser ces produits afin que les clients puissent acheter sereinement un véhicule chez ces professionnels. Le lancement de l'outil www.Largus.dz permettra aux professionnels et aux particuliers d'avoir une cote Argus d'un véhicule sur le marché algérien.
Ce service, gratuit au lancement en version beta, sera monétisé au courant de l'année 2018.
Avec le lancement de ce référentiel sur la cotation des véhicules d'occasion, le marché de l'occasion devrait donc s'organiser davantage. Celui-ci devra permettre à l'ensemble des professionnels de mieux appréhender le marché, car il constituera une base de données aux institutions afin de le réguler. Cette plateforme garantira une meilleure sécurité pour les consommateurs à la faveur d'une traçabilité sur l'historique des véhicules.
Elle contribuera à mieux assainir une activité jusqu'ici négligée par les pouvoirs publics.
Argus compte proposer au marché algérien plusieurs autres outils, comme Prevar et Planet VO. Si la cote Largus.dz propose les valeurs actuelles des véhicules d'occasion, Prevar proposera des scénarios anticipant le comportement des valeurs résiduelles sur les années à venir.
Planet VO, lui, est un logiciel dédié aux gestionnaires de l'activité VO en leur offrant les moyens de maîtriser aussi bien la reprise et la revente des véhicules. Par les outils qu'il propose, Argus vise comme objectif d'«être le tiers de confiance entre l'acheteur et le vendeur avec la perspective de fluidifier le business pour les constructeurs, les professionnels et pour l'Etat».
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