Le marathon du Cnes et ses enjeux

Une délégation du Cnes (Conseil national économique et social) conduite par son président, Mohamed Seghir Babès, sillonne, sans interruption, le pays, d'est en ouest et du nord au sud, depuis le 5 septembre dernier. La mission que lui a confiée le Président de la République lors du Conseil des ministres du 2 mai dernier, n'est pas de tout repos. Il s'agit pour la délégation de déterrer tous les «points noirs» qui affectent le développement et partant, la gouvernance dans chacune des régions du pays. Que ce soit «les relations entre l'administration et les citoyens» ou «la gouvernance des collectivités locales», les chargés de mission doivent passer au peigne fin les problèmes qui se posent sur l'ensemble du territoire national. D'ailleurs, Babès l'a bien dit à Ouargla où la délégation se trouvait au début de ce mois. «Nous sommes là pour vous écouter et transmettre vos attentes et préoccupations au Président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika...(qui) nous a demandé de mettre le doigt sur la plaie et de savoir où ça va mal», a-t-il précisé aux représentants des associations présents à l'une des réunions de travail organisées dans tous les lieux où se rend la délégation. Des projets en souffrance, des dysfonctionnements du service public, des attentes de la population non prises en charge, abus, dérapages, rien ne doit échapper à la vigilance des missionnaires qui seront comptables de leur travail auprès du premier magistrat du pays juste après les Assises nationales sur le développement local prévues le 22 décembre prochain. Des assises qui seront pour le Cnes l'occasion de donner la dernière touche au rapport final, véritable «check-up» économique et social du pays. Une mission à l'enjeu capital. Bien menée, elle permettra de corriger les faiblesses là où elles existent et de rétablir le développement harmonieux de toutes les régions du pays. Nous disons bien, rétablir car, dans les textes, les différents plans ont inscrit des projets pour l'ensemble du pays dans ses coins les plus reculés, leur mise en oeuvre est, par contre, inégalement appliquée. C'est là qu'intervient la bonne gouvernance que l'Etat a inscrite dans ses objectifs aussi bien pour l'Afrique en adhérant à la fondation, dès 2003, du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique) et donc, à plus forte raison, chez nous. Bien menée, cette mission permettra également d'en finir avec les disparités nées du stupide raisonnement qui peut être résumé par «loin de la capitale, loin des yeux». Un raisonnement qui créé la confusion dans certains esprits qui focalisent sur Alger en pensant que le reste du pays peut être «caché sous le tapis». D'ailleurs et pour bien faire, le rapport qu'établira en fin de mission le Cnes pour le remettre au Président de la République gagnerait à être rendu public. Cela aidera grandement à en finir définitivement avec cette mentalité dévastatrice qui autorise moins de sérieux dans la gouvernance locale de l'Algérie profonde. Le défi va plus loin encore car et une fois le développement harmonieux de toutes les régions atteint, on pourra alors penser à décongestionner le nord du pays grâce à l'attractivité créée et réussir un autre équilibre: celui de la densité humaine sur l'ensemble de notre vaste territoire. Le marathon du Cnes arrive à sa fin. Cette semaine, c'est l'ouest du pays qui recevra la délégation avant la région Centre prévue juste après. Cette mission est un instrument incomparable dans l'ambitieux défi que s'est lancé l'Etat: parvenir à l'égalité de traitement, l'égalité de chances pour tous les Algériens de l'extrême sud au nord, de l'est à l'ouest. Les bénéfices économiques, sociaux et culturels qui en résulteront sont d'une valeur inestimable dans la reconstruction en cours dans le pays. C'est dire que le poids qui pèse sur la délégation du Cnes, dans cette mission, est énorme.