Algérie

Le manque d'eau persiste à Draâ El-Mizan



De nombreux citoyens ont recours à l'achat de l'eau acheminée par les camions-citernes et à des prix exorbitants, dépassant parfois les 1 500 DA.Alors que l'été tire à sa fin, le problème du manque d'eau dans toute la daïra de Draâ El-Mizan s'accentue de jour en jour. Depuis le transfert de l'eau du barrage Koudiet Acerdoune de Bouira en 2010, la région n'a pas vécu une crise pareille. Aussi bien dans les villages que les quartiers et les cités de la ville, c'est une pénurie sans précédent. Certains habitants affirment ne pas voir une goutte d'eau couler de leurs robinets depuis plus de deux mois.
C'est le cas des villages des versants sud et ouest du chef-lieu communal. "Il a fallu fermer la station de pompage du lieu-dit Les Malek pour qu'enfin on a eu droit à notre quota", confie Hocine, un habitant d'Ouled Aïssa, un village situé à la périphérie de la ville.
S'il est vrai que le pompage à partir de Bouira a été drastique, notamment depuis le mois de juillet, il faut dire que la distribution reste tout de même aléatoire. "Notre cité n'a pas été alimentée depuis une quinzaine de jours. Fort heureusement, dans la soirée de dimanche, nous avons eu droit à quelques heures de distribution. Cela reste insuffisant car certains foyers n'ont pas eu la quantité attendue", se désole un habitant du lotissement Mohamed-Belaouche, ex-cité Caper, soulignant qu'"il faudra encore attendre peut-être quinze jours, voire plus, pour espérer un éventuel quota".
À la cité EPLF, les habitants attendent leur tour depuis maintenant presque trois semaines. "Nos réserves ont été épuisées. Nous sommes contraints de recourir aux tracteurs-citernes", fulmine Amar, un résident de cette cité, qui
estime que ce sont les conséquences d'une mauvaise gestion de cette denrée précieuse. Et de dénoncer encore le laisser-aller qu'il constate face aux fuites d'eau, dues à la dégradation des conduites.
Il nous a été donné aussi de constater que le syndrome du jerrican refait surface dans de nombreuses localités. En effet, dans les villages, ce sont les petits chérubins qui sont chargés de la corvée de l'eau.
"Dans notre village, il y a plusieurs puits. Mais la consommation d'aujourd'hui n'est pas la même que celle des années 1980 ou 1990. Chaque ménage a besoin d'au moins cent litres par jour", explique un habitant de Slalama, dans le versant de Tazrout, où l'eau n'a pas coulé des robinets depuis belle lurette.
Des enfants juchés à dos de mulet font la navette entre leur domicile et les puits souvent situés en dehors des villages, alors que le niveau de l'eau commence à baisser à cause des grandes chaleurs. Quant aux sources, elles sont asséchées, leur débit étant déjà faible.
C'est le cas par exemple des fontaines de Boufhima et de Tala Béchar, qui soulageaient un tant soit peu les habitants de la ville de Draâ El-Mizan et des localités voisines. Le constat est le même dans les communes de Frikat, de Aïn Zaouïa et d'Aït Yahia Moussa.
Dans cette dernière municipalité, la situation est inextricable, d'autant plus que les forages d'Oued Bougdoura (Draâ Ben Khedda) et de Kantidja, du côté de Aïn Zaouïa, sont à sec. "Peu avant l'été, nous nous sommes réunis avec les responsables concernés. Une digue a été réalisée au niveau de la rivière de Boghni pour renforcer en quelque sorte les forages de Kantidja. Malheureusement, la rivière ne coule plus.
Les forages ne pourront plus satisfaire les besoins de notre population qui s'élève à plus de 5000 habitants", explique de son côté un élu à l'APC d'Aït Yahia Moussa. Alors que les villages alimentés à partir d'Oued Bougdoura (Draâ Ben Khedda), une population estimée à plus de 15 000 habitants, vivent cette crise depuis des lustres.
"On ne peut pas parler du manque d'eau mais de l'inexistence d'eau dans notre versant. Notre seul espoir repose sur la mise en service du barrage de Souk n Tleta, dont les travaux sont toujours à la traîne", estime un membre de la coordination des comités de village de cette commune.

O. Ghilès


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