«C'est au mois d'août que la cigale donne de la voix pour faire mûrir les figues de barbarie», cet adage est venu combler un vide sidéral régnant dans nos campagnes. Le début de ce mois du jeûne s'annonce sous le signe de l'opulence tant existe la bonne récolte. La nature donne raison au cactus pour nous gaver de cette liliacée. Sur les bords de route du littoral, des dizaines de bambins brandissant leurs paniers en osier pleins à craquer de figues. Alertés par la rondeur alléchée de ce fruit, les passants, vaincus par la torpeur et l'épreuve du jeûne, s'attardent pour arracher à qui mieux le mérite de goûter le premier à ce fruit de passion. A cinq cent dinars le panier de 5 kilos, et nous voilà pris par la tentation d'en ramener plein la malle. L'irrésistible charme de la galette de campagne, concoctée en terre cuite, fait sensation à l'approche de la rupture du jeûne. Un spectacle qui tient d'une Traviata aux couleurs chatoyantes d'étals de fortune embusqués à l'entrée de domaines agricoles. La paysannerie a de beaux restes à faire valoir par ces temps de disette. Les produits de ferme discrètement exhibés font cingler les chaînettes de pots au lait. A l'heure du trait, on se presse vers Douera pour arracher le précieux breuvage du s'hour. Dans cette course effrénée vers les victuailles, les bourses se vident au rythme d'une boulimie marquée par la soif de remporter une victoire sur la faim. Aux premières lueurs de l'aurore nous revoilà partis pour une autre épreuve entamée dans la précipitation. Le pénible début du jeûne s'annonce sous le signe d'un manque à gagner en matière de mérite spirituel.
Posté Le : 01/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bentaleb.
Source : www.horizons.com