Algérie

Le manitou Ould Abbès, la potiche Ouyahia !



Le manitou Ould Abbès, la potiche Ouyahia !
On sait que Djamel Ould Abbès n'est pas une fine mouche. Mais, quelle mouche l'a piqué sur la langue à Aflou ' Peut-être que c'est un moustique piqueur-suceur de Oued Mourra ou de Emtelléfha, du côté de Namous dans les Hauts-Plateaux ' Un diptère qui l'aurait récemment stimulé en disant d'Ahmed Ouyahia, lui, c'est lui, et moi, c'est moi, et même un peu mieux que lui ou plus fort que lui dans le gouvernement. A Aflou où il a posé la première pierre d'un centre de l'enfance, le ministre de la Santé, en conflit ouvert avec Ahmed Ouyahia, s'est hérissé au même niveau de légitimité politique que le Premier ministre. Il l'a ravalé alors à un rang de factotum. Au niveau d'un simple coordonnateur de dossiers techniques, sorte de conjonction de coordination gouvernementale. Dans un factum ahurissant, mêlant attaques, justifications et dénégations, M. Ould Abbès a déclaré que lui et le Premier ministre ont été désignés, de la même manière, au gouvernement, par le président de la République. Et, selon les gazettes unanimes, il a ajouté, avec une superbe assurance, qu'il ne recevait d'ordre que du chef de l'Etat lui-même. Et qu'il est donc le seul responsable d'un secteur dont il ne serait
finalement pas comptable. Comme on disait en patatouète anisé de Bab El Oued, aouah, c'est un coup de zouzguef, un coup de boule à la Zidane ! En se permettant de donner ainsi un coup de pied de l'âne à son Premier ministre, à la veille même d'une visite de travail du chef de l'Etat dans la wilaya de Laghouat, M. Ould Abbés, bruit médiatique récurrent oblige, parasitait ainsi la visite du chef de l'Etat. Du même coup, il interprète, avec beaucoup de liberté, les missions constitutionnelles du Premier ministre. Dans les faits, la mission de M. Ouyahia ne se limite pas seulement à coordonner l'action des ministères. Le président de la République nomme les ministres après l'avoir consulté. Le Premier ministre adopte un plan d'action après consultation du chef de l'Etat. Il exécute et coordonne le plan d'action adopté par l'APN. Il peut demander à l'Assemblée un vote de confiance. Il nomme aux emplois de l'Etat, après approbation du président de la République. Il répartit les attributions entre ministres. Il leur définit une feuille de travail, contrairement aux interprétations fantaisistes de M. Ould Abbès. Chose incroyable, c'est donc un ministre, qui n'est même pas d'Etat, qui délégitime le Premier ministre ! M. Ould Abbès se présente ainsi comme un manitou, un ponte et un mandarin intouchable. Pire qu'une faute de goût, ses propos constituent un forfait politique. Bravade, coup de menton ou rodomontade d'un ministre qui s'est toujours targué d'être un proche du chef de l'Etat, se piquant même d'être dans la proximité bienveillante de ses plus proches' Le moi, c'est moi d'Aflou, rappelle que d'autres ministres ont constitué par le passé une sorte de garde prétorienne politique du chef de l'Etat au gouvernement. Cette avant-garde, formée notamment de Chakib Khellil et de Abdelhamid Temmar fut, en quelque sorte, un Odjak de janissaires surestimant beaucoup la confiance d'un président de la République, dont on connaît le sens fort qu'il donne à la fidèle amitié. Cette manière de faire et de dire, notamment en privé, alimentait des soupçons de clientélisme, de régionalisme et de népotisme. Elle renvoyait une image, au demeurant fausse, d'un chef d'Etat qui serait népotique et qui aurait été élu pour mieux vêtir le costume d'un ploutocrate. A entendre M. Ould Abbès, qui serait un mandataire surpuissant du chef de l'Etat au gouvernement, Ahmed Ouyahia serait, comme le disaient les vieux marins algérois, un tnah. C'est-à-dire une gentille bitte d'amarrage dans le port gouvernemental où un superministre comme M. Ould Abbés serait un vaisseau amiral battant pavillon présidentiel. Ahmed Ouyahia a certes la réputation, surfaite comme toutes les réputations, d'être sans états d'âme et même un tantinet cynique. Mais ce n'est sans doute pas un faire-valoir politique, encore moins le souffre-douleur de quiconque. Ce commis de l'Etat ou du régime, qu'importe, a tout de même un certain sens de la chose publique. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il est, jusqu'à nouvel ordre, le Premier ministre de la République. Peut-être que de mauvais esprits verraient dans le coup de Jarnac d'Aflou le signe subliminal d'une guerre de positions politiques. Guerre entre le vieux FLN dont est issu
Ould Abbès et le RND, son fils extra-utérin que dirige Ahmed Ouyahia. Deux partis désormais concurrents, dont les deux chefs de file sont déjà dans les starting-blocks électoraux. L'acte de déligitimation d'autorité supérieure par un subordonné ministériel, est autre chose que le fumet d'une cuisine politicienne. Il s'exprime dans un domaine très sensible, la Santé. Bien au-delà, il renvoie à l'idée que se fait un ministre de la Constitution de son pays. Un ministre qui pense que sa propre légitimité est supérieure à celle du Premier ministre. Que la légitimité constitutionnelle de ce dernier, à lui conférer par le chef de l'Etat, a finalement la valeur d'une seringue jetable. Pour la simple raison que le ministre de la Santé se réclame de l'autorité et de la confiance du chef de l'Etat.
N. K.


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