Algérie

Le mandat d'arrêt et l'extradition de Khelil pourraient ne pas aboutir - Djilali Hadjadj



Le mandat d'arrêt et l'extradition de Khelil pourraient ne pas aboutir - Djilali Hadjadj
Pour l'Association Algérienne de lutte contre la corruption (AACC), le mandat d'arrêt international émis par l'Algérie contre Chakib Khelil relève beaucoup plus d'un « effet d'annonce » que d'une volonté réelle des autorités algériennes de mettre la main sur l'ex-régent du secteur de l'énergie et des mines.La procédure de mandat d'arrêt par la Justice algérienne contre Chakib Khelil pourrait prendre beaucoup de temps avant qu'elle ne soit effective et il n'existe pas encore en Algérie un réel empressement pour la faire aboutir, selon Djilali Hadjadj, porte-parole de l'AACC et représentant de Transparency International Algérie contacté par Maghreb Emergent. Chakib Khelil bénéficie toujours de la protection au plus haut niveau de l'Etat, c'est-à-dire, le Président de la République, et cette « couverture » pourrait se traduire par le ralentissement de la mise en application de la procédure de mandat d'arrêt international. « Le mandat d'arrêt signé par le Procureur général près la Cour d'Alger Belkacem Zeghmati, doit être validé par le ministère de la Justice, ce qui est loin d'être acquis du fait de la proximité du détenteur de ce portefeuille avec les plus hautes sphères du pouvoir », ajoute Djilali Hadjadj. Même validée, la procédure doit passer par le bureau d'Interpol à Alger qui doit à son tour émettre une « note rouge » et l'envoyer au siège d'Interpol en France pour une diffusion au niveau de toutes les polices du monde adhérentes à Interpol. Autant dire que la procédure pourrait prendre plusieurs semaines ou même des mois avant d'aboutir.
Le casse-tête de l'extradition
Même si le mandat d'arrêt international devient effectif à son encontre, l'extradition de Chakib Khelil n'est pas pour autant acquise car elle dépendra de l'existence d'une convention bilatérale d'extradition avec le pays où l'ex-ministre est exilé. Installé à Washington depuis son départ précipité d'Algérie il y a quelques mois, Chakib Khelil ne serait pas inquiété par les autorités américaines car il n'existe pas de convention d'extradition entre les deux pays. Cependant, il existe un moyen de contourner ce préalable en appliquant les termes de la convention des Nations Unies pour la lutte contre la corruption ratifiée par l'Algérie et les Etats Unis et qui évoque longuement la procédure d'extradition judiciaire. Mais là encore selon Djilali Hadjadj, seule la volonté politique des deux pays peut faire aboutir la procédure.
US citizen ou pas '
Chakib Khelil a-t-il ou non la citoyenneté américaine ' L'information circule depuis de nombreuses années sur les médias et les réseaux sociaux en Algérie mais le concerné s'est abstenu de la démentir. Sauf au lendemain de l'annonce de ce mandat d'arrêt international contre lui. L'ex-ministre de l'énergie a déclaré à des média algériens ne pas détenir la nationalité américaine « ni une nationalité d'un quelconque autre pays » et qu'il a toujours voyagé avec son passeport algérien. Une déclaration que le porte-parole de Transparency International met en doute : « Lorsque nous avions rencontré des officiels à l'ambassade des Etats Unis à Alger, nous avions demandé à ce que la loi américaine de 1997 pénalisant la corruption soit appliquée sur le citoyen américain Chakib Khelil. On nous a répondu que la loi sera appliquée de manière ferme sur tout citoyen américain mais les diplomates n'ont à aucun moment démenti que Khelil était détenteur de la citoyenneté américaine », précise Djilali Hadjadj. Dans ce cas de figure, le citoyen US Chakib Khelil peut tomber dans les filets des juges anticorruption américains qui pourraient enquêter sur l'origine de ses nombreux biens immobiliers acquis à coups de millions de dollars ces dernières années aux Etats Unis et les sommes qu'il détient dans ses comptes bancaires déclarés ou placées dans des paradis fiscaux.
Khelil organise sa riposte
Depuis Washington où il est installé, Chakib Khelil a multiplié les interviews à des médias algériens pour plaider son innocence des accusations de corruption portées contre lui et afficher sa « disponibilité à coopérer avec la justice algérienne ». Dans une sortie médiatique inattendue, L'ex-ministre confirme avoir reçu une convocation de la justice algérienne le 20 mai dernier mais qu'il n'a pas pu y répondre « pour des raisons de santé ». Concernant les lourds soupçons de corruption qui pèsent sur sa personne dans la passation de marchés de plusieurs milliards de dollars au profit de compagnies étrangères, Chakib Khelil fait porter le chapeau aux dirigeants des entreprises publiques Sonatrach et Sonelgaz qui « sont seuls détenteurs des prérogatives pour octroyer des contrats ». « Le ministre n'a aucun pouvoir pour signer des contrats que ce soit pour les services ou les infrastructures », a-t-il déclaré au quotidien arabophone El Khabar dans son édition de mercredi.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)