Algérie

Le mandarinat réduit à sa plus simple expression l'émergence de talents nouveaux



Le mandarinat réduit à sa plus simple expression l'émergence de talents nouveaux
De notre correspondant à Constantine
A. Lemili

Depuis l'indépendance, la scène artistico-culturelle n'a pas connu de changement à Constantine. Et si tant est qu'il ait pu se produire à un moment ou un autre un lifting, celui-ci ne s'est, en général, exprimé qu'au profit des membres d'une même «dynastie », quitte à user de termes grandiloquents d'une success-story.Le malouf, fonds de commerce par excellence, est littéralement dominé par les mêmes clans aussi bien à Constantine que ses environs et le genre aïssaoua venant lui emboîter le pas après qu'il (le genre) se soit découvert une certaine notoriété populaire, alors qu'il n'était jusque-là confiné qu'à des adeptes ' anciennement stigmatisés d'illumination pour ne pas dire de marginalisation ' bien précis. Seule la musique moderne se renouvelait régulièrement au lendemain de l'indépendance avec le foisonnement des groupes, alors que la musique chaabi demeurait quand même l'apanage d'une minorité en raison de considérations arbitraires et réductrices qui consistaient à en faire le genre quasi exclusif de paumés.Depuis 1962, il n'est pas exagéré de soutenir que l'instantané est resté le même également en matière d'arts plastiques et picturaux, cinéma et théâtre. Les uns et les autres, notamment dans les deux dernières disciplines, rétrocédant le monopole exercé à des proches, la famille, les descendants et quelques heureux élus. Un mandarinat qui ne disait pas son nom et face auquel n'existait aucun risque de faille.Avec la domination des genres évoqués, la disparition, par ostracisme, forcée de la musique chaâbi pourtant très prisée par les Constantinois sans distinction d'âge et que réunit toutefois un dénominateur commun : l'hermétisme à d'autres genres, les tentatives d'émergence d'autres modes musicaux, notamment le rock connaîtront des succès ponctuels et trop rapidement éphémères en raison de la sourde opposition des responsables en charge de la culture à toute diversité artistique et culturelle (sic). Seul le jazz allait pouvoir s'imposer après une dizaine d'années de présence forcée et d'entêtement des membres d'une ancienne formation de rock et la parade trouvée via la création d'une association à même de constituer un interlocuteur fiable, viable et surtout pérenne qui ne risquait pas d'être phagocyté par les réactions absurdes d'individus en marge de la modernité.Toutefois, l'histoire étant un éternel recommencement et les mêmes causes, dans la pratique, générant les mêmes effets, depuis l'avènement de Dimajazz, plus aucune autre formation et encore moins de manifestation artistique qui s'inscrirait dans la même veine n'étaient tolérées. Le monopole revenant cette fois-ci, même si c'est de façon virtuelle, à ceux-là mêmes qui ont eu à affronter l'opposition des autres avant d'émerger. Autrement dit, toute initiative pouvait à la limite être autorisée sans pour autant toutefois qu'elle ne vienne empiéter sur les plates-bandes de l'association Limma. La scène théâtrale fonctionne évidemment de la même manière, le cinéma tout autant, et la production télévisuelle ne peut en ce qui la concerne déroger à tout cela plaçant sous la bride tout talent naissant et autres potentialités artistiques. Comme la production est quasi nulle, ce diktat ne peut en aucun cas être remis en cause et pis encore, des personnes qui n'ont que des accointances ponctuelles avec un art donné parviennent à tirer leur épingle du jeu et plus que l'épingle même à profiter de la commémoration du cinquantième anniversaire de l'indépendance pour arracher des projets comme leurs prédécesseurs, des prédateurs en puissance sont arrivés à profiter des cagnottes de «Djazaïr, l'année de l'Algérie en France», de «l'Année de la culture arabe en Algérie», du Panaf, de «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011»,'La nature ayant horreur du vide, il y a lieu de rappeler que quelques imposteurs arrivent à faire leur petit trou parmi cette faune. Histoire juste d'entretenir une sorte d'équilibre naturel et surtout de donner l'impression d'un renouvellement de la scène.




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