Algérie

“Le management qui partage l’information est bien celui qui gagne”



“Le management qui partage l’information est bien celui qui gagne”
M. Abderrahmane Moufek, directeur général de l’INPED et M. Kouider Hadj Brahim, consultant international en management, invités d’El Moudjahid sur le thème de la mondialisation et des nouvelles exigences managériales

“La mondialisation et les nouvelles exigences managériales. Comment l’entreprise algérienne va s’adapter.  La table ronde organisée par El Moudjahid autour de ce thème a regroupé, pour l’évoquer, M. Abderrahmane Moufek, directeur général de l’INPED, et M. Brahim Hadj Kouider, vice-président de la société CAPTI, société de services conseils.
Aujourd’hui la compétition économique ne porte plus sur l’amélioration de l’existant que sur la citation rapide de produits nouveaux.

Une nouvelle figure du manager

Pour incarner l’idée d’innovation, une nouvelle figure du manager s’avère indispensable, une sorte de chef d’orchestre rassemblant des experts de la recherche-développement du marketing, des commerciaux mais aussi des utilisateurs ou des opérationnels exerçant dans le site. Le passage à la recherche innovation-développement serait une priorité pour les entreprises qui s’en tiennent pour l’heure à des recettes plus ou moins classiques.  
Mais la question reste posée de savoir quelles organisations permettront de la favoriser. Pour certains l’innovation, c’est un état d’esprit général qui doit irriguer toute l’entreprise.

Libérer la parole et les comportements

Il faut libérer la parole et le comportement. Il faut également capitaliser sur les hommes, l’enjeu est primordial. La nécessité d’une adéquation entre les besoins des industriels et l’offre en ressources qualifiées est évidente. Ou nous pouvons répondre à cette offre ou nous sortons du marché. Pour d’autres, si l’innovation est sur toutes les lèvres et que tout le monde veut innover, peu nombreux sont pourtant ceux qui savent le faire efficacement parce qu’ils se trompent souvent de priorité. Ce qui est aussi évident dans les nouvelles exigences managériales celles qui sont perçues actuellement, c’est que les entreprises doivent maintenant s’organiser pour entrer dans l’économie du temps réel, c’est-à-dire qu’une entreprise doit être capable de réagir instantanément.

Nouvelles technologies et nouvelles frontières du management

L’impact des technologies, les nouvelles règles financières, le développement durable, le déplacement des frontières du management elles mêmes, constituent, des tendances majeures qui continuent de bouleverser la vie des entreprises et les pratiques managériales elles-mêmes. Internet (entre autres) a apporté plus de transparence dans le monde de l’entreprise. Tout le monde peut désormais obtenir des informations détaillées sur les entreprises, leurs activités, leurs pratiques opérationnelles, leur réputation. Cette transparence a amené les entreprises à se préoccuper non seulement de leurs résultats financiers mais également de leur rôle dans la société (gestion de leur bilan environnemental et social au même titre que leur bilan financier).

Manque de préparation à la gestion du changement

Ce qui est reproché chez nous aujourd’hui c’est que les managers ne sont pas formés de manière suffisamment concrète à la gestion du changement. Favoriser l’adaptation des entreprises pour assurer leur compétence et faciliter la transition de l’encadrement vers des emplois de haute technicité, est le rôle de la formation. L’entrepreneur ou le manager doit être capable de mieux anticiper, susciter et gérer les mutations de l’entreprise au regard des bouleversements perçus sur les marchés.

L’environnement peut réserver des surprises

Pour M. Abderrahmane Moufek, directeur général de l’INPED, le management va très vite être confronté à une situation donnée, à un environnement qui peut réserver des surprises, c’est l’environnement international. Une entreprise solide pourra tenir le coup et amener son projet de mutation à bon port. Pour cela, l’entreprise doit être dotée d’une structure forte qui sache réagir aux sollicitations du marché. Il faut aussi un équipage qui sache maintenir les instruments de pilotage.
Si ces instruments ne fonctionnent pas ou fonctionnent mal, c’est toute l’entreprise qui est affectée.

Une école du management exécutif

Evoquant les instruments du management exécutif, l’orateur souligne que depuis 2009 a été instituée une formation pour préparer des dirigeants d’entreprises, formation assurée par l’INPED. L’école de management exécutif est un projet aujourd’hui maturé avec un partenaire étranger. La formation devrait débuter, selon le directeur général de l’INPED, le 1er semestre 2011. C’est un projet capital pour les entreprises industrielles. Les entreprises doivent être capables dans le futur de fournir des produits de qualité. Le secteur industriel doit pouvoir atteindre 10% du PIB d’ici 2014 et gagner ainsi des parts de marché. Des enveloppes budgétaires conséquentes sont débloquées à ce sujet. L’INPED, s’agissant d’elle, a assuré, depuis sa création en 1967, la formation pour un management intermédiaire (du niveau de maîtrise), les priorités sont allées par la suite vers des masters professionnels dans des spécialités qui permettent à l’entreprise d’évoluer vers de nouvelles exigences, celles qui sont formulées par le marché. L’INPED a démarré une formation en sécurité alimentaire, un master en logistique, c’est un volet extrêmement important. On accompagne, note M. Moufek, les entreprises, en organisation qualité.

Un accompagnement stratégique de l’entreprise

Il s’agit d’un accompagnement stratégique des entreprises. Le rôle du manager c’est d’assurer la cohésion et l’adhésion du groupe à un projet donné et produire donc des synergies. C’est le défi que doivent prendre les dirigeants d’entreprises pour escompter conquérir des parts de marchés et être compétitifs.

Partage et circulation de l’information, moteurs du changement

Pour M. Brahim Hadj Kouider, consultant international, la circulation de l’information, le partage de l’information au sein de l’entreprise, sont aujourd’hui des notions importantes qu’il faut relever. Le but est de faire adhérer les travailleurs, favoriser le changement des mentalités pour parvenir à atteindre les objectifs fixés. Le problème est de savoir utiliser la bonne information. Les nouvelles technologies de l’information ont un rôle essentiel dans le domaine. Elles permettent un décloisonnement au sein de l’entreprise. La manière la plus adéquate va à la formation, note M. Moufek, d’autant que l’on assiste à une accélération de la mondialisation et que la formation peut constituer un puissant levier en matière de mise à niveau des cadres dirigeants, ce sont des impératifs et l’on ne doit plus hésiter.

La mise à niveau, un bond qualitatif

Pour M. Kouider Hadj Brahim, la mise à niveau est un bon qualitatif pour l’entreprise algérienne. Il y a des démarches destinées à aider à conduire le changement dans les mentalités, les comportements. Autre problème qui se pose, comment capitaliser l’information interne pour qu’elle puisse être utilisée par tous. L’autre problématique va à l’intelligence économique, relève M. Moufek, qui rappelle que le monde vit aujourd’hui des conditions d’une véritable guerre économique. Il s’agit pour nos entreprises de ne pas être distancées et de rester à l’affût, se renseigner.

Le renseignement peut être profitable

Le renseignement peut être profitable lors de la prise de décision pour faire face à la concurrence. Parfois, on ne connaît pas très bien la concurrence et l’information recueillie constitue un véritable enjeu. Il s’agit même d’un enjeu stratégique, note M. Moufek. M. Kouider Hadj Brahim, pose de son côté la question de la protection de l’information, là aussi, il s’agit d’un enjeu stratégique qui indique bien que l’on se situe vraiment dans une guerre économique entre le fait d’actionner le renseignement et vouloir protéger l’information au sein de l’entreprise. Changement dans l’organisation, utilisation rationnelle des compétences, circulation de l’information, c’est autour de ces concepts que s’est ordonné, hier, le débat.
Comment bouleverser une organisation jugée archaïque de l’entreprise, à mener celle-ci à se battre à l’international.

Collaboration université-entreprise

M. Moufek insiste sur une nécessaire collaboration université-entreprise pour faire évoluer les comportements. Il ne faut pas hésiter à incorporer des chercheurs étrangers dans les centres de recherche et faire en sorte que nos acteurs économiques essentiels, les entrepreneurs, puissent acquérir le niveau requis pour s’attaquer à l’international. Il y a lieu aussi de chercher des partenaires fiables avec lesquels on peut gagner. L’Algérie dispose de beaucoup d’atouts. Elle a donc l’opportunité d’aller vers le changement.

Accélérer le mouvement

Il faut aujourd’hui accélérer le mouvement. Il s’agit surtout d’un changement organisationnel pour qu’ensemble, les personnes qui composent l’entreprise puissent assurer la transformation. Les normes du management actuel doivent changer dans nos entreprises (système autoritaire). Nous sommes dans un cas de figure, note M. Moufek, une culture où l’on a peur de s’exprimer au sein de l’entreprise. Il faut mettre en confiance les ressources humaines. C’est une nécessité.

Transparence et efficacité

La transparence, l’efficacité sont des données importantes pour la marche de l’entreprise. C’est productif pour l’avenir, on doit accepter le débat au sein de l’entreprise, relève le directeur général de l’INPED. Il s’agit-là de la survie même de l’entreprise. S’agissant d’efficacité, M. Kouider Hadj Brahim répondant aux questions des participants, relève que l’entreprise doit se concentrer sur son métier de base. Le reste peut être sous-traité, c’est un mouvement qui commence à apparaître au sein de nos entreprises, signe d’une certaine évolution. Il faut intéresser aussi les gens à leur carrière, et partant à leur devenir.

Gérer le risque

Concernant l’environnement, il est par définition, imprévisible, turbulent aussi. Le risque est là. C’est complexe, c’est vrai. Il faut donc pouvoir prendre des décisions en assumant les risques.
Le management classique n’est pas, aux yeux de M. Moufek, un management capable d’évoluer dans un environnement marqué par la complexité, comme c’est le cas aujourd’hui. Le management qui partage l’information, c’est bien celui à qui gagne. Flexibilité, capacité de décision rapide. Ces qualités sont requises pour faire évoluer le management. La dépénalisation de l’acte de gestion est saluée par le directeur général de l’INPED comme une grande avancée, c’est une bonne chose, relève M. Moufek.



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