Algérie

le Mali sur un volcan



le Mali sur un volcan
Hier, la tension est montée d’un cran puisque des militaires, excédés par le laxisme du président Amadou Toumani Touré (ATT), ont tiré des coups de feu à Bamako et investi l’Office de la radio télévision malienne (ORTM), selon l’AFP.
C’est là une évolution extrêmement dangereuse dans ce pays instable qui fait face à une rébellion touareg au Nord et à une présence affirmée des éléments d’Al Qaîda. Et c’est précisément pour protester contre l’immobilité du président malien et son clan face à ce qui se passe au Nord que ces militaires on fait parler leurs armes hier dans la capitale malienne. «Nous en avons marre de la situation dans le Nord», a  affirmé à l’AFP l’un de ces militaires, qui étaient plusieurs dizaines dans les rues, tirant des coups de feu en l’air et semant la panique parmi la population. Signe de cette colère, les militaires, qui ont investi l’ORTM qu’ils occupaient à 16h30 GMT, sont des jeunes agissant à visage découvert, d’après la même source.  Ils ont tiré en l’air dans les bâtiments du siège, situé au centre de Bamako, et fait sortir tout le personnel.
D’autres militaires tiraient quelques heures plus tôt, en l’air dans un camp militaire de Kati, ville-garnison, à quinze kilomètres de Bamako pour réclamer eux aussi un armement adapté pour combattre dans le nord. «Nous voulons des munitions pour aller combattre les rebelles touareg, trop, c’est trop», a déclaré un caporal du camp, sous le couvert de l’anonymat. «Le ministre de la Défense est venu ce matin à Kati, mais il ne nous a pas  convaincus», a-t-il ajouté.    La coupe est pleine pour les militaires Pour autant, ce caporal aurait précisé que les soldats ne voulaient pas «le départ du président de la République», Amadou Toumani Touré. «C’est notre président, mais il faut qu’il règle les choses», aurait-il dit d’après l’AFP. Mais faut-il prendre pour argent comptant cette précision, alors que ces miliaires déchaînés ont fait irruption dans les locaux de la radio et la télévision ' 
Si cette incursion n’est pas une tentative de coup d’Etat, elle y ressemble en tout cas.  En effet, si ces militaires ont eu recours à cette démonstration de force, c’est qu’ils sont convaincus que leur «président» ne veut point leur donner des armes et partant régler le conflit au nord du pays avec les touareg. Ceci d’autant plus que ce n’est pas la première fois que l’attitude troublante du président malien est dénoncée. Il y a un mois, des femmes et proches de soldats avaient manifesté dans plusieurs villes maliennes, dont Bamako, pour dénoncer le «silence» sur la situation de ces soldats et la «mollesse du pouvoir» face aux rebelles touareg. ATT n’a pas pour autant bronché malgré le risque de guerre civile et l’émergence d’un émirat d’Al Qaîda sur le pays censé être sous son autorité. Les calculs inavouables d’ATT Mais le président malien a peut-être une raison que les militaires frondeurs ne saisissent pas encore. Ayant épuisé ses deux mandats, Amadou Toumani Touré multiplie les manipulations et souffle sur les braises communautaires pour reporter sine die l’élection présidentielle et pourquoi pas triturer la Constitution pour s’offrir un troisième mandat.
L’enjeu pour lui est de se présenter comme le garant de la stabilité et de «l’unité» du Mali, en y jouant justement sur la menace de scission. Le fait est que les militaires maliens sont envoyés depuis le 17 janvier guerroyer les mains nues avec les rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) qui eux le sont lourdement grâce aux arsenaux récupérés de chez El Gueddafi. Un autre mouvement islamiste armé touareg, Ançar Dine (défenseurs de l’islam), qui veut imposer la charia (loi islamique) au Mali par la lutte armée, a affirmé contrôler trois villes dans le nord-est du pays, près de la frontière algérienne, à savoir Tinzawaten, Tessalit et Aguelhok. Pendant ce temps, ATT, retranché dans sa forteresse à Bamako, suit tranquillement le spectacle comme s’il s’agissait d’un autre pays. Ce sont plutôt ses voisins, notamment l’Algérie, qui tentent d’éteindre le feu en envoyant des aides humanitaires et même des armes pour stopper la sédition du Nord et faire échec à une volonté de créer un Etat «croupion» avec toutes les conséquences néfastes que cela puisse avoir sur la sécurité dans toute la sous-région du Sahel et du Sahara. Mais ATT et ses soutiens internes et externes ont manifestement d’autres calculs qui ne sont pas avouables.


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