La sécurité des frontières algéro-maliennes, le contrôle plus draconien de cette large bande frontalière de quelque 1.376 km et, surtout, la gestion de la rébellion touarègue qui empoisonne le pouvoir à Bamako ont été au menu des entretiens mercredi à Alger du ministre de la Défense malien et le président Bouteflika. Selon le ministre malien de la Défense, M. Natité Plea, l'Algérie et le Mali ont décidé de mener des actions concertées pour «la sécurité de leurs frontières communes, en vue de les gérer ensemble». Il a précisé avoir évoqué avec les responsables algériens, dont le ministre délégué à la Défense, M. A.Guenaïzia, la sécurité des frontières des deux pays ainsi que les moyens à mettre en oeuvre pour gérer «ce problème très sensible». La présence à Alger du ministre malien de la Défense, quelques jours après celle du chef de la diplomatie malienne, intervient dans une conjoncture assez particulière qui prévaut dans les régions du nord du Mali. La rébellion touarègue avait repris le chemin de la guérilla, avec des combats très violents entre troupes gouvernementales et Touaregs appartenant au groupe de Ibrahim Ag Bahanga. En fait, c'est pratiquement toute la zone du nord du mali qui pose aujourd'hui problème. Une vaste zone difficile à contrôler, sinon à gérer, d'autant qu'elle constitue, selon des agences du renseignement occidentales, une des bases arrière de réseaux terroristes affiliés à Al-Qaïda. Mais, la visite du ministre malien de la Défense, après celles de plusieurs responsables maliens au cours de ces six derniers mois, est directement liée à la dissidence touarègue. Selon des spécialistes des questions africaines, le gouvernement malien serait actuellement préoccupé par l'émergence d'une seconde dissidence malienne (MNJ) dans le nord du pays. Une préoccupation de plus alors que les combats font rage dans cette partie du pays d'où près d'un millier de Touaregs ont fui vers le Burkina Faso. La situation serait très instable, selon des réfugiés touaregs. «C'est l'insécurité et la peur qui nous ont fait fuir vers le Burkina. Nous avons vécu la même situation il y a quelques années. Quand il y a un début de conflit, nous préférons partir», souligne Mohamed Ben Nayni, hébergé avec 200 autres réfugiés au stade du 4-Août à Ouagadougou. La reprise des combats entre troupes gouvernementales et dissidence touarègue explique, d'autre part, le voyage algérien du ministre malien de la Défense. Une visite qui intervient, d'autre part, au lendemain de l'escale algérienne de la ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, qui a confirmé mardi avoir effectué une brève visite au Mali et en Algérie «ces derniers jours» pour parler de l'enlèvement de deux Autrichiens par Al-Qaïda en février en Tunisie. Car l'affaire des deux otages autrichiens qui auraient été kidnappés par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb, l'ex-GSPC, et cachés au nord du Mali, dans la zone de Kidal, donne une tournure particulière aux derniers événements enregistrés dans la région. Une région devenue un croisement de groupuscules terroristes, dissidents politiques, trafiquants de drogue et bandits de grands chemins. Mais, la région, à cheval sur tout le Sahel, intéresse également, et au plus haut point, les responsables militaires américains qui voudraient trouver un «point d'appui» pour pénétrer dans la zone et intervenir directement, militairement à travers le projet de l'Africom, contre les réseaux terroristes qui s'y réfugient. Le nord du mali n'a pas encore révélé tous ses secrets, même si à Bamako on compte énormément sur l'intervention d'Alger pour contrôler, au moins, la dissidence touarègue.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 05/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Babès
Source : www.lequotidien-oran.com