Algérie

LE MALADE, UNE ABSTRACTION


LE MALADE, UNE ABSTRACTION
Quand on engage un bras de fer dans un secteur comme la santé - cela vaut pour d'autres secteurs -, on n'est jamais dans une situation de tête à tête. Les protagonistes du conflit, ici l'Intersyndicale de la santé et le ministère, font directement face à l'opinion qu'incarnent dans la douleur, la peine et parfois la rage les usagers. Le service minimum est assuré, affirme-t-on, et des témoignages assez concordants montrent qu'il n'en est pas toujours le cas. Et surtout les syndicalistes comme la tutelle ne doivent pas trop se leurrer sur la portée des mots. Le service minimum ne veut rien dire pour un malade qui attend depuis de très longs mois un rendez-vous et qui se retrouve contraint de nouveau à l'attente.
Le secteur de la santé n'a pas été rendu malade par cette énième grève, il l'est de manière structurelle. Entre mauvaise gestion, pratiques malhonnêtes - où des praticiens ne font pas leur travail dans la structure publique pour renvoyer les malades vers le privé -, il s'est développé une routine de dégradation. Que même l'injection d'argent n'entrave pas. Et pour cause, ce sont souvent des dépenses de gaspillage. Certains professionnels le disent depuis des années dans le désert des insensibilités, le système de santé est organisé sur un mode de consommation des budgets dont profitent les vendeurs de médicaments et d'équipements et, très logiquement, les «acheteurs». Cela fait des années que le secteur est régulièrement secoué de conflits en tout genre. Et on a beau comprendre que le secteur de la santé n'échappe pas, lui non plus, à la revendication salariale, on a de la peine à percevoir une cohérence.
Chacun se défend en somme avec ses capacités de nuisance. Les syndicats par la grève, le ministre de la Santé par la menace avec le très vieil argument qu'on «ne discute qu'avec les syndicats agréés». Le seul qui ne peut pas se défendre dans cette partie qui se répète trop souvent, c'est le malade… «Le malade est devenu un intrus dans le système, il n'est pas l'objet! L'objet est : nous avons un budget, il faut le dépenser, on va se faire plaisir…». Le constat du professeur Farid Chaoui est confirmé, une fois de plus. Les malades, les usagers des structures de santé publique n'ont aucune capacité d'influer sur le fonctionnement d'un système où ils ne sont en définitive que des alibis. La situation dépasse les femmes et les hommes du secteur où certains font preuve d'une abnégation héroïque dans un système devenu fou.
D'UN COTE, LE SYSTEME DE SANTE PUBLIQUE MIS LABORIEUSEMENT EN PLACE DEPUIS L'INDEPENDANCE EST LAISSE DANS UNE PENTE DE DEGRADATION. DANS LE MEME TEMPS, LE SECTEUR PRIVE SE DEVELOPPE EN DEHORS DE TOUT ENCADREMENT ET BIEN SOUVENT IL «VIT» EN SANGSUE SUR LE SECTEUR PUBLIC. DES MALADES A QUI ON EXPLIQUE CRUMENT DANS UNE STRUCTURE PUBLIQUE QUE POUR ETRE SOIGNE IL FAUT ALLER AU PRIVE, CELA N'A RIEN D'UNE RARETE. NON SEULEMENT IL SE DEVELOPPE UNE SANTE A DEUX VITESSES, MAIS DANS LA STRUCTURE DE «SECONDE VITESSE» QUE SONT EN TRAIN DE DEVENIR LES STRUCTURES PUBLIQUES, ON EST MAL SOIGNE. DANS CE BRAS DE FER ENTRE SYNDICAT ET MINISTERE, LES MALADES NE SONT MEME PAS DES OTAGES. ILS N'EXISTENT TOUT SIMPLEMENT PAS CHEZ LES PROTAGONISTES, ILS NE SONT QU'UNE ABSTRACTION QU'ON AGITE REGULIEREMENT COMME ALIBI.
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