Algérie

«Le malade algérien a perdu sa dignité» Saïda Benhabylès dresse un tableau noir sur la santé :


Après les multiples appels lancés par les associations de malades et les médecins des structures de la santé publique, c'est au tour des acteurs de la société civile de dénoncer la situation «dramatique» et «chaotique» du système de santé en Algérie. Saïda Benhabylès, présidente de l'Association pour la promotion de la femme rurale (APFR), se joint à ses appels et dénonce le «décalage flagrant» existant entre la volonté et les moyens octroyés à ce secteur et la situation qui prévaut au niveau des structures de la santé.
«La santé fait partie des préoccupations quotidiennes des Algériens et de mes préoccupations en tant que présidente d'association. Les gens m'interpellent de toutes les régions du pays pour m'exposer leurs problèmes de santé et la situation déplorable qu'ils vivent dans les hôpitaux à travers le territoire national. Ils demandent de l'aide, de l'assistance et de l'intervention pour avoir accès aux soins. On ne peut plus répondre à tous ces appels car le système mis en place est défaillant.
C'est un système dépourvu des capacités nécessaires à prendre en charge correctement des malades en souffrance», a-t-elle déclaré. Mme Benhabylès a saisi l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme rurale pour alerter sur les «problèmes monstres et sérieux qui guettent la vie du malade algérien».
«J'ai eu honte d'affronter les milliers de familles et de femmes qui m'ont sollicité ces derniers mois pour solutionner leurs problèmes de santé car je ne peux plus trouver de répondant.
Tout est en panne et rien ne fonctionne normalement. C'est pour cela que j'ai saisi cette occasion pour exposer et alerter sur la situation catastrophe de la santé de notre pays», a-t-elle ajouté. La présidente de l'APFR dénonce le décalage énorme existant entre les moyens existants et la réalité sur le terrain.
«Nous avons les moyens matériels, la volonté politique pour prendre en charge correctement la santé du citoyen algérien de façon à garantir sa dignité. Nous avons les compétences avérées en la matière vue que nos médecins ont fait preuve d'un grand professionnalisme, alors, pourquoi arrive-t-on aujourd'hui à connaître des situations de pénuries récurrentes des médicaments et d'absence de produits et matériels de soins au sein des hôpitaux '
C'est le paradoxe», s'est-elle outrée. La situation des malades cancéreux est déplorable. «Les enfants et les femmes sont les premiers victimes de cette situation de laisser-aller.
Je ne comprends pas comment peut-on admettre de laisser attendre un malade dont l'état nécessite une radiothérapie huit mois ou un an. Le plus grave c'est que c'est le ministre de la Santé qui déclare et reconnaît cette défaillance flagrante et ose demander aux patients d'attendre jusqu'à 2014.
C'est inadmissible, c'est inhumain, c'est catastrophique. La vie de l'Algérien n'a plus aucune considération et sa dignité est complètement bafouée», a t-elle ajouté. Mme Benhabylès affirme qu'en dehors des grandes villes, les malades souffrent d'un manque flagrant de médecins spécialistes et de matériels.
«La situation à Chlef est déplorable. Le centre d'Ouargla est saturé. On demande aux malades d'aller à Laghouat mais ils sont mal accueillis et ne bénéficient d'aucune assistance», a-t-elle ajouté. La mauvaise gestion de ce secteur est, selon Mme Benhabylès, le principal facteur induisant à cette situation dramatique. «Il y a mauvaise gestion et le fait que nos responsables sont très loin de ce qui se passe sur le terrain.»
Le système de sécurité sociale à l'index
La présidente de l'APFR dénonce aussi le système de la sécurité sociale qui exclut les couches vulnérables de toutes les aides nécessaires entrant dans le cadre de la santé. «Les gens n'ont pas de quoi acheter les médicaments. Ils se privent des remèdes essentiels et indispensables pour le traitement.
Ils ne peuvent pas se permettre des interventions dans des cliniques privées au vu des prix excessifs exigés. Tout cela parce qu'ils ne bénéficient d'aucune protection sociale.
Et l'Etat est absent dans ce domaine. On laisse les gens mourir sans avoir mal à la conscience. Il n'y a plus aucun respect pour le malade.» Mme Benhabylès est catégorique.
«Je n'interpelle pas le président Bouteflika mais j'interpelle les ministres chargés de mettre en exécution le programme de santé, de solidarité et de sécurité sociale. Les choses doivent bouger pour instaurer une véritable dynamique dans ce secteur autrement c'est la catastrophe», a-t-elle conclu.
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