Ons'en souvient tous : à l'époque duvolontariat islamiste pour faire la guerre aux Américains en Irak, le pire quipouvait arriver à un Djihadiste, ce n'était pas de sefaire prendre par les Américains mais par les services d'un pays « frère ». Là,le Guantanamo de la coopération sécuritaire entre « frères » était invisible, inhumain,sans repas et sans appel. La solidarité entre régimes arabes est telle, quelorsqu'un ressortissant arabe se fait embarquer, torturer, tabasser puisrelaxer sans excuses, son régime de tutelle fait tout pour minimiser l'incident,réaffirmer la fraternité et la bonne amitié et promettre des enquêtes sanssuite. Il y a même une touchante hypocrisie de mise entre officiels qui, enaltitude, insistent sur leurs bonnes relations, à chaque fois qu'un Arabe sefait menotter sans politesse dans un pays frère. En Algérie par exemple, leschroniques sur des arrestations arbitraires et des maltraitances récurrentessur la personne des Algériens qui ont eu le malheur de trébucher en Libye, enEgypte ou en Tunisie, abondent mais n'ébranlent en rien la « fraternité »discursive des régimes et leur confiance mutuelle en leurs amitiés. Chaquerégime arabe, convaincu que le peuple du voisin vaut ce que vaut son peuple, c'est-à-direrien, ne se sent pas gêné de traiter les ressortissants du voisin comme iltraite ses propres délinquants ou pire, avec l'excusede la lutte contre le complot extérieur.Lalutte antiterroriste permettant tout, elle permet, aujourd'hui, d'habillerd'impératifs sécuritaires une sorte de violence consanguine, produit dérivéd'une fraternité arabe étouffante et d'une courtisanerie haletante au pas deporte de l'Occident.Ala base, une psychologie de haine du voisin et « frère », palliatif de la hainedu Puissant contre lequel on ne peut rien, le sentiment qu'on a déjà trop àfaire à surveiller son propre peuple, le sentiment que le pire des étrangersest celui qui prétexte de l'arabité pour venir « chez nous » poser ses bombes ousa barbe et l'envie irrépressible de fournir du gibier à la Global Waret de la monnaie d'échange au régime voisin.Lerésultat étant ces comportements de haine entre « frères », incompréhensiblesvus à travers l'histoire ou les Tv officielles, encomplet déphasage avec les « politiques étrangères » de ces pays, consacrées àvendre leurs images, leurs « Etats » et leurs diplomaties herbivores face àl'Occident. Oubliant que rien n'exprime mieux la déliquescence d'une nation, lafin de la communauté et la déshérence que ce sentiment de ne pas être protégépar son pays lorsqu'on est ailleurs, vulnérable et ne dépendant plus que del'aura supposé de la couleur de son passeport. Que l'on soit bon touriste ouhooligan saccageur, une nationalité et l'Etat qui s'en réclame doivent d'abordvous protéger avant de vous faire juger. En Occident, vous pouvez risquer lecharter, le centre de reconduction ou la prison, mais entre Arabes, vousrisquez pire : d'abord la déception de votre arabité, la haine de soi qu'al'Arabe de lui-même et qu'il fait payer à celui qui lui ressemble le plus, etla coopération entre régimes fondée sur le déni des droits, règle majeure desrégimes de mépris.
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Posté Le : 01/03/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Daoud
Source : www.lequotidien-oran.com