Autour du bey se groupaient les grands fonctionnaires du gouvernement ou makhzen. Les voici avec leurs principales attributions :
- Le Khalifa. Il avait dans son département les affaires des outans (districts de la plaine), et son autorité s'étendait sur toute la province. Sous ses ordres étaient les kaïds. Il disposait de toutes les milices régulières pour percevoir les impôts et maintenir les populations dans l'obéissance. Deux fois par an, au printemps et à l'automne, il devait se rendre à Alger pour y porter le denouche, quand le bey n'y allait pas en personne. Il avait sous son administration directe neuf tribus qui fournissaient 200 cavaliers. (A Alger, ces fonctions étaient dévolues à l'agha)
- Le kaïd dar. Il était chargé de l'administration et de la police de la ville, fournissait à la milice ses provisions mensuelles, équipait les troupes quand elles entraient en campagne, administrait la plus grande partie des propriétés rurales appartenant au beylik, et les immeubles confisqués situés dans la ville. Il présidait à l'emmagasinement des grains provenant de l'achoura et à la réception de la paille, de l'huile, du saindoux, du bois à brûler et des autres redevances dues à l'Etat par les contribuables. C'était par ses soins que se faisaient toutes les fournitures de vivres aux employés des mosquées et autres fonctionnaires de la ville. Enfin il était juge, à l'exclusion même du bey, de tous les délits et crimes commis dans la ville, et pouvait infliger indistinctement la bastonnade ou l'amende. Les crimes entraînant peine de mort soumis au bey.
- Le neggad (trésorier). Il réunissait dans sa main tous les services financiers, présidait à toutes les dépenses et surveillait la levée et la rentrée des impôts, ainsi que la composition du denouche.
- L'agha ed deïra ou commandant des deïra. C'était l'un des chefs des cavaliers du makhzen. Il avait le commandement des goums en campagne, et était chargé de tout ce qui concernait ces troupes irrégulières. Il administrait trente neuf tribus et avait des drapeaux particuliers, Souvent en lui confiait de petites expéditions contre les tribus coupables.
- Le bach kateb, ou secrétaire général. Il rédigeait les dépêches les plus importantes de la politique du bey, tenait le registre des recettes de toute nature en argent, chevaux, mulets, bal troupeaux, etc.... opérées sur toute la province, inscrivait leurs sorties, contrôlait les lettres écrites par les autres secrétaires et y apposait le sceau du prince. Il écrivait également les dépêches pour la nomination des autres fonctionnaires, et administrait au dehors un apanage très considérable, composé de vingt trois tribus. Il était assisté de trois sous secrétaires chargés de la rédaction des procès verbaux dans les affaires soumises à la justice du bey, et de la correspondance générale avec les cheikhs et les kaïds.
- Le bach seyar, chef des estafettes. Il portait à Alger les dépêches du bey au pacha, les lui remettait en personne et recevait les communications auxquelles elles pouvaient donner lieu. Il accompagnait aussi le Khalifa, chaque fois que celui ci allait verser le denouche.
- Le bach saïs. Il avait sous sa surveillance tout ce qui concernait la garde, l'entretien et la protection des chevaux et juments appartenant au beylik.
- Les chaouch el Koursi, ou chaouch du trône. Ils étaient au nombre de deux, Turcs d'origine, et remplissaient les fonctions de bourreaux. Quand le bey sortait, ils marchaient immédiatement devant lui et donnaient à la foule le salut en son nom. Etranges intermédiaires pour échanger entre un souverain et ses sujets le signe de paix et d'amour. Ce trait caractérise à lui seul la politique turc.
Ces dignitaires, portaient le nom de mekhazeni (hommes du gouvernement). Ils avaient le droit d'approcher le bey de l'accompagner dans toutes ses sorties ; ils formaient son conseil privé, et leur assistance était obligatoire quand il rendait la justice.
Faisaient aussi partie du makhzen :
- le kaïd el aouassi (des Heracta),
- le kaïd Ez zmala (des Zmoul),
- le bach hamba, dignité empruntée à la Cour de Tunis par Hadj Ahmed bey, pour donner une position à son favori Ben Aïssa.
Les Hamba, à Tunis, sont des espèces de gendarmes dont la création remonte au bey Mohamed Tabak, qui, dès son entrée au pouvoir, en 1678, choisit 400 soldats de la milice pour s'en former une garde particulière qu'il caserna prés de lui. (Voir les Annales Tunisiennes, par Alphonse Rousseau, p 61)
Au dessous de ces hauts fonctionnaires, qui composaient l'administration supérieure de la province, venaient se grouper d'autres employés d'un rang inférieur qui ne faisaient point partie du conseil, et avec lesquels le bey ne communiquait directement que lorsqu'il avait quelque ordre personnel à leur transmettre.
- L'agha es sbahïa, commandant les spahis et ayant sous ses ordres immédiats plusieurs chaouchs remplissant le rôle d'adjudants.
- Le chaouch mahallet es cheta, chargé de distribuer aux troupes composant la colonne d'hiver tous leurs approvisionnements en vivres, tentes, bois, etc.... qu'il recevait directement lui même du kaïd dar.
- Le bach allam, chef des porte étendards, lesquels étaient au nombre de sept et marchaient immédiatement après le bey, quand il allait en colonne. Il avait la jouissance d'un azel à Oued Zenati.
- Le bach tobbal, chef des tambours. Ils sortaient avec les porte-étendards et marchaient à la suite.
- Le bach mekahéli, chef de la garde particulière du bey. Il portait les armes du souverain dans les cérémonies publiques, et commandait aux cavaliers en service permanent auprès de sa personne. Sept tribus formaient son apanage.
- Le bach khaznadji, préposé à la surveillance des convois destinés au transport de l'argent provenant des impôts, et chargé de tenir prêtes, à chaque étape, les bêtes de somme nécessaires pour les bagages du bey, quand il était en campagne.
- Le bach manga, pourvoyeur des bêtes de somme sur lesquelles on faisait monter l'infanterie, quand le bey voulait exécuter une razzia à l'improviste.
- Le kaïd mohor bacha, appelé aussi khojet el kheïl, chargé d'activer la marche des chevaux et des mulets, Il accompagnait le Khalifa à Alger, quand celui ci allait verser le denouche du printemps, et était chargé du transport des bagages de la colonne partant alors de cette ville pour venir tenir garnison à Qacentina.
- Le bach serradj, chef des écuries du bey. A lui était réservé l'honneur de tenir l'étrier lorsque le prince montait à cheval. Il administrait cinq tribus.
Les serviteurs du palais étaient :
- Le kaïd el maksoura, intendant du palais ;
- Le bach ferrache, chef des tentiers ;
- Le kaïd el djebira, chargé du soin du portefeuille, sorte de sabretache appendue à la selle du bey ;
- Le kaïd es siouana, chargé de porter le parasol ;
- Le kaïd es sebsi, chargé de la pipe ;
- Le kaïd et tassa, portant la tasse en argent dans laquelle buvait le bey en voyage ;
- Le bach kahouadji, ayant le privilège de servir le café ;
- Le kaïd ed driba, premier portier, eunuque, noir le plus souvent.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 06/06/2009
Posté par : nassima-v
Ecrit par : M. Chetti
Source : beystory.free.fr