Algérie

Le maire fait don de 20 ha à sa commune pour la réalisation d'une zone d'activités


Parce que les ressources budgétaires de sa commune sont insignifiantes en termes de recettes fiscales et patrimoniales (ses biens immobiliers loués), ce qui en fait l'une des plus pauvres du pays, le maire de Sidi Ouriache (50 km à l'extrême ouest du chef-lieu de wilaya) a convaincu sa famille de faire don de 20 ha afin de l'aider à se passer de la quasi-dépendance des subsides de l'Etat.Son geste n'est pas commun pour ne pas être relevé. Il s'agit de Benamar Fethi, fraîchement réélu, qui a obtenu de ses proches parents, héritiers communs d'un terrain à faible potentiel agricole de 40 ha d'en léguer la moitié à la commune. L'idée est que, sur cet espace d'un faible potentiel agricole, soit érigée une zone d'activités pourvoyeuse de fiscalité d'une part et qui, d'autre part, valoriserait les produits agricoles locaux par l'implantation d'une agro-industrie.
Il s'agit des produits de la daïra d'Oulhaça dont elle est la seconde commune avec celle d'Oulhaca Ghraba. Il se trouve que les carottes, pois chiches, haricots verts, petits pois et oignons de cette zone montagneuse sont très prisés par les mandataires qui viennent jusque des wilayas du centre et de l'est du pays. La qualité de cette production, et le fait d'être essentiellement bio, sans intrant chimique, a attiré l'attention de l'Union européenne pour lui attribuer un label de produit du terroir et la valoriser.
Son projet entre dans le cadre d'un accord algéro-européen sur un programme dit ENPARD auquel notre pays participe pour moitié à son financement, soit une quote-part de dix millions d'euros. Ainsi, l'initiative du maire participera à donner plus d'assise à ce projet. Il n'est pas sans intérêt de noter qu'à Oulhaça qui couvre 6987 ha dont 5200 à fort potentiel et 640 irrigués, il n'existe presque pas d'emplois hors agriculture.
Ses terres volcaniques en montagne et alluvionnaires au bord de la Tafna sont très fertiles. Elles sont privées à 83% contrairement au reste du Témouchentois où l'essentiel des superficies sont publiques. En outre, toutes les propriétés sont de moins de 5 ha. Autre fait saillant, les agriculteurs n'ont commencé à bénéficier des aides étatiques que lors de la dernière décennie et la révolution agraire, avec ses travers, n'y a pas été appliquée.
C'est dire si, ici, le compter-sur-soi a toujours été de rigueur : Oulhaça est le seul lieu du Témouchentois où on recourt toujours aux baudets pour les travaux agricoles. Chaque mètre carré est exploité, ce qui explique pourquoi, en termes de richesse agricole (11 milliards de DA), selon les estimations de la DSA, Oulhaça dépasse chacune des huit autres daïras dont pourtant certaines sont en plaine où le machinisme est de rigueur. Dans sa plaidoirie à l'adresse du chef de l'exécutif de wilaya, à l'occasion d'une réunion à Oulhaça, le maire a avancé à titre d'exemple : «La maison du lait, une entreprise à Remchi, daïra voisine à Tlemcen, est implantée sur seulement 2000 m2.
Elle a occasionné 30 emplois directs et 30 autres indirects plus la perception de la TAP pour la commune. Pour nous, c'est énorme ! On pourrait créer la même sur la zone d'activités que je propose. Nos 533 vaches laitières produisent annuellement 1,64 million de litres. Pourquoi ce lait va à Maghnia, Sebdou et Remchi ' Pourquoi la plus-value que produit notre agriculture en général va à 70% ailleurs ' Notre réputé haricot vert produit en saison (février, mars, avril) est vendu à un prix insignifiant (30 DA) au point que les agriculteurs commencent à s'en détourner alors que, durant l'année, le haricot produit en serre varie entre 120 et 300 DA.
Le même haricot que le nôtre, produit dans un pays africain, juste conditionné, se vend à 1 euro les 500 g en Europe. Nous, on se suffira du marché algérien».
Au terme de la réunion avec les élus, le wali a donné son accord pour l'ouverture d'un marché du gros sur 6 à 7 ha des 20 ha qui devraient être légués à la commune et promis d'étudier la question de l'érection d'une zone d'activités.
Par ailleurs, il a été recommandé au maire d'améliorer la situation des finances communales en valorisant les prix de location des biens communaux et d'introduire la polyvalence chez ses 55 employés communaux de façon à potentialiser leur rendement.
A cet égard, signalons que le budget communal qui ne peut couvrir que 5 mois de leurs salaires, est soutenu par le budget de l'Etat pour ses dépenses obligatoires.
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