Algérie

Le maire



Le maire
«Le ridicule ne tue pas.» Surtout en Algérie où quand tout va de travers, on se suffit d'invoquer une phrase magique «Allah ghaleb, c'est ça ton pays». Mais qu'est ce que cela signifie ' La question se pose sérieusement lorsqu'il est constaté un fouillis indescriptible au sein des administrations. Quelle en est la cause réelle ' Est-ce l'incompétence des gestionnaires ou le manque de pouvoir de ces derniers 'La question mérite d'être posée notamment pour les communes, symboles de proximité avec les citoyens, mais qui ont toujours été décriées et contestées en Algérie. Les carences dont souffrent les collectivités locales et la qualité de service médiocre d'une grande partie expliquent le mécontentement populaire. Le mauvais état des routes, les coupures de courant électrique, le raccordement au réseau de gaz de ville, l'éclairage public, le non accueil des citoyens... ont été à l'origine de multiples émeutes.À chaque fois, les APC et leurs responsables sont mis au banc des accusés, mais sont-ils réellement les responsables de cet état de déliquescence ' Ces derniers n'arrêtent pas d'affirmer que leurs pouvoirs sont limités par un arsenal réglementaire qui les empêche d'assumer leurs fonctions. De son côté, le pouvoir central blâme les élus et les accuse de ne pas assumer leurs responsabilités. Seule victime de cette polémique qui n'en finit jamais : le citoyen. Il faut reconnaître que le Code communal, adopté en 2011, réduit les prérogatives du président de l'Assemblée populaire communale. Mais, il faut aussi dire que la raison de cette centralisation fait suite, évidemment, aux nombreux scandales qui ont entaché la gestion des communes. Mais est-ce une solution que de tout centraliser ' Dans l'actuel Code communal, il est indiqué dans le chapitre intitulé «de la responsabilité de la commune» que la responsabilité personnelle du président de la commune est engagée en cas de «dommages subis par la commune et/ou par des citoyens lorsqu'il est établi que le président de l'Assemblée populaire communale n'a pas pris de mesures de précaution découlant des attributions qui lui sont dévolues par les lois et règlements en vigueur, pour prévenir et éviter le dommage». Il est également fait état de l'engagement par le président d'APC de sa responsabilité civile et pénale «lorsqu'il prend une décision passant outre le ou les avis réglementaires émanant des services techniques ou administratifs légalement habilités à se prononcer sur cette décision...».Ce qui va sûrement amener les maires à réfléchir à deux fois avant de passer outre la réglementation. Pour contrôler les décisions des maires, il a été introduit un article qui stipule que «ne sont exécutoires qu'après avoir été approuvées par le wali les délibérations portant sur les budgets et comptes et sur la création de services et d'établissements publics communaux». Un autre article impose un plus large contrôle du wali sur les délibérations. Ainsi, les délibérations portant sur «les aliénations, les acquisitions ou les échanges d'immeubles, les emprunts, l'acceptation des dons et legs, la passation des marchés publics, l'intercommunalité, le vote de défiance entraînant le retrait de confiance au président d'APC...» ne sont exécutoires qu'après approbation du wali. Ce qui confirme encore une fois que la mauvaise gestion des APC et l'implication de nombreux élus dans des scandales obligent l'Etat à mettre des balises à tous les niveaux. En plus de cette réduction de pouvoir, les maires font face à un autre problème : le manque de ressources financières. Les communes doivent gérer l'enveloppe allouée par l'Etat et il est impossible pour leurs dirigeants d'initier un quelconque projet. Ils peuvent certes en proposer, mais l'acceptation des projets reste du domaine exclusif du pouvoir central. Certes, le contrôle et les balises sont importants car tous les élus ne sont pas intègres, mais ceux qui le sont et qui sont en plus compétents, se retrouvent muselés, entravés et incapables de créer les opportunités nécessaires pour le développement de leur commune. Si les compétences des uns et des autres ne peuvent être rentables et avantageuses pour la gestion d'une commune, il sera plus commode pour l'administration de nommer à la tête des communes un exécutant dont la discipline va pleinement la satisfaire. Ce qui permettra au moins dans ce cas-là, si jamais la commune ne remplit toujours pas sa mission, au citoyen de reconnaître clairement les responsables.H. Y.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)