Algérie

"Le maintien de la présidentielle installera une véritable crise"



Le défenseur des droits de l'homme estime que la solution en dehors de la Constitution devient quasi inévitable même si elle est rejetée par les tenants du système."Maintenir, contre vents et marées, l'élection présidentielle du 4 juillet qui, objectivement ne peut être tenue dès lors que 22 millions d'électeurs la rejettent, risque d'installer le pays dans une véritable crise. Celle-ci ne fera que s'approfondir davantage et affecter tout le monde", a estimé Me Mustapha Bouchachi qui a pris part, vendredi soir, à Yakourène, au Forum des libertés qu'organise la coalition de la société civile de Tizi Ouzou.
"Une telle élection, si elle venait à être maintenue, ne ferait, d'un côté, que maintenir ce système dont le peuple demande le départ, et, d'un autre côté, que produire un président faible qui ne pourrait être qu'une marionnette comme cela se fait depuis 1962 et, pis encore, qui ne pourrait pas gouverner, à l'image de Bensalah aujourd'hui. Cet état de fait ne va, ainsi, rien changer à la crise", a estimé Me Bouchachi considérant que les défenseurs de cette feuille de route "font perdre du temps au pays pour rien". La raison ' Me Bouchachi dit être convaincu qu'"il est tout simplement impossible d'organiser une élection présidentielle le 4 juillet". "Le délai de dépôt des candidatures sera clos dans dix jours et personne ne déposera sa candidature. D'un côté, l'opposition a appelé au rejet de cette élection et, d'un autre, je ne pense pas qu'il y ait un seul candidat qui osera déposer son dossier tout en sachant que 90% du peuple algérien est contre cette élection", a-t-il martelé convaincu que la transition deviendra inéluctable à partir du 9 juillet. "Après le 9 juillet, le mandat du chef de l'Etat arrivera à expiration et il n'aura plus aucune prérogative constitutionnelle. Après cela, nous irons vers la mise en place des mécanismes de transition, à savoir une présidence collégiale et un gouvernement", a-t-il présenté comme scénario le plus plausible. En d'autres termes, Me Bouchachi estime que la solution en dehors de la Constitution devient quasi inévitable même si elle est rejetée par les tenants du système.
"De toute façon, même s'ils nous disent qu'il ne faut pas sortir de la Constitution pour ne pas créer un vide, nous sommes déjà en dehors de la Constitution depuis six ans", a développé ce militant des droits de l'Homme, rappelant, dans ce sillage, que "tout le monde sait que le frère de l'ex-président déambulait avec le cachet de la Présidence dans la poche, désignait des personnes et octroyait des marchés à ceux qu'il aime". "Après cela, personne ne peut venir nous parler de la Constitution ou du vide constitutionnel et surtout pas ceux qui ont accepté que l'Algérie soit gouvernée par un président qui n'a pas parlé pendant six ans", a-t-il ajouté. Tout en considérant que "ce n'est pas une priorité que de mettre en place une Assemblée constituante" car, a-t-il expliqué, "durant la période de transition, les institutions et la société deviennent fragiles et cela peut donc devenir un risque pour la transition", Me Bouchachi a plaidé pour une élection présidentielle dans 9 à 12 mois. "C'est-à-dire, une fois que des instances de transition ? acceptées par le peuple et pouvant donner lieu à une élection où la voix du peuple sera respectée ? seront mises en place", a-t-il précisé.

Samir LESLOUS


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