L'assurance est un maillon «important» dans le développement du secteur agricole en Afrique et un outil «indispensable» pour garantir la sécurité alimentaire, a relevé Jean Baptiste Ntukamazina, secrétaire général de l'Organisation des assurances africaines (OAA), dans une déclaration à l'APS, lors de la 49e conférence et assemblée générale de l'OAA qui se tient en Algérie du 27 au 31 mai. C'est aussi un maillon « faible » dans le continent avec un taux de souscription des agriculteurs à cette assurance agricole estimée aujourd'hui à moins de 2%.Une contradiction difficile à admettre ' Le secrétaire général de l'OAA penche vers les actions de sensibilisation des agriculteurs africains afin de les amener à souscrire à l'assurance agricole et couvrir les risques climatiques et d'autres aléas, de manière à augmenter la pénétration de l'assurance en Afrique.
Mais n'est-il pas plus judicieux de se pencher également sur les capacités des assureurs eux-mêmes à assumer leurs contrats dans ce domaine où les pouvoirs publics tiennent un rôle généreux et charitable, voire providentiel, qui rétrograde l'assureur au second plan ' Normalement, l'assureur doit se trouver là où le risque est pesant, mais dans le domaine agricole, les risques sont tellement variés et les indemnités à couvrir cycliquement tellement importantes, qu'on se demanderait s'il peut exister une compagnie d'assurance qui soit en mesure d'assumer seule, financièrement, la prise en charge des indemnisations au profit des agriculteurs qui doivent recommencer parfois à zéro après la destruction de leurs cultures par des incendies, la sécheresse et autres aléas.
Les frais d'assurances réglés par les agriculteurs seront-ils suffisants pour payer les sinistres ' Le SG de l'OAA sait pertinemment que ces frais sont dérisoires, lui, qui appelle « les Etats africains », et non les assureurs, « à considérer le secteur agricole comme la véritable base du développement économique, bien avant l'exploitation des matières premières et des hydrocarbures ». Et il y a le dérèglement climatique qui désoriente complètement les plus grands assureurs dans le monde, en Afrique plus encore, vu que les effets de ce dérèglement se font ressentir sévèrement dans cette partie du globe, exposant les agriculteurs à de nouveaux risques liés aux calamités naturelles, qui ne trouvent pas réponse auprès des assureurs. Dans ce contexte, la prévision du risque calqué sur les anciens modèles climatiques ne tient plus la route. Il n'y a plus aucun équilibre ou donnée fiable en matière d'estimation du risque avec le changement climatique, qui a déstabilisé les saisons telles qu'on les connaissait. Il n'y a pas à dire, l'assurance agricole, c'est l'Etat-providence qui doit s'en charger, du moins la partager avec les assureurs en assumant la plus grande part sur le plan des indemnisations, parce que l'agriculture est un secteur stratégique.
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Posté Le : 29/05/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com