Algérie

Le Maghreb devant de grands défis malgré l'amélioration de son niveau de développement humain



Le Maghreb devant de grands défis malgré l'amélioration de son niveau de développement humain
L'amélioration constante depuis 1990 des indices de développement humain des Etats du Maghreb s'est encore confirmée en 2012. Cette progression est toutefois menacée. Les perspectives d'emploi, par exemple, n'ont pas encore réussi à suivre le rythme d'évolution du niveau d'instruction. Or, avertit le rapport du PNUD pour 2013, les « rébellions populaires contre des gouvernements irresponsables » sont dues, en partie, à « la pénurie d'emplois et aux possibilités réduites d'en trouver pour des jeunes gens instruits ».
Depuis 1990, l'indice de développement humain (IDH) des pays maghrébins ne cesse de s'améliorer. Cette tendance se confirme en 2012 avec le classement de l'Algérie et de la Tunisie dans le « Top 20 » des pays en développement ayant considérablement diminué leur déficit IDH d'après le Rapport sur le développement humain 2013 du PNUD publié le 14 mars dernier (http://hdr.undp.org/fr/rapports/mondial/rdh2013/). Mais cette progression commence à s'infléchir et le ralentissement pourrait se poursuivre si les pays ne répondent pas rapidement aux mutations en cours, entre autres les aspirations à l'équité sociale.
Intitulé « L'essor du Sud: le progrès humain dans un monde diversifié », ce Rapport, s'intéresse aux « énormes progrès » accomplis par la plupart des pays en développement dans les domaines de l'éducation, de la santé et des revenus, mesurés selon l'indice de développement humain (IDH), au cours de la dernière décennie. « Aucun pays pour lequel les données étaient disponibles n'a présenté en 2012 une valeur d'IDH inférieure à 2000 », annonce le rapport dans son avant-propos.
Des cinq pays de l'Union du Maghreb arabe, la Libye arrive en tête et enregistre la plus grande progression entre 2011 et 2012 en gagnant 23 places dans le classement mondial de 187 pays. Avec un IDH de 0,769 en 2012 - pour une valeur maximale de 1 -, elle se classe à la 64e place. Suivent l'Algérie à la 93e place, avec un IDH de 0,713, et la Tunisie à la 94e place avec un IDH de 0,712. Même si ces deux derniers pays n'ont connu qu'une augmentation de 0,002 entre 2011 et 2012, l'amélioration constante de leur indice depuis 1990 les place dans le « Top 20 » des pays en développement ayant diminué considérablement leur déficit d'IDH. De 1990 à 2012, l'Algérie a ainsi réduit de 34,4% l'écart de son IDH par rapport à la valeur maximale de l'indice et la Tunisie l'a réduit de 35,5%. Quant au Maroc et à la Mauritanie, ils se placent respectivement à la 130e et à la 155e place avec des IDH 2012 établis à 0,591 et à 0,467.
Rééquilibrages mondiaux
Cet « essor du Sud » a provoqué de profonds bouleversements au niveau de l'économie mondiale, souligne le rapport qui relève que « pour la première fois en 150 ans, le produit combiné des trois principales économies du monde en développement est presque égal à lui seul aux PIB combinés des vieilles puissances industrielles du Nord: Canada, France, Allemagne, Italie, Royaume-Uni et Etats-Unis ». La production mondiale subit donc un processus de rééquilibrage inédit. Entre 1980 et 2010, indique le document, la part des pays en développement dans le commerce mondial des marchandises est passée de 25% à 47% et leur part dans la production mondiale de 33% à 45%.
Aujourd'hui, le Sud représente la moitié des flux d'échanges mondiaux alors qu'il y a 30 ans, il n'en représentait que le quart, poursuit le rapport. Il constate qu'en 2012, au moins 15 pays en développement, dont le Maroc, entretiennent des relations commerciales importantes avec plus de 100 partenaires commerciaux, soit des exportateurs soit des importateurs, contre 6 en 1996. Ce développement des relations commerciales est encore plus rapide au niveau « horizontal » comme le montre le renforcement des échanges de marchandises Sud-Sud passés de 8,1% à 26,7% entre 1980 et 2011.
La Tunisie a amélioré sa place dans le commerce mondial grâce à la mise en place, au début des années 1970, d'incitations financières et fiscales destinées à favoriser les secteurs à vocation exportatrice, notamment l'habillement. « Aujourd'hui, (elle) figure parmi les cinq premiers exportateurs de vêtements vers l'Union européenne », lit-on dans le rapport. En 2010, la part des produits manufacturés dans ses exportations s'élevait à 76% contre 63,4% pour le Maroc et 0,8% pour l'Algérie, révèle le tableau des flux commerciaux internationaux de biens et de services.
L'urgence d'une meilleure équité et gestion environnementale
Les pays maghrébins se retrouvent à présent devant le défi de maintenir cette progression de l'IDH constatée depuis 20 ans. Pour soutenir la dynamique de développement, Helen Clark, administratrice du Programme des Nations unies identifie, dans l'avant-propos du Rapport, quatre domaines prioritaires spécifiques: favoriser l'équité, notamment dans les dimensions liées au genre, permettre une participation accrue notamment des jeunes, faire face aux problèmes environnementaux et gérer les mutations démographiques.
Dans ces domaines, les actions des pays du Maghreb demeurent pour l'instant insatisfaisantes voire alarmantes, à l'image de la répression devenue la réponse dominante des dirigeants maghrébins aux voix contestataires émanant en grande majorité des jeunes. « De tels soulèvements peuvent faire dérailler le développement humain car les troubles sociaux entravent l'investissement et la croissance et les gouvernements autoritaires deviennent les ressources pour maintenir la loi et l'ordre », avertit le document, qui constate que « les rébellions populaires contre des gouvernements irresponsables » proviennent « en partie d'une réaction à la pénurie d'emplois et aux possibilités réduites d'en trouver un pour des jeunes gens instruits ».
Or c'est précisément la situation qui prévaut aujourd'hui au Maghreb, où les perspectives d'emploi n'ont pas réussi à suivre le rythme d'évolution du niveau d'instruction, comme l'illustre un des graphiques du rapport montrant la Libye, le Maroc, la Tunisie et l'Algérie au-dessous de la moyenne malgré des gains importants en matière d'éducation. C'est l'Algérie qui enregistre la plus mauvaise performance, obtenant le plus bas ratio emploi/population des plus de 25 ans en 2010 (43,9%, contre 46,3% pour la Tunisie, 50,9% pour le Maroc et 53,6% pour la Libye) alors qu'elle réalise la plus grande augmentation au niveau du nombre moyen d'années de scolarisation entre 1980 et 2010 (plus de 5 ans contre une moyenne en dessous des 5 ans pour les trois autres pays du Maghreb). Par conséquent, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans entre 2005 et 2010 dépasse largement celui de ses voisins atteignant 37,5% contre 31,4% pour la Tunisie et 18,1% pour le Maroc.
Autre défi à relever pour les pays maghrébins: l'environnement. Les menaces environnementales comme le changement climatique, la déforestation, la pollution de l'air et de l'eau et les catastrophes naturelles touchent tout un chacun, souligne le rapport dont le tableau consacré à l'environnement montre que l'épuisement des ressources naturelles de l'Algérie a atteint le chiffre inquiétant de 18,1% du Revenu national brut (RNB) en 2010, contre 5,1 % en Tunisie et seulement 1,6% au Maroc.
Pour autant, ce dernier pays est loin d'être le meilleur élève maghrébin en matière environnementale. En atteste, le piètre résultat enregistré dans la protection des espèces avec 15,2% d'espèces menacées en 2011 sur l'ensemble des espèces, contre 12,2% en Algérie et 11,2% en Tunisie. Face à ces dégradations, l'inaction pourrait s'avérer très coûteuse, avertit le document : « Si l'on veut garantir des économies et des sociétés durables, de nouvelles politiques et des changements structuraux doivent être mis en 'uvre. »
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