Algérie

Le long chemin de la démocratie



Après la présidentielle du 12 décembre 2019 et le référendum constitutionnel du 1er novembre 2020, les prochaines élections législatives constituent le troisième acte de l'édification de la Nouvelle Algérie, telle qu'engagée par la classe politique qui a pris part au dialogue de l'été 2019. Après l'échec de l'organisation de la présidentielle du 4 juillet de la même année, beaucoup d'observateurs ne donnaient pas cher du processus lancé par un groupe de citoyens qui s'étaient donné la mission de consulter les leaders partisans et les personnalités nationales sur une feuille de route qui prévoyait justement une élection présidentielle dans des délais rapprochés. Les réactions étaient diverses et l'option d'une Assemblée constituante censée refonder toutes les institutions de la République n'avait pas été retenue. Il restait donc l'organisation d'une élection présidentielle. Celle-ci s'étant tenue dans les conditions que l'on sait, n'en a pas moins posé les bases du nouvel Etat que les Algériens appellent de leur voeu.Le taux de participation, le profil des candidats et le processus électoral lui-même ont permis de déduire la justesse de l'option retenue, en ce sens qu'à l'époque déjà on imaginait très mal une ambiance «révolutionnaire permanente» où l'on voyait déjà poindre les appétits impérialistes qui attendaient la faille pour frapper au coeur de la République. Le choix était donc le bon et on peut en avoir pour preuve qu'à son éclatement en Algérie, la pandémie de Covid-19 avait trouvé un Etat debout, un Exécutif opérationnel et des institutions fonctionnelles. Mais avant d'évoquer les mesures salutaires qui permettent aujourd'hui aux Algériens de vivre une vie presque normale alors que la Covid-19 fait des ravages en Occident, le président élu avait lancé le chantier de la Nouvelle Algérie.
Les deux séquences politiques, qui ont eu lieu en pleine pandémie, confortent l'idée selon laquelle, le projet de Abdelmadjid Tebboune n'a pas du tout souffert de la crise sanitaire. Le référendum constitutionnel, précédé par une large consultation, a accouché d'une nouvelle Loi fondamentale qui garantit les libertés. Mais cela ne suffit pas pour que l'exercice de ces libertés soit total. Pour pouvoir défendre les droits des citoyens, encore faut-il que la démocratie soit une réalité palpable dans la société. Et cela ne saurait se concrétiser sans une Assemblée élue qui soit le reflet de la volonté populaire. Celle-ci est plurielle et l'expression de cette diversité d'opinion se retrouvera dans l'hémicycle. C'est cela le projet politique du président de la République qui ambitionne de renouveler les Assemblées locales, selon le même mode opératoire sur la base d'une nouvelle loi électorale qui écarte les caciques du système finissant. Cela étant, et même avec une classe politique rénovée, il faut être naïf pour croire que la prochaine échéance électorale réglera tous les problèmes démocratiques en Algérie. La démocratie se pratique au quotidien. Les élections législatives du 12 juin ouvriront de nouvelles perspectives, mais généreront des conflits partisans. On ne cessera pas de crier au «massacre de la démocratie», jusqu'à ce que chaque acteur politique ait trouvé sa place. Et celle-ci, ce sera désormais le citoyen-électeur qui la lui donnera. Les élections honnêtes et transparentes sont certes, un important facteur de stabilité politique et social, mais elles restent un facteur parmi d'autres. La nouvelle classe politique ne devra pas se satisfaire de ce seul acquis. La démocratie, ce n'est pas seulement la course au pouvoir avec la bénédiction des électeurs, c'est également un attachement viscéral au dialogue.


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