Construire des logements sociaux n'est plus rentable en Algérie. Lesentreprises voient leur rentabilité baisser d'une façon vertigineuse, tiré versle bas par des coûts de construction plus élevés. Explication:la hausse des prix des matériaux de construction et nouvelles normesparasismiques exigeantes qui ont rendu les logements voraces en ferraille etbéton de bonne qualité.Première victime, le logement social, de plus en plus boudé par lesentrepreneurs, dans un contexte marqué par la multiplication des projets dansd'autres secteurs où les marges sont beaucoup plus confortables. Les autoritésse plaignent de la perte d'attractivité du logement social qui n'attire plusles entreprises. De nombreux appels d'offres sont déclarés infructueux, fautede soumissionnaires. On fait venir des Turcs et des Chinois, mais les étrangersrechignent aussi à prendre des projets peu rentables. Et la venue massive desgroupes étrangers met en péril l'avenir des entreprises locales, généralementpetites et sans grands moyens financiers. En plus, elles sont confrontées à larareté de la main-d'oeuvre qualifiée : un problème qui ne touche pas lesentreprises étrangères qui font venir des travailleurs asiatiques, les moinscher au monde. A Aïn-Témouchent, comme partout ailleurs, les entrepreneurss'organisent pour sauver le bâtiment et les entreprises d'une descente auxenfers. Comme un peu partout à travers le pays, le bâtiment n'est plus rentabledans cette wilaya de l'extrême ouest. L'exemple d'Aïn-Témouchent est typique :touchée par un violent séisme fin 1999, cette wilaya construit à bras le corpsdes cités entières pour remplacer ce qui a été détruit par le tremblement deterre. Mais, avec des normes de construction sévères et donc coûteuses. Explication de l'Union générale des entrepreneurs algériens deAïn-Témouchent : « notre wilaya fait partie de la zone sismique catégorie 2.Cela signifie un taux de ferraillage dépassant souvent les 130 kg au m3 debéton et avec un prix adjuré de 21.000 dinars le m². Mais avec ce prix, lesentreprises ont déjà du mal à s'en sortir dans les zones non sismiques ». Dansles zones sismiques de catégorie 2, le taux de rentabilité ne dépasse guère 5%,avance l'Ugea. « Très peu », juge t-elle. Du coup, les entreprises sereconvertissent dans les travaux publics, l'hydraulique, les forêts et le VRD,des créneaux jugés dix fois plus rentables que le bâtiment. « Dans cessecteurs, le taux de rentabilité peut aller jusqu'à 30% », argumente l'UGEA.Résultat : le logement social se retrouve boudé par les entreprises.Conséquence : les retards s'accumulent pour les programmes de logements sociauxet le secteur du bâtiment peine à décoller. Conséquence aussi : les demandeursde logements sociaux, en général issus des couches défavorisées aux revenuesbas, attendront beaucoup plus de temps que nécessaire pour bénéficier d'unlogement de la part de l'Etat. Pour y remédier, l'UGEA revendique une révisionà la hausse du prix du mètre carré bâti du logement social. Mais les autoritésfont la sourde oreille. Une telle décision alourdirait les coûts deconstruction d'un logement social, financé par l'Etat. Pour s'en sortir, l'UGEApropose un troc : en échange de marchés dans les créneaux porteurs, lesentreprises seront obligées d'accepter de travailler dans le bâtiment. L'UGEAdemande aux pouvoirs des mesures de protection des petites entreprises dubâtiment, en leur octroyant des marchés de moins de six millions de dinars. Unedemande qui intervient au moment où, le gouvernement privilégie les appelsd'offres restreints pour les petits projets. Objectif : freiner l'avancée desentreprises étrangères, notamment chinoises, en Algérie.
Posté Le : 19/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hamid Guemache
Source : www.lequotidien-oran.com