Algérie

«Le livre m'a sauvé»


L'écrivain Yasmina Khadra a été prolifique et didactique dans ses déclarations en animant une conférence-débat en fin de journée de samedi, au théâtre de verdure d'Oran.Aussi, l'auteur a jugé juste de la scinder en plusieurs parties, en parlant de son oeuvre puis de son enfance et les faits l'ayant forgée pour devenir ce qu'il est aujourd' hui, un écrivain ayant brisé tous les murs obstruant la circulation du mot et franchi toutes les frontières. N'omettant aucun détail, le conférencier a fait de la littérature et le livre deux piédestaux alimentant les neurones, enrichissant le savoir, mais raffermissant la volonté et la détermination d'aller de l'avant, formant la personnalité de l'homme. «Le livre m'a sauvé», a-t-il dit. Pour expliquer cette déclaration, l'écrivain est revenu loin à l'arrière, à son âge de bambin. Alors qu'il était dans le besoin de jubiler et d'exulter comme tous les enfants de son âge, il s'est retrouvé lancé dans les études et dans des conditions peu commodes. «À l'âge de 9ans, mon père m'a pris par la main, et m'a mis dans une école militaire», a-t-il fait savoir. Or, a-t-il ajouté: «À 9 ans, on a besoin de sa mère, de son quartier, de son épicier, on a besoin de son terrain vague de ses copains». Ne faisant état ni de satisfaction ni de sa déception, l'écrivain a versé dans le descriptif en dépeignant sa situation propre à lui en tant qu'enfant devant rejoindre vaille que vaille l'école. «Je me suis retrouvé dans une forteresse médiévale, El Méchouar», se souvient encore sans pour autant n'omettre aucun détail de cette scolarité qui avait été ombrageuse et dont le contexte l'agaçait au plus profond de son âme. «Dans cette forteresse, il y avait des murailles qui me confisquaient le mot», a-t-il souligné, ajoutant que «j'étais dans une sorte d'atmosphère quasi carcérale». Et d'ajouter qu'«il y avait autour de nous des adultes qui n'avaient rien, qui n'avaient pas de pédagogie», a-t-il expliqué. «Ces adultes, selon Yasmina Khadra, ne savaient pas ce que c'est qu'un enfant», a-t-il encore une fois souligné. Mais, a-t-il dit «ils essayaient de donner le meilleur d'eux- mêmes: c'était d'être sévère». «Car ils étaient en train de dresser les hommes de demain, et c'est terrible», a t-il indiqué, ajoutant que «c'est pour cela que le livre m'a sauvé. Le livre était une brèche que j'étalais dans ses murailles qui m'interdisaient de voir le monde. Pour revenir à l'oeuvre littéraire, Yasmina Khadra estime la relation lecteur-lecture est une liaison intime liant les deux parties. «Le lecteur ne lâche plus lecture et restera dans le langage musical littéraire», a-t-il expliqué, soulignant que «le lecteur ne lâche plus la lecture par son rythme et sa mesure». Et de préconiser «pour accéder à la musicalité d'un texte, il faut lui imposer un rythme». «J'ai tellement peur d'ennuyer mon lecteur, car moi-même je n'aime pas être ennuyé en lisant», a-t-il souligné. Et d'ajouter que «des fois je prends des grands classiques, des oeuvres magistrales, quelquefois je saute des pages et des pages parce que je sais que l'auteur est en train de me raconter la même chose, il les relate». «Moi, je veux éviter ça», a-t-il mis en exergue. «D'ailleurs, je suis mon plus grand lecteur», a-t-il indiqué. Entre l'écriture et imagination, l'écrivain estime que «l'écriture qui voyage beaucoup». Il y a perpétuellement des personnages qui se cherchent, qui se trouvent, qui s'aiment, qui parfois se séparent sous le coup du destin et du sort, d'où vient ce coup de mouvement dans les créations», a-t-il indiqué.