Le livre et le défi du tout numérique

Suspendu pendant deux ans pour cause de pandémie de Covid-19, le Salon international du livre d'Alger (Sila) revient dans sa 25e édition, sous le slogan «le livre... passerelle de mémoire». Considéré comme un événement culturel majeur, le Salon verra la participation record de plus de 1.250 exposants de 36 pays, au moment où l'Algérie célèbre les 60 ans de la fête de la victoire du 19 mars. Saluée par tous, l'initiative du président Tebboune d'exonérer toutes les maisons d'édition des frais de location des stands a encouragé l'élargissement de la participation étrangère et algérienne à ce rendez-vous littéraire parmi les plus importants. Mais quid de la politique du livre en Algérie à l'ère du tout numérique 'Même si, fort heureusement, on est loin de la disparition du livre papier, l'avenir est promis au livre numérique qui sera, s'il ne l'est pas déjà, la première forme d'édition avant son impression à la demande sous sa forme papier. Si pour la presse, le numérique est largement utilisé pour lire son journal, qui aujourd'hui prend le temps de lire un livre en Algérie ' La nourriture de l'esprit étant la cinquième roue du carrosse, le citoyen, lecteur potentiel, est aspiré par des préoccupations plus terre à terre. Le budget accordé au ministère de la Culture et des Arts est 16 fois inférieur à celui d'autres secteurs. En cette période de vaches maigres, la chose culturelle est peut-être un «luxe» comparé à la marmite nationale, classée au rang de priorité «non négociable».
Les pouvoirs publics, près de leurs sous, veulent faire évoluer la culture d'un secteur consommateur, fardeau pour le budget de l'Etat, vers un secteur économique producteur de richesses et générateur d'emplois. Dynamiser le marché du produit culturel en faisant la part belle au privé à l'aune de l'évolution technologique et de la numérisation, reste à l'évidence un vaste chantier pour faire de la culture un véritable investissement sociétal et économique.