Le Livre de l'Émir de Waciny Laredj, (Histoire) - Éditions Actes Sud, Arles 2006

Présentation

Chef de guerre inspiré, fin stratège politique, érudit et poète, soufi et franc-maçon, ennemi déclaré puis ami de la France, apôtre du djihad et protecteur des chrétiens de Damas, l'émir Abdelkader est l'une des figures les plus fascinantes du monde arabe. Le roman de Waciny Laredj est le premier à s'inspirer de sa tumultueuse épopée. Etayé par une documentation historique vaste et précise, il restitue en particulier la relation de l'émir avec Mgr Antoine Dupuch, premier évêque d'Alger, qu'il a rencontré en 1841, lors des négociations portant sur l'échange des soldats français capturés.

Frappé par la grandeur d'âme et l'érudition de son interlocuteur, Mgr Dupuch devient l'un de ses amis les plus fidèles. Il lui rendra visite à maintes reprises lors de sa détention à Pau et à Amboise, discutera longuement avec lui des fondements du christianisme et de l'islam, plaidera éloquemment sa cause devant l'opinion publique française et finira par obtenir, avec d'autres admirateurs de l'illustre prisonnier, la fin de sa captivité en France.

Le roman commence par un événement historique avéré : le transfert à Alger, en 1864, comme il l'avait lui-même souhaité, des cendres de Mgr Dupuch. Le livre est animé, du début jusqu'à la fin, par le souci de comprendre et de faire comprendre les métamorphoses de l'émir, combattant de la foi et pionnier du dialogue entre les religions et les cultures.

Extrait

L'armée de l'émir était constituée de deux mille fantassins et de mille deux cents guerriers des tribus engagées dans la résistance. Ils avaient pris position derrière les grands arbres et tenaient les hauteurs dominant l'armée de Trézel. Le colonel Oudinot tenta de rompre le goulot d'étranglement, mais une balle lui transperça le front et il tomba raide mort avant que la bataille ait atteint sa plus grande intensité. Cet événement provoqua inquiétude et affolement dans les divers bataillons, que Trézel s'efforça de rassembler et de réorganiser. Au moment où le clairon sonna la retraite, Trézel eut du mal à se retirer du goulot d'étranglement de la forêt et à gagner la plaine pour y planter ses tentes.