Sonatrach a conclu un accord amiable avec l'américain Anadarko
Algeria Company et le
danois Maersk Olie Algeri qui met fin au litige né avec l'introduction en 2006
dans la loi sur les hydrocarbures d'une taxe sur les profits exceptionnels (TPE).
Les deux groupes avaient introduit des procédures d'arbitrages pour contester
cette taxe introduite sous la houlette de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, après que la
première mouture, très libérale de la loi sur les hydrocarbures, eut été retoquée.
La taxe, décidée dans un contexte de forte hausse des prix, est entrée en
vigueur en janvier 2007. Elle taxe les superprofits réalisés par les compagnies
à des taux variant, selon la nature des contrats, entre 5 et 50%
lorsque le prix du baril dépasse 30 dollars. Anadarko
arguant du fait que le contrat de partenariat conclu avec Sonatrach
se fondait sur l'assurance d'une stabilité fiscale a estimé qu'il revenait au
groupe algérien de payer cette taxe. Des procédures de conciliation n'ayant pas
abouti, on s'orientait vers l'arbitrage international. Anadarko
qui semblait certain d'obtenir gain de cause envisageait, selon des câbles
diplomatiques révélés en mars 2011 par Wikileaks (voir
Le Quotidien d'Oran du 12 mars 2011), de saisir les avoirs de Sonatrach à l'étranger au cas où le groupe algérien
refusait d'obtempérer à une décision en sa faveur du tribunal d'arbitrage de
Paris. Selon les télégrammes datant de février 2010, le PDG d'Anadarko Algeria, Dick Holmes, se
disait certain d'obtenir gain de cause au niveau de l'arbitrage. Les avocats du
groupe sont certains que la décision sera appliquée «si ce n'est en Algérie, elle
le sera à l'étranger à travers la saisie des biens que détient Sonatrach à l'étranger». De son côté, l'ambassadeur
américain en Algérie David Pierce doutait que Sonatrach
paye en cas d'un arbitrage défavorable et il estimait qu'Anadarko
devra envisager «d'agir pour saisir les actifs de Sonatrach
à l'étranger».
UNE COMPENSATION DE 4,4 MILLIARDS DE DOLLARS POUR ANADARKO
En septembre dernier, le ministre
algérien de l'Energie, Youcef Yousfi,
remettait la recherche d'un arrangement au goût du jour. «Sonatrach
est toujours en discussion avec Anadarko, les deux
parties sont en tractation, et nous espérons parvenir à un règlement» du litige,
avait-t-il déclaré. A l'évidence, c'est ce qui a prévalu. Les prédictions du
patron d'Anadarko se sont avérées fondées puisque le
groupe algérien a accepté un arrangement. A l'époque, selon les révélations de Wikileaks, Anadarko s'attendait à
engranger 3 milliards de dollars. C'est en définitive sur une somme de 4,4
milliards de dollars que l'arrangement s'est fait, selon un communiqué d'Anadarko. Au terme de l'accord, Sonatrach
devra fournir l'équivalent de 4,4 milliards de dollars de pétrole dans les
années à venir, dont 1,8 milliard de dollars de pétrole brut au cours des 12
prochains mois, en guise de compensation des hausses fiscales imposées après
l'adoption des amendements à la loi sur les hydrocarbures. Le règlement doit
être validé par le gouvernement algérien, ce qui semble acquis, mettant ainsi
fin à la procédure d'arbitrage. Dans la foulée, le communiqué du groupe
américain annonce qu'Anadarko et Sonatrach
ont étendu l'accord de partage de production. Au terme de cet accord, Anadarko bénéficiera d'un volume plus élevé de pétrole
d'une valeur d'environ 2,6 milliards de dollars pour la durée du contrat.
DES INCIDENCES SUR LA TPE
Le communiqué de Sonatrach, cité par APS, n'entre pas dans le détail des
compensations consenties à Anadarko et affirme que
l'accord a été conclu sur la «base de concessions réciproques des parties et
sans préjudice de leurs positions respectives dans les arbitrages». Le groupe
danois, Maersk, contrairement à Anadarko,
n'a pas donné d'indications sur les termes de l'accord conclu avec Sonatrach. Mais il est clair que les arrangements conclus
avec Sonatrach concernent également les autres
compagnies étrangères qui, elles aussi, n'ont pas apprécié la TPE. Ces entreprises
s'aligneront probablement sur l'accord conclu avec Anadarko
et Maersk, Sonatrach devra
donc mettre la main au portefeuille pour sortir d'un litige qui selon les
spécialistes était mal engagé pour le groupe algérien. La taxe sur les
superprofits, à défaut d'être totalement abrogée dans la future révision de la
loi sur les hydrocarbures, pourrait être substantiellement réduite. Sonatrach annonce pudiquement la couleur en indiquant que
«les parties sont convenues de modifier certaines dispositions du contrat, notamment
le mécanisme de partage de production, qui comprend l'engagement des
partenaires de Sonatrach de payer la TPE conformément à la
réglementation en vigueur». L'institution de la TPE a lourdement pesé sur l'affaiblissement de
l'attractivité de l'amont pétro-gazier algérien. Le
gouvernement a annoncé une modification de la loi (sans toucher à la règle des 51/49%)
afin d'intéresser davantage les investisseurs étrangers.
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Posté Le : 11/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com