Algérie

Le lifting d'Alger attendra !


Lorsqu'en vacances les commerçants baissent le rideau, que les rues se vident et que les clients désertent les lieux, vous réalisez dans quel triste état est la ville. Lorsqu'ils sont ouverts et que les clients sont de nouveau là, on ne réalise pas vraiment comment les murs décrépits font pour tenir debout.L'animation des rues aide à oublier la sombre image que renvoient ces bâtisses lépreuses, jadis belles à ravir. Alger l'enchanteresse abandonnée !
Négligemment livrée aux échafaudages branlants et aux filets crasseux qui pendouillent, menaçants, alors qu'ils sont censés protéger les passants de possibles effondrements ! Puisque la capitale menace ruine, elle ne devrait pas tarder à s'écrouler. C'est encore plus probable aujourd'hui que les rats ont quitté le navire et que l'administration n'est plus obsédée que par la seule gestion des foules. Pas parce qu'elle craint pour ces dernières, mais parce qu'elle ne peut pas penser à plusieurs choses à la fois.
Je suis passée, il y a quelques jours, par la rue Bab-Azzoun, celle qu'empruntent les étudiants d'Alger tous les mardis pour dire leur rejet d'une administration qui bricole pour donner le change à des marcheurs que l'on n'aurait eu aucun scrupule à duper quand ils n'osaient pas encore dire leur détermination à changer de vie et à faire aboutir leurs rêves interdits. Je me souviens, lorsque j'étais petite, ma défunte mère, que Dieu ait son âme, nous y emmenait faire les boutiques en prévision de l'Aïd ou de la rentrée scolaire.
La Maison des livres, au bout de la rue Ben-M'hidi pour les articles scolaires et les boutiques de Bab-Azzoun pour les fringues et les chaussures.
J'ai une tendresse infinie pour ces lieux chargés de souvenirs qui étaient, alors, magnifiques et dans un très bon état. Lorsque j'ai emprunté les arcades qui portent les immeubles dont l'intérieur et l'extérieur s'effritent à une vitesse effroyable, j'ai accéléré le pas de peur de me prendre un pan de mur sur la tête.
Qui gère les entrepreneurs et, au-delà, les travaux chargés de remettre en état les immeubles qui s'effondrent ' On ne croise plus aucun d'entre eux sur les lieux des sinistres.
M. B.
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