Ni succès, ni échec. Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, a usé, parfois en étant agressif à l'égard des journalistes, d'une langue de bois très animée pour donner une illusion de mouvement au surplace libanais. Mais il est vrai qu'il en fallait car il n'y avait rien à attendre de la conférence interlibanaise de La Celle-Saint-Cloud, regroupant des seconds couteaux. Ce qui d'ailleurs évite des déceptions. Le seul progrès est que la réunion a eu lieu. C'est presque beaucoup dans un Liban dont les blocages internes, attisés par les ingérences étrangères, le mettent dans une situation explosive avec une perspective, à défaut d'accord dans les prochaines semaines, de chaos institutionnel. Mais disons quand même que la France, dont le président a mis le pied dans le plat en associant le Hezbollah avec le terrorisme, avant que la diplomatie ne rattrape l'incartade, a compris la complexité libanaise. Le Liban ne sera ni iranien ni syrien, disent les alliés des Occidentaux. Soit. Mais il ne peut pas être non plus américain. Jacques Chirac avait réduit, pour des raisons très personnelles, les marges d'action de la France qui, pour une partie des Libanais, se confondait depuis des années avec la politique des Etats-Unis. A-t-elle gagné un statut de «médiateur» ou de « facilitateur » auprès de ces Libanais convaincus, non sans raison, qu'ils doivent la dernière guerre que leur a livrée Israël, aux Américains ? On peut être sceptique. Comme on ne peut qu'être prudent sur les lendemains de la rencontre de La Celle-Saint-Cloud. Il suffisait de zapper entre les chaînes libanaises, après la conférence de presse où Bernard Kouchner faisait montre de beaucoup d'agitation, pour saisir que la distance entre les parties libanaises est encore grande. Et que même l'engagement de cesser les campagnes de presse venimeuses entre les parties ne serait pas le plus facile à tenir. Le dégel n'a pas commencé. Et il en sera ainsi tant qu'une majorité pro-occidentale à la légitimité contestée refuse d'écouter une opposition qui considère qu'elle a son mot à dire dans une politique engageant durablement le pays. Car, on l'occulte un peu trop, les alignements extérieurs de certaines parties libanaises à la versatilité ahurissante visent à maintenir des statu quo politiques intenables. Quand des féodalités d'affairistes se présentent comme des hérauts de la démocratie, il faut craindre pour celle-ci. On aimerait beaucoup croire à l'idée d'un « dialogue amorcé » entre les parties libanaises dans cette rencontre des seconds couteaux, on veut même l'espérer. Mais il faut bien regarder la réalité: la société libanaise a évolué et changé, mais le système des féodalités politiques persiste. Les changements nécessaires sont aujourd'hui bloqués, dangereusement, par l'implication des politiciens dans des jeux géopolitiques dangereux. Il est donc prématuré de dire que la rencontre de La Celle-Saint-Cloud aura des lendemains. Il faut juste espérer qu'elle a été utile en se disant que le Liban vaut bien une messe à Paris... Tout en sachant qu'à Beyrouth, ce serait beaucoup mieux...
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Posté Le : 16/07/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com