Algérie

Le Liban s'enferre dans une crise multiforme



Le départ du chef de la diplomatie est symptomatique de l'instabilité et des luttes au sommet du pouvoir au Liban, au moment où des pans entiers de la société libanaises subissent l'une des plus graves crises socioéconomiques qu'a connues le pays depuis des décennies.Le ministre des Affaires étrangères libanais, Nassif Hitti a annoncé hier sa démission du gouvernement Hassan Diab, dans un contexte de crise socioéconomique aggravée par la pandémie de coronavirus, et sur fond de tiraillements politiques à Beyrouth. "J'ai décidé de démissionner de mes fonctions de ministre des Affaires étrangères, en souhaitant le succès au gouvernement et aux responsables de la gestion de l'Etat, tout en leur souhaitant aussi de reconsidérer plusieurs de leurs politiques et pratiques", a indiqué M. Hitti dans un communiqué, repris par les agences de presse, déplorant "l'absence d'une réelle volonté pour entreprendre une réforme structurelle et totale qui est nécessaire et qui est réclamée par notre société et par la communauté internationale". Selon lui, "pour construire un Etat, il faut des esprits créatifs, une vision claire, des intentions sincères, une culture d'institutions et d'Etat de droit". Dans la matinée, des sources proches de lui ont affirmé à des médias qu'il avait démissionné en raison de sa marginalisation, se disant "déçu", a rapporté l'agence de presse Reuters. Mais sa démission est loin d'avoir pour seule motivation un sentiment de déception personnel dans un pays qui connaît depuis plusieurs mois une dépréciation inédite de sa monnaie, une flambée des prix, des licenciements à grande échelle et des restrictions bancaires sur les retraits et les virements à l'étranger. Nassif Hitti s'est rendu hier matin au grand sérail, le siège du Premier ministre, pour remettre sa démission au chef du gouvernement Hassan Diab. Ce gouvernement a été formé fin janvier, plusieurs mois après la démission de Saad Hariri et de son équipe. M. Hariri a démissionné sous la pression d'un soulèvement populaire inédit déclenché en octobre 2019, dénonçant l'intégralité d'une classe politique accusée de corruption et d'incompétence, quasi inchangée depuis des décennies.
Le gouvernement a adopté fin avril un plan de sauvetage économique visant à relancer la croissance et à assainir les finances publiques mais les réformes, notamment dans le domaine de l'électricité, peinent à se concrétiser. Les autorités ont initié mi-mai des négociations avec le Fonds monétaire international, mais le processus reste au point mort. Près de la moitié des habitants vivent dans la pauvreté et 35% de la population active est au chômage, selon des statistiques officielles. Sur les colonnes des médias libanais, des suicides sont rapportés régulièrement, expliqués par certains par la crise économique qui a laminé le pays et détruit des dizaines de milliers d'emplois en quelques mois seulement. Cette tendance se poursuit en l'absence d'une réelle politique économique du gouvernement maintes fois contestée dans la rue, malgré les mesures interdisant les rassemblements à cause de la pandémie de coronavirus.
Ces manifestations reprendront dès la levée de ses mesures sanitaires pour réclamer des comptes à une classe politique accusée de corruption et d'incompétence.
L. M./Agences


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