Algérie

le Liban, nouvelle terre du djihadHassan Krayem. Chercheur et spécialiste de la politique au Moyen-Orient à l'université américaine de Beyrouth



le Liban, nouvelle terre du djihadHassan Krayem. Chercheur et spécialiste de la politique au Moyen-Orient à l'université américaine de Beyrouth
-Un nouvel attentat a frappé la banlieue sud de Beyrouth et l'ambassade iranienne, est-ce surprenant au vu des récents développements dans la région 'Non, c'est juste une très triste conséquence de ce qui se passe actuellement dans la région. En réponse à l'engagement décomplexé du Hezbollah dans la guerre en Syrie, des forces opposées au régime syrien, en particulier Al Qaîda, ont décidé d'étendre l'arène de confrontation qui était la Syrie vers le Liban. Désormais, le Liban fait partie intégrante d'un conflit commun dans l'approche géopolitique de ces groupes djihadistes. Des opérations similaires à ces attentats étaient à prévoir, mais ce qui était difficile d'anticiper, c'est le fait qu'elles aient pris pour cible l'ambassade d'Iran à Beyrouth en particulier.
Evidemment, il faut y voir un message politique visant à déstabiliser le principal responsable de l'engagement en faveur de Bachar Al Assad que représente l'Iran. En effet, en vertu du droit international et du principe d'extraterritorialité, toute ambassade est considérée comme territoire du pays qu'elle représente, et donc attaquer l'ambassade, c'est attaquer l'Iran en son c?ur.
-Faut-il s'attendre à une réponse de l'Iran par le biais du Hezbollah et à une escalade de violence '
La stratégie qu'affirme défendre le Hezbollah est en réalité très illogique dans la mesure où il voudrait que ses adversaires ne l'affrontent uniquement qu'en Syrie et le message lancé par le «parti de Dieu» est clair : si vous voulez nous affronter, faites-le, mais en Syrie. Mais les adversaires ne vont pas être arrangeants avec le Hezbollah sur le lieu, le moment et la nature de l'attaque. C'est pourquoi, je pense que le message des groupes rebelles est clair dans le sens où pour eux, le Liban ne constitue plus une arène qui peut être dissociée ou séparée de la guerre en Syrie, il est partie intégrante du conflit pour eux.
D'ailleurs, dans leur propre terminologie, le Liban est devenu ce qu'on appelle sahat jihad (terrain du djihad), alors que jusque-là, c'était une sahat nosra (terrain de recrutement), c'est devenu clairement une zone pour affronter l'ennemi. Sachant cela, on doit nécessairement s'attendre à une certaine escalade de la violence, et ce, de la part des deux parties.
-Pourquoi le Liban, malgré tous ses efforts, n'arrive-t-il pas à se défaire des retombées du conflit syrien '
Tout simplement parce que la politique désirée et menée par l'Etat libanais et son président, le général Michel Sleiman, qui est une politique de neutralité et de dissociation, n'a pas assez de soutien dans la classe politique. Les principaux partis qui ont une influence significative dans le conflit en font fi et s'engagent pleinement dans le conflit.




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