Algérie

Le Liban n'est plus la Suisse



Le démon s'est réveillé au Liban. Se limiter à croire que ce réveil n'a pour cause que la petite histoire de l'enquête enterrée par un petit juge sur l'explosion du port de Beyrouth est une halte naïve au vu de la situation d'un pays en déperdition. Depuis un certain temps de nombreux lampions aveuglants montrent que l'ancienne Suisse orientale est dans un naufrage assuré. Tous les indicateurs démontrent le tracé d'une probable négation de ce qui semblait accorder au Liban un bicéphalisme religieux exemplaire capable d'instaurer la permanence de la paix.Le Liban a tout l'air d'être un autre maillon faible dans l'ensemble de la région du Moyen-Orient qui ne dispose plus de l'équilibre des forces ayant maintenu jusqu'ici le statu quo propice à la prudence et à la retenue guerrières. La Syrie a éclaté et son rôle de garde-fou contesté a tout perdu au change. L'Irak n'a plus le torse bombé. L'Arabie Saoudite et ses cousins du Golfe ont changé la nature de leur tempérance ou en réorientant leurs fougues belliqueuses. Il ne reste plus que l'Iran, devenu cible à la portée du condensé des véhémences et le dos offert à la fatidique bastonnade.
La crise économique mondiale et la pandémie planétaire ont fini par mettre à terre une population libanaise. La diaspora, principale ressource financière des banques hier encore prolifiques, est aux abonnés absents et 80% des enfants du pays du cèdre ne s'alimentent plus que par la mendicité.
Les tirs de kalachnikovs et de roquettes-RPG des milices chrétiennes contre les sympathisants du Hezbollah et du mouvement Amel ne sont pas anodins et n'ont pas l'allure de simples escarmouches ni le profil d'un élan de colère spontané. Ils ont la même odeur que celle qui, en 1975, a envahi le Liban provoquant une guerre civile qui a failli le faire disparaître.
Les Libanais ont replongé dans un bis repetita qui obéit à une large reconfiguration régionale et il n'est pas écarté qu'ils y perdront toutes leurs racines.


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