Algérie

Le Liban libère un Canadien recherché par l'Algérie


Henk Tepper, 44 ans, arrêté au Liban, en mars 2011 à la demande de l'Algérie, qui lui reproche d'avoir vendu sur son territoire des pommes de terre impropres à la consommation, affectée par la «pourriture bactérienne circulaire» en 2007, est de retour à son pays.

Henk Tepper, cet agriculteur du Nouveau-Brunswick qui était détenu dans une prison libanaise, est arrivé ce samedi après-midi, à l'aéroport d'Ottawa. Soupçonné d'avoir exporté des patates moisies en Algérie et sous le coup d'un avis de recherche international émis par Interpol, ce producteur de pommes terre avait été arrêté en mars 2011, à son arrivée au Liban alors qu'il participait à une mission commerciale.

En 2007, M. Tepper a exporté en Algérie une cargaison de pommes de terre atteintes d'une maladie et le gouvernement algérien l'a accusé d'avoir utilisé des documents falsifiés, ce qu'a toujours nié catégoriquement l'agriculteur.

Faisant face à un grave problème de disponibilité de pomme de terre, l'Algérie en avait importé de l'étranger, plus précisemment du Canada, pour réguler le marché local. M. Tepper avait exporté en Algérie une cargaison de pommes de terre atteinte d'une maladie mais, l'avocat de la famille Tepper, Rod Gillis, disait que les pommes de terre pouvaient être consommées sans danger, mais qu'elles ne pouvaient servir de semence.

A son arrivée à Ottawa, M. Tepper est demeuré très discret évitant d'évoquer l'aspect juridique de son affaire, se contentant de banalités du genre : «je suis très content d'être de retour chez moi, ça fait du bien».

En décembre dernier, les sénateurs libéraux du Nouveau-Brunswick Mac Harb et Pierrette Ringuette avaient exhorté le gouvernement fédéral de Harper à faire pression auprès des autorités libanaises pour accélérer la libération de l'agriculteur, mettant en avant la santé de M. Tepper, soulignant qu'il avait perdu plus de 18 kg depuis le début de son incarcération. Cette libération, selon la sénatrice Ringuette, est davantage le fruit de la mobilisation de «son équipe» et du gouvernement libanais, qualifiant au passage le gouvernement du Canada d'«inactif». «Le gouvernement libanais était beaucoup plus attentif et responsable concernant notre citoyen canadien M. Tepper que notre gouvernement fédéral, qui n'a absolument rien fait dans le dossier, sauf se cacher», a souligné Pierrette Ringuette qui a affirmé que Henk Tepper n'a pas été libéré en échange d'argent et qu'il ne fait plus face à des accusations. Alors qu'il était question de l'extrader en Algérie, les avocats de Tepper avaient demandé au juge libanais chargé du dossier de reporter sa décision en attendant une demande de révision déposée devant la justice française à Lyon.

Par ailleurs, l'avocat de la famille Tepper a accusé la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui a fermé son enquête sur l'affaire pour manque de preuve, d'avoir fourni aux autorités algériennes des informations qui auraient pu mener à l'arrestation de l'agriculteur. La GRC a tenté d'interroger M. Tepper en 2009, mais ce dernier a demandé de répondre en présence de son avocat, et les enquêteurs ne sont jamais revenus le voir. Or, six mois plus tôt, la GRC avait déjà compilé des renseignements sur l'entreprise et la situation financière de Henk Tepper, et les avait transmis à Interpol Alger. Selon son avocat, on peut conclure que les informations fournies par la GRC ont aidé les autorités algériennes à prendre la décision de lancer le mandat d'arrêt contre lui. Selon la GRC, il s'agit d'une pratique normale dans le cadre d'une enquête menée avec d'autres membres d'Interpol. A en croire les sources canadiennes, le dossier de l'importation de la pomme de terre avariée du Canada est clos alors que la justice algérienne s'est toujours montrée discrète à propos de ce dossier.


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