Algérie

Le Liban espère un miracle


Dans 36 jours exactement, le Liban va renouer avec les rendez-vous électoraux, des élections législatives ayant été convoquées par le président Michel Aoun. Malgré un contexte plutôt brouillé, il semble que le pari sera tenu, le 15 mai prochain, et, comme une bonne nouvelle n'arrive pas seule, les ambassadeurs d'Arabie saoudite et du Koweït sont de retour à Beyrouth, après des mois et des mois de brouille et de tensions, déclenchées par les propos d'un ministre de l'Information critiquant l'intervention au Yémen bien avant son entrée au gouvernement. En outre, le FMI a entretenu, dans une déclaration mi-figue, mi-raisin, l'hypothèse d'un accord in fine du prêt sollicité - un «fond de sauvetage» - pour éviter la banqueroute. Cette hypothèse a d'autant plus de chance d'être concrétisée que l'Arabie saoudite et même le Koweït sont des bailleurs de fonds nécessaires et suffisants pour apporter une caution supplémentaire. Bref, le pays du cèdre n'a plus de raison de retenir son souffle, du moins en apparence. La chose est importante car le contexte international est loin de lui être favorable, depuis que la crise en Ukraine a supplanté l'ensemble des enjeux régionaux et internationaux, tels qu'ils sont soupesés par les puissances occidentales.Si peu de temps auparavant, les élections libanaises suscitaient quelque intérêt, elles figurent, désormais, au second plan des préoccupations, si tant est qu'elles y figurent. L'expérience aidant, bon nombre de capitales sont persuadées que le scrutin n'aura que peu d'incidence sur l'échiquier politique libanais, dominé par l'alliance entre le Hezbollah de Hassan Nasrallah, le Courant patriotique libre du président Michel Aoun et le parti Amal du président du Parlement, Nabih Berri. Celle-ci a résisté à la tempête contestataire qui, pendant un an, a secoué au quotidien les rues de Beyrouth et de Tripoli, ainsi que d'autres villes libanaises, pour protester contre une situation économique désastreuse. Les manifestations, parfois réprimées, ont éclaté au lendemain d'une terrible explosion au port de Beyrouth qui a emporté plusieurs infrastructures avoisinantes et coûté la vie à de nombreuses victimes. L'enquête mise en place n'a jamais abouti, sinon à signer la fin du gouvernement Hassan Diab, forgé sur la base d'équilibres confessionnels et source de la colère des manifestants. Son successeur, Nagib Mikati, pour la troisième fois Premier ministre, a bien du pain sur la planche mais on peut penser qu'il parviendra à mener le navire à bon port, quitte à rendre le tablier au lendemain des législatives. Qu'adviendra-t-il, alors, des équilibres fragiles et de moins en moins acceptés par toute une jeunesse libanaise qui n'entend pas renoncer à son exigence d'un régime novateur, lasse d'une corruption qui a mis le pays à genoux' Les études indiquent, à ce jour, que le Hezbollah et Amal vont rafler 27 des 120 sièges, auquel cas ils compteront, avec leurs autres alliés, une soixantaine d'élus, voire un peu plus. C'est dire que la situation d'hier sera encore celle de demain, avec l'absence persistante d'une majorité fiable. Certes, le Hezbollah pourra se targuer d'avoir maintenu le cap, malgré une campagne occidentale des plus hostiles, mais le jeu des équilibres sera, de nouveau, à l'affût, avec des divisions toujours profondes et des «ententes» parfois contre nature. À moins d'un miracle, le Liban ne sera pas tiré d'affaire en mai prochain.
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