Algérie

Le lent retour de la filière oléicole algérienne


Le lent retour de la filière oléicole algérienne




L'oléiculture représente une filière stratégique pour l'agriculture et l'économie algérienne, a estimé Mahmoud Mendil, directeur général de l'Institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV), à l'issue du 1er Salon international de l'oléiculture organisé du 10 au 12 janvier à Alger par la Chambre nationale d'Agriculture (CNA). Elle permet de remplacer l'importation des matières grasses d'origine végétale et d'augmenter la capacité d'exportation.

Selon Mahmoud Mendil, directeur général de l'Institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV), l'oléiculture marchande est caractérisée par un «bicéphalisme positif». D'une part, «l'oléiculture traditionnelle» souvent située en zone de montagne dont la production est tournée vers le marché intérieur mais qui à terme pourrait se lancer sur le marché mondial. D'autre part, «l'oléiculture intensive» présente dans les zones steppiques et de hautes-plaines, caractérisée par des exploitations de 150 à 200 hectares, qui a commencé à se développer en 2007-2008 grâce à des investissements.

Le meilleur exemple est celui de la Sarl Huileries Ouzellaguen située dans les communues d'Akbou et de Ouzellaguen de la wilaya de Béjaïa créée en 2008 par le groupe Ifri détenu par la famille Hadj Brahim. «L'exploitation de type industriel emploie environ 400 salariés», explique M. Aït Idir, responsable de la Sarl Huileries Ouzellaguen. «Nous possédons 450 hectares, une usine de trituration et de conditionnement d'huile d'olive qui permettent de produire une moyenne de 150.000 à 200.000 litres par an», poursuit-il. Commercialisée sous le nom de «Numidia», l'huile de l'entreprise vient de recevoir le prix de la meilleure huile d'olive lors du concours organisé dans le cadre du salon. «Tous nos produits sont élaborés aux normes internationales et nous devrions concrétiser deux opérations d'export vers l'Europe et l'Asie d'ici quelques mois», confie le responsable de la Sarl.

DES OBJECTIFS AMBITIEUX QUI TARDENT A SE REALISER

Dans le domaine de l'oléiculture, l'Algérie revient de loin, rappelle Mahmoud Mendil. «Il ne faut pas oublier que même pendant la période coloniale, l'oléiculture était une filière totalement algérienne», souligne-t-il. A la fin des années 60, l'Algérie produisait de l'huile de qualité qu'elle exportait vers la France, la Belgique, l'Angleterre, l'Allemagne, etc. Mais ce savoir faire ancestral a été mis à mal à la fin des années 70 par la concurrence de l'huile de tournesol, soja et colza rapide à produire en quantité importante. «L'oléiculture a failli disparaître, constate Mahmoud Mendil, mais heureusement, l'olivier est un arbre résistant ! »

La filière a pu redémarrer à la fin des années 90. En dix ans, la superficie d'exploitation a été multipliée par 2,5, passant de 165.000 hectares en 1999 à 390.000 hectares en 2012, selon Mahmoud Mendil. Et d'après le plan de développement national de l'oléiculture mis en place par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, l'Algérie prévoit d'atteindre un million d'hectares à l'horizon 2014 pour une production annuelle de 100.000 tonnes d'huile d'olive. Mais ces objectifs peinent à se réaliser. Seuls 100.000 hectares ont été plantés depuis trois ans a révélé le ministre de l'Agriculture et du Développement durable, Rachid Benaïssa, lors de sa visite sur le Salon. Quant à la production nationale d'huile d'olives, elle s'élèverait à 45.000 tonnes pour la campagne oléicole 2012-2013, selon les estimations de l'Institut technique d'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAFV). Un résultat encourageant par rapport à celui de la campagne 2011-2012 dont la production avait chuté de 41 % par rapport à l'année précédente, selon les chiffres rapportés par l'APS.

L'objectif du développement de la filière oléicole est double a estimé Mahmoud Mendil. «Il s'agit d'une part de remplacer au maximum l'importation des matières grasses d'origine végétale afin de répondre à la demande nationale et d'autre part d'augmenter la capacité d'exportation afin d'utiliser ces revenus pour pallier aux importations d'autres produits comme le café, le sucre, etc.».

UNE FILIERE STRATEGIQUE LARGEMENT SUBVENTIONNEE

Considérée comme une des six filières stratégiques de l'agriculture algérienne avec la céréaliculture, le lait, la pomme de terre, la viande et la datte, l'oléiculture bénéficie d'une attention particulière de la part de l'Etat. Une grande partie des 200 milliards de dinars alloués à l'agriculture, d'après le chiffre annoncé en février 2008 par le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lui est ainsi consacrée.

«Il existe trois sortes de crédits pour les oléiculteurs et les oléifacteurs (ndrl propriétaires d'huileries): le crédit de campagne baptisé «lfig» pour l'entretien des arbres, le crédit d'investissement appelé «ettahada» pour les équipements et le crédit fédératif ou crédit d'exploitation permettant aux industriels dans l'agroalimentaire de payer immédiatement les agriculteurs auprès desquels ils s'approvisionnent», détaille Mahmoud Mendil.

«Des aides directes ont aussi été mises en place par l'Etat telles que les concessions agricoles possibles sur 40 ans et reconductibles, l'aide à la plantation, l'aide sur le prix des engrais à hauteur de 20 %, le soutien aux système d'irrigation économiseur d'eau, le soutien à l'acquisition des équipements qui peut aller jusqu'à quatre millions de dinars pour l'achat des moulins (huileries), etc.», poursuit le directeur général de l'ITAFV. Par ailleurs, les jeunes agriculteurs déjà installés ou désirant lancer leurs activités peuvent bénéficier d'un soutien financier d'un million de dinars par hectare. «Peu de pays accordent une aide d'une telle importance», a souligné Amine Bensemmane, président de la Fondation Filaha.

Malgré l'existence de ces mesures incitatives, plusieurs défis restent à relever pour voir se réaliser le plein essor de l'oléiculture. Le premier est «la valorisation de tous les terroirs fragiles» situés dans des zones montagneuses ou difficiles d'accès qui méritent des revenus plus importants, énumère Mahmoud Mendil. Le second est «l'occupation de manière rationnelle» de la steppe et des Hautes Plaines algériennes, or l'oléiculture valorise le mieux ces zones-là si tant est que la technique accompagne ce développement, poursuit le directeur général de l'ITAFV. «Tout cela doit se faire en maintenant un écosystème durable qui permette aux populations de vivre et de rester dans leur l'environnement», précise-t-il.

«C'est ça l'agriculture».


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