Algérie

Le lait et l'éternelle pénurie


Le lait et l'éternelle pénurie
Enjeu ? La crise du lait demeure sans doute l'exemple phare du problème de la sécurité alimentaire qui se pose à l'Algérie.Les différentes solutions proposées et mises en ?uvre n'ont pas pu venir à bout des perturbations récurrentes que connaît cette matière de première nécessité.Pour les professionnels de la filière, le problème n'est autre qu'économique. Une résultante de l'évaluation de la monnaie nationale par la Banque d'Algérie conjuguée aux prix de la poudre de lait qui se sont envolés sur les marchés mondiaux, selon ces derniers.Le Comité interprofessionnel du lait (CIL) a, pour sa part, une autre explication prenant dans son collimateur les prix administrés du sachet de lait qui n'a pas changé depuis treize ans, ainsi que l'achat de la poudre du lait auprès de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil) immuable depuis six ans. Interrogé sur ce dysfonctionnement et cette pénurie qui angoissent les ménagères et irritent les professionnels, notre expert Akli Moussouni dira : «Sans exception les produits de large consommation posent problème.Dans le cas du lait, c'est une filière sous-exploitée.» Elle présente, selon lui, trois maillons très faibles?qui ne lui permettront pas d'évoluer. Il s'agit en premier lieu de la sous-alimentation du cheptel.Ce problème «génère une faible rentabilité laitière (environ 10 à 12 litres par jour par vache), soit l'équivalent en matière première pour fabriquer trois boîtes de camembert, alors qu'une vache européenne produit pour 13 à 15 boîtes», explique M. Moussouni. La deuxième difficulté a trait à l'âge du cheptel dépassant 10 ans à 15 ans de vie «économique», alors qu'il ne dépasse pas les 5 ans au plus, en Europe.A cela vient s'ajouter la petitesse des exploitations qui sont généralement de l'ordre de 3 à 20 vaches globalement. Or, «il est utopique de rentabiliser des cheptels inférieurs à 100 vaches laitières», ajoute notre interlocuteur qui n'omet pas de rappeler les conditions d'élevage. Celles-ci sont «inappropriées». les contraintes de chaleur affectent sérieusement les performances de reproduction des troupeaux surtout dans les régions du Sud. Elles diminuent la production de lait et causent des problèmes métaboliques et de reproduction», explique-t-il.A signaler aussi, que «les infrastructures d'élevage, d'un autre âge, telles que conçues dans notre pays, ne permettent pas une disposition en stabulation libre des animaux, ni l'accès libre à l'alimentation ni une ventilation appropriée sans lesquelles il serait difficile de rentabiliser le cheptel», précise notre expert.Le volet alimentation est une question qui mérite d'être approfondie, selon lui. Car celui-ci couvre actuellement à peine 20 % de ce que devrait produire l'agriculture algérienne en alimentation animale. Les pouvoirs publics s'entêtent, cependant,«à soutenir à perte crue les petits cheptels, alors que les industriels des dérivés tentent d'accaparer une partie de cette petite couverture alimentaire en livrant les animaux aux éleveurs», déplore M. Moussouni qui conclut par une note plutôt pessimiste.«La filière ne finira pas de tourner en rond, tant qu'on n'optera pas pour de grands cheptels performants. Produire du «lait national» pour bébés est une autre histoire !», conclut-il.


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