Algérie

Le lait et l'argent du lait



Le lait et l'argent du lait
Le ministère du Commerce a livré, hier, les résultats de son enquête sur les causes réelles de la pénurie de lait en sachet qui perdure depuis des semaines dans plusieurs régions du pays. L'information majeure rapportée par les «enquêteurs» est que 43 unités de transformation privées détournaient une partie de leurs quotas de poudre de lait, qui est importée et subventionnée par l'Etat, pour la fabrication de produits à plus forte valeur ajoutée que le lait. Hormis le nombre des aigrefins, cette info n'apporte rien de nouveau. Elle ne fait que confirmer ce que tout le monde savait déjà, y compris les responsables. Aussi, nous attendions-nous, une fois l'infraction établie et les coupables identifiés, à une sanction qui soit à la mesure du forfait, il est tout de même question de détournement d'un produit subventionné, autrement dit de deniers publics ! Mais l'intransigeance ne semble pas être le premier souci du ministère du Commerce qui préfère faire montre de magnanimité et de tolérance. Les 43 unités de transformations ont tout bonnement été rappelées à l'ordre. Pis, un responsable ira même jusqu'à justifier l'attitude passive du ministère en affirmant que les quantités détournées sont infinitésimales, sans en donner la valeur. Mieux, il trouvera une excuse pour la pénurie et ceux qui en sont responsables, le ministère en premier lieu, en chargeant les consommateurs qu'on culpabilise à chaque fois qu'il y a une perturbation sur le marché. Cette fois, selon l'explication plus que tirée par les cheveux du ministère du Commerce, les coupables sont tous ces citoyens qui se sont détournés du lait en packs après l'augmentation de son prix pour se rabattre sur celui en sachet, moins cher car subventionné. Encore une fois on charge et on culpabilise tout le peuple alors que les vrais responsables, les vrais coupables, sont, eux, disculpés et excusés. Quant à la déstructuration et la désorganisation totale du réseau de distribution qui est flagrante et n'est plus à démontrer, le produit étant disponible dans une région, voire dans un quartier, et pas à côté, les enquêteurs du ministère du Commerce ne l'ont pas vue. Et si elle est reconnue c'est du bout des lèvres. Au final, l'enquête, qui était censée révéler les causes réelles de la pénurie et proposer des solutions, n'aura servi en fait à rien d'autre que décharger le ministère du Commerce de toute responsabilité, que, toute honte bue et sans le moindre scrupule, on endossera aux consommateurs. A quoi donc peut servir un ministère du Commerce s'il est dans l'incapacité d'organiser et réguler l'activité commerciale, anticiper les besoins du marché, sanctionner les fraudeurs, garantir une bonne qualité des produits proposés à la consommation...' La question mérite d'être posée quand on voit l'anarchie et le chaos caractérisant toutes les filières commerciales et le marché sous la botte de l'informel qu'on a tant et tant de fois tenté de contenir, en vain. L'imposition du chèque et de la facture a été la dernière tentative avortée, l'Etat ayant reculé parce que quelques jeunes, manipulés, sont sortis dans la rue. H. G.




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